Les réassureurs se montrent réticents à renouveler les contrats de réassurance des compagnies d’assurance libanaises, une attitude prévisible à leur égard puisqu’opérant dans un pays en proie à une guerre initiée par le Hezbollah contre Israël.
D’ici la fin de l’année, la plupart des traités annuels de réassurance des quarante compagnies d’assurance opérant dans le pays arriveront à terme. Les négociations s’avèrent ardues, les réassureurs font la moue face au risque libanais.
En réalité, les assureurs ne peuvent exister sans les réassureurs, soulignant ainsi l’interdépendance fondamentale entre ces deux secteurs. La réassurance joue un rôle crucial en permettant aux compagnies d’assurance de mutualiser les risques, d’élargir leur capacité à couvrir de nouveaux assurés et de sécuriser leurs finances face à des pertes importantes.
Pas aussi dramatique
"C’est un défi pour chaque assureur libanais de conclure le traité annuel de réassurance. Toutefois, la situation n’est pas aussi dramatique qu’elle en a l’air", déclare un important assureur, sous couvert d’anonymat, dans un entretien accordé à Ici Beyrouth. Il est évident que les réassureurs préfèrent opérer dans des pays en paix plutôt que dans un pays en guerre, d’autant plus que le marché libanais de la réassurance est relativement petit, estimé à environ un milliard de dollars, bien inférieur à celui des Émirats arabes unis, qui représente entre quatorze et quinze milliards de dollars.
Par ailleurs, une autre source du secteur a exprimé son inquiétude à Ici Beyrouth concernant la possibilité que les assureurs libanais se tournent vers des réassureurs de moindre envergure basés en Afrique, alors que jusqu’à présent, les compagnies libanaises ont travaillé avec les cinq plus grands réassureurs mondiaux: Munich Re, Swiss Re, Hannover Re, Scor Re et Gen Re.
Assurance et réassurance
Selon elle, la problématique aujourd’hui se pose pour les compagnies d’assurance libanaises plutôt en termes de réassurance facultative, connue dans le jargon de l’industrie de l’assurance par Fac. Elle explique que la Fac est totalement différente des traités d’assurance standard. Si ces derniers devraient connaître une augmentation des primes et un renforcement des conditions d’exécution des traités, les contrats de Fac sont plus compliqués à conclure et les réassureurs dans ce cadre se montrent particulièrement conservateurs.
La Fac s’applique généralement à des risques atypiques ou de grande valeur qui ne peuvent pas être couverts par des traités d’assurance standard. Dans ce cadre, le réassureur se montre sélectif, il examine chaque risque individuellement et décide par la suite d’accepter ou de refuser. Contrairement aux traités de réassurance standard (automatiques), où un ensemble de risques est cédé, la réassurance facultative (Fac) est traitée pour chaque police. À titre d’exemple, un assureur souhaite couvrir une usine métallurgique, mais l’exposition au risque dépasse sa capacité. Il propose alors ce risque à des réassureurs sous forme de réassurance facultative.
Le secteur public et le secteur privé
Dans le cadre de la saison de renouvellement des contrats de réassurance standard, une délégation de compagnies d’assurance libanaises a rencontré, la semaine dernière, le gouverneur par intérim de la Banque du Liban, Wissam Mansouri, ainsi que le ministre de l’Économie, Amine Salam. Cette initiative avait pour objectif d'apporter un soutien concret aux assureurs dans leurs négociations avec les réassureurs internationaux.
M. Salam a promis d'envoyer des lettres aux réassureurs et aux ambassades de leurs pays pour faciliter les démarches des parties libanaises. Toutefois, une question légitime se pose: dans quelle mesure le secteur public peut-il réellement influencer les relations du secteur privé avec les réassureurs?
Par ailleurs, des sources proches des assureurs rapportent le retrait de deux grands réassureurs du marché libanais à ce jour.
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