Si l’entrée en vigueur de l’accord sur un cessez-le-feu le 27 novembre dernier a permis de freiner les hostilités, il n’en demeure pas moins qu’un certain flou persiste sur plusieurs aspects, suscitant des interrogations sur l’efficacité de l’accord et ses implications à long terme pour la stabilité du Liban et de la région.
Il est donc essentiel de rappeler que ce cessez-le-feu n’est pas une garantie de paix durable, comme le signalent plusieurs observateurs. Il marque, au contraire, une étape qui pourrait être précaire si les conditions de l'accord ne sont pas respectées. Cela implique également la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies faute de quoi le Liban pourrait se retrouver dans un cercle vicieux de conflits prolongés.
Les tensions sur le terrain
Actuellement, les événements récents montrent que la situation reste tendue. L'armée israélienne a bombardé un dépôt de munitions du Hezbollah, une action violant potentiellement l’accord mais qui est perçue par l’État hébreu comme une réponse légitime à une menace persistante. Des tirs contre des véhicules ont exacerbé la violence dans le pays.
Ainsi, et au deuxième jour de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le sud du pays continue d’être sous l’emprise des frappes israéliennes.
Alors que le stade de Kfar Kila a été bombardé, des tirs de mitrailleuse ont été observés au niveau de Aïtaroun et des citoyens ont été pris pour cible à Khiam où ils se trouvaient pour une cérémonie funèbre. Dans cette même localité, l’armée israélienne mène, de temps à autre, des opérations de ratissage à la mitrailleuse.
Du côté de Tyr et de Bint Jbeil, une atmosphère de prudence règne, surtout que les habitants des villages adjacents à la frontière entre le Liban et Israël ont été appelés à ne pas rentrer chez eux. Vendredi matin, une nouvelle alerte du porte-parole arabophone de l’armée israélienne est venue s’ajouter à celles précédentes. Avichay Adraee a ainsi mis en garde les habitants de 63 villages contre un éventuel retour dans leurs maisons. Des avertissements que concrétisent des tirs et des bombardements israéliens pour marquer l’ampleur du danger que pourrait représenter tout retour. Un couvre-feu a également été imposé à tous les résidents du sud du Litani, en vertu duquel toute circulation est prohibée entre 5h de l’après-midi et 7h du matin.
Jeudi, l’armée israélienne a annoncé avoir visé deux membres du Hezbollah qui opéraient sur un site de la formation au Liban-Sud, invoquant une violation de l’accord conclu. Le lieu en question avait été utilisé au cours des dernières semaines par les combattants du Hezb pour mener des attaques contre l’État hébreu. C’est du moins ce qu’a rapporté l’armée israélienne, qui a indiqué dans un communiqué “être déployée dans le sud du Liban, poursuivant ses opérations pour protéger Israël et ses citoyens”.
Rapport israélien
L’armée israélienne a publié un rapport (repris par Times of Israel) des opérations menées contre le Hezbollah au cours des 14 derniers mois. Les chiffres montrent que plus de 12.500 cibles du Hezbollah ont été bombardées, dont 1.600 centres de commandement et 1.000 dépôts d’armes.
Au cours de l’offensive terrestre, 14 brigades de l’armée israélienne ont été mobilisées et plus de 100 opérations spéciales ont été entreprises.
L’armée israélienne confirme dans ce rapport la mort de 2.500 membres du Hezbollah, quand bien même le nombre réel est estimé à 3.500. “Parmi les personnes qui ont péri figurent l’ancien secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et 13 dirigeants du groupe terroriste”, peut-on lire dans le texte. À ces décès s’ajoutent ceux de quatre commandants de division du Hezbollah, 24 commandants de brigade, 27 commandants de bataillon, 63 commandants de compagnie et 22 commandants de peloton.
L'armée israélienne affirme, en outre, avoir saisi quelque 12.000 engins explosifs et drones, 13.000 roquettes, lanceurs et systèmes de missiles antichars et antiaériens et 121.000 outils de communication et ordinateurs.
L'armée libanaise face à une mission délicate
Aujourd’hui, la responsabilité incombe principalement à l’armée libanaise qui doit veiller à la mise en œuvre et au respect des clauses de l’accord, notamment en ce qui concerne le contrôle du territoire et la prévention de toute escalade. Cela s’avère d’autant plus difficile si le Hezbollah serait amené à empêcher l'armée d’accomplir son devoir ou à contourner les engagements pris.
Comme pour insister sur ce point, le président du Parlement, Nabih Berry, s’est penché sur la question dans un entretien accordé au quotidien An-Nahar. Il a souligné que l’accord conclu était contraignant pour tous les acteurs et que l’armée libanaise, en tant que seule force légitime, devait pleinement jouer son rôle pour garantir l’application de l'accord et éviter tout dérapage.
L’armée libanaise a publié un communiqué jeudi précisant qu’Israël avait violé l'accord de cessez-le-feu à plusieurs reprises “en procédant à des violations aériennes et en ciblant des territoires libanais avec diverses armes. Le commandement de l'armée suit ces violations en coordination avec les autorités compétentes”, précise le texte du communiqué.
La dimension internationale de l'accord
L'internationalisation de l'accord a également joué un rôle majeur dans ce cessez-le-feu. L’implication de la communauté internationale pourrait contraindre le Hezbollah à revoir ses calculs, particulièrement en ce qui concerne ses ambitions régionales et son positionnement par rapport à Israël. Les déclarations de responsables israéliens, telles que celles du Premier ministre, Benjamin Netanyahou, témoignent d’une tension toujours présente. Netanyahou a été clair dans ce sens: “Israël répondra par le feu si le Hezbollah attaque.” Cette menace renforce la pression exercée sur le Hezbollah, le contraignant à reconsidérer sa stratégie.
De plus, l'armée israélienne a annoncé que “les ordres de ne pas retourner dans les zones ouvertes du nord en Galilée occidentale et en Haute Galilée sont toujours en vigueur”.
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