La raison d’être d’un parti politique est de servir l’homme. Or Hezbollah signifie justement parti d’Allah. Il ne peut servir que le divin dont il émane et dont il détient sa légitimité. Il ne peut comprendre le concept de citoyen car il ne s’adresse qu’au croyant. Il ne peut intégrer la notion de frontières ou de nations car il est transfrontalier et universel dans sa pensée eschatologique. Espérer sa "libanisation" est un non-sens et une pure dichotomie. Demander sa conversion en parti politique c’est faire preuve de malhonnêteté intellectuelle ou d’un impardonnable manque de lucidité.
Après que le nazisme a détruit l’Allemagne et l’Europe, répandant la mort sur tout le bassin méditerranéen et le reste du monde, la guerre s’est achevée le 8 mai 1945 avec la capitulation de l’Allemagne nazie et le 2 septembre 1945 avec celle du Japon.
À la victoire des Alliés, il n’a jamais été question d’intégrer les forces de l’Axe (Allemagne nazie, Italie fasciste et empire japonais) au projet de pacification et de reconstruction. Il n’a jamais été question de désarmer les nazis pour exiger leur reconversion en parti politique. La lecture et l’évaluation de la situation par les Alliés s’est avérée à la hauteur du défi. Ils ont fait preuve de clarté politique et d’honnêteté intellectuelle pour mettre en place un projet responsable.
La dénazification
Après les malheurs endurés par l’humanité, il n’y avait aucune place pour les demi-mesures et le rafistolage politique. C’est une véritable campagne de dénazification (Entnazifizierung) qui a été entamée d’est en ouest. Il ne s’agissait donc pas de recycler les anciens nazis, mais de les condamner et d’éradiquer cette idéologie mortelle avec toutes ses ramifications, ses symboles et ses possibles mutations.
En août 1945, la dénazification a été mise en place avec l’accord de Potsdam qui reprenait cette idée énoncée dès janvier 1942 à Londres. L’accord a préconisé l’épuration de toute trace du nazisme non seulement au niveau militaire, mais aussi politique, judiciaire, social, culturel, médiatique et économique. En novembre 1945, commençait également le procès de Nuremberg, qui allait se prolonger jusqu’en octobre 1946, ici-même, là où le nazisme avait tenu entre 1933 et 1938, ses grands rassemblements annuels glorifiant le Führer et son idéologie. Le tribunal militaire international de Nuremberg a constitué la première forme d’une juridiction pénale internationale.
Le tandem de l’Axe
Pour le politologue Alfred Grosser, il s’agissait d’annihiler le phénomène national-socialiste, et donc d’en éliminer jusqu’aux ferments. Chacun des alliés avait sa propre approche concernant le processus de dénazification. Pour les Britanniques, écrit Grosser, il s'agissait d'une sorte de maladie. Il fallait, pour cela, éliminer les porteurs de germes afin que le corps puisse recouvrer sa santé.
C’est le duopole fascisme-nazisme qui a été annihilé. C’est le tandem Benito Mussolini-Adolf Hitler qui a été ciblé et condamné. Jamais le Duce n’a été considéré comme un otage des Allemands, une victime désormais libérée qui pourrait participer à la réconciliation européenne. Comment expliquer qu’après les dizaines d’assassinats commis au Liban, après la destruction de son secteur bancaire et l’explosion du port de Beyrouth, le tandem Amal-Hezbollah soit perçu comme un éventuel interlocuteur pour la pacification et la reconstruction du Liban? Comment expliquer toutes ces voix dites souverainistes qui appellent un Nabih Berry – prétendument libéré – à jouer le rôle du guide dans le processus de réconciliation? Comment comprendre ces mêmes voix qui réclament la conversion du Hezbollah en parti politique?
