Les Libanais suivent avec une appréhension mêlée d’une timide lueur d’espoir, la visite de l’envoyé américain, Amos Hochstein, qui doit incessamment transmettre à Israël la réponse du Liban à la proposition américaine d’un cessez-le-feu.
Beyrouth a annoncé que le Hezbollah avait accepté cette proposition, bien qu’il ait émis certaines réserves sur certains points, insistant notamment sur le fait que la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies devrait constituer la base de tout accord de cessez-le-feu.
Cependant, les détails du document remis la semaine dernière par l’ambassadrice des États-Unis au président de la Chambre, Nabih Berry, chargé par le Hezbollah de négocier l’accord, restent flous. Bien que les responsables libanais tentent de faire preuve d’optimisme, des points de contention majeurs rendent toujours peu probable un accord imminent sur le cessez-le-feu.
Parmi les obstacles, figure le projet de comité dirigé par l’Occident que les États-Unis souhaitent mettre en place pour superviser l’application stricte de la 1701.
Selon une source informée, le comité tripartite établi dans le cadre de cette résolution et composé de représentants de la Finul, et des deux armées libanaise et israélienne, pourrait être élargi pour garantir une observation renforcée de la mise en œuvre de la résolution. “C’est l’un des points qui sont toujours en discussion”, indique-t-on de même source. “Il s’agit d’étudier la possibilité d’accueillir, dans le cadre de la résolution 1701 et des prérogatives du comité tripartite, des observateurs supplémentaires, un Français et un Américain en l’occurrence, afin de fournir des garanties supplémentaires aux deux parties, et ce, sans en référer au Conseil de sécurité”.
D’après une source proche du Hezbollah, ce dernier n’exprime pas d’objection à l’inclusion de représentants américains et français au comité tripartite, mais refuse que des Allemands et des Britanniques y soient associés. “Le Hezbollah a accepté la résolution 1701 et est prêt à s’y conformer pleinement et immédiatement, y compris par le retrait de ses combattants au nord du fleuve Litani”, situé à environ 30 km de la frontière avec Israël. “Il y a une forte possibilité d’atteindre un cessez-le-feu et de mettre fin à l’agression (israélienne), mais tout dépendra de la position de Tel Aviv et des développements sur le terrain. Si Israël estime qu’il n’est plus en mesure de progresser et de réaliser des victoires militaires, il acceptera la fin de la guerre”, selon cette source.
“Le Hezbollah est encore capable de résister et de défier Israël en lançant des missiles en profondeur sur le territoire israélien, y compris Tel Aviv, et il ne cédera pas aux conditions israéliennes”, a-t-on ajouté, laissant ainsi entendre que les négociations sur un cessez-le-feu n’ont pas encore abouti à des résultats tangibles.
Deux problèmes majeurs continuent, par ailleurs, de peser sur les négociations en cours: d'une part, la demande israélienne de se réserver le droit d’intervenir au Liban en cas de violation de l’accord de cessez-le-feu; d'autre part, l’exigence d’un contrôle international de la frontière terrestre avec la Syrie ainsi que des infrastructures stratégiques telles que l’aéroport et le port, afin de prévenir tout transfert d’armes vers le Hezbollah.
Le général à la retraite, Naji Malaeb, insiste sur le fait qu’“il est hors de question qu’un accord de cessez-le-feu puisse empiéter sur la souveraineté nationale”. Le général Malaeb explique que “le bras-de-fer (entre le Hezbollah et Israël) s’inscrit dans le processus de négociation, où chacune des deux parties essaie de relever la barre de ses revendications pour renforcer sa position et engranger le plus de gains possibles”.
Un éventuel accord de cessez-le-feu prévoirait le déploiement de milliers de soldats libanais supplémentaires dans le sud du pays, ainsi qu’une échéance pour le retrait des forces israéliennes du Liban-Sud.
Entre-temps, Israël a intensifié ses attaques contre le Liban, au moment où le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, annonçait que les négociations seraient menées “sous le feu”. Il a même promis de continuer à “opérer systématiquement” contre le Hezbollah, même si un accord de cessez-le-feu est conclu.
Fort de gains tactiques, notamment sa capacité à mener des incursions dans le secteur frontalier et à frapper des cibles à travers le Liban à tout moment, le Premier ministre israélien n’accepterait pas un accord qui n’empêcherait pas le Hezbollah de se reconstituer et de rétablir ses capacités militaires. Selon lui, ne pas atteindre cet objectif compromettrait la sécurité des colons du nord d’Israël dans les années à venir.
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