Le totalitarisme
Cette entité totalitaire, criminelle, endoctrinée, théocratique et islamiste n’a jamais caché ses véritables intentions de supprimer le Liban et de remplacer sa population. Le Hezbollah a participé à la plus grande arnaque du siècle en dévalisant les Libanais et en les appauvrissant. Il a intentionnellement stocké 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium au cœur de la capitale, provoquant, en août 2020, la plus grande explosion non nucléaire de l’histoire. Il s’est rué avec son allié d’Amal sur les quartiers est de la ville, dès le lendemain de l’explosion, pour procéder à l’achat des propriétés de toutes sortes. Il a commis des assassinats par dizaines, des enlèvements et des arrestations, traduit des intellectuels en cour martiale et soumis des évêques à des interrogatoires, leur confisquant les aides humanitaires qu’ils transportaient, comme ce fut le cas pour l’archevêque maronite de Haïfa et de la Terre Sainte, Monseigneur Moussa Hage, en juillet 2022.
Le Hezbollah, couvert par son allié Amal, s’est édifié sur un programme d’épuration ethnique et une idéologie sectaire, discriminatoire et raciste basée sur la haine, le meurtre et l’inégalité des citoyens devant la loi, le droit et les devoirs.
Un recyclage en politique
Des souverainistes appellent à la transformation du Hezbollah en parti politique. Il est pourtant primordial de souligner qu’un parti politique a pour but de servir l’homme et le citoyen. Or Hezbollah signifie justement parti d’Allah. Il ne peut servir l’homme car il ne s’adresse qu’à un dieu. Il ne connaît pas la démocratie car son pouvoir et sa légitimité n’émanent que du divin. Il ne peut comprendre le concept de citoyen car il ne s’adresse qu’au croyant. Il ne peut intégrer la notion de frontières, de nations, d’États et de citoyenneté car il est transfrontalier et universel dans sa pensée eschatologique. Espérer sa "libanisation" est un non-sens et une pure dichotomie. Demander sa conversion en parti politique c’est faire preuve soit de malhonnêteté intellectuelle, soit d’un impardonnable manque de discernement et de connaissance en matière d’anthropologie sociale et de sciences politiques. Cette immaturité révèle l’éventuelle nécessité de placer le Liban sous mandat ou sous tutelle comme ce fut le cas pour l’Allemagne et le Japon après leur défaite.
Ce n’est plus un secret pour personne que le tandem poursuit son projet militaire au sein de l’axe obstructionniste (Al-Moumanaa) dit aussi "de la résistance" et tout aussi idéologique que l’axe de la Deuxième Guerre mondiale. Sa guerre en cours a causé à ce jour, des milliers de morts, de blessés, de déplacés et15 milliards de dollars de pertes selon la Banque mondiale. Il persiste dans son trafic de stupéfiants, notamment le Captagon, reliant les cartels d’Amérique latine à l’Afrique de l’Ouest et jusqu’au Moyen-Orient en excellant dans le blanchiment d’argent.
Malgré la destruction presque intégrale de son arsenal militaire, il contrôle toujours l’État libanais, les institutions, les droits de douane, la justice, les ministères et le législatif. Le voici qui les remet au service de son programme de bouleversements géo-démographique en annonçant sa volonté d’émettre un projet de loi pour l’appropriation, par les déplacés, des terres sous juridiction municipale (machéét) du Mont-Liban.
La Taqîya
Champion des mutations, le Hezbollah s’y connaît en Taqîya (la dissimulation) et sait se rassembler, se reconstituer et se reconstruire sous des aspects pacifiques et des apparences fréquentables. C’est ainsi qu’il a poursuivi son armement malgré les accords de Taëf en 1989 et encore à la suite de l’opération "Raisins de la colère" en 1996. C’est également ainsi, qu’après avoir exigé du gouvernement libanais d’œuvrer pour l’obtention de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies en 2006, il a fait preuve d’animosité envers tous ceux qui ont réclamé son application. Ce parasite, avec l’aide de son allié Amal, phagocyte l’État et les institutions aussi bien publiques que privées pour en prendre sournoisement possession et se retourner contre la population dès que les conditions régionales le permettront à nouveau.
Notre devoir envers les générations à venir nous oblige à nous défaire de nos vieux réflexes de peur. Notre ravisseur est aujourd’hui à terre mais il semblerait que les otages que nous sommes soient toujours terrorisés et n’osent pas se redresser. Le syndrome de Stockholm est paralysant, aveuglant et ébranle, par-dessus tout, les facultés de discernement. Mais la responsabilité est d’autant plus grande qu’il s’agit ici d’un combat existentiel pour le Liban et pour nous tous.
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