Le régime syrien de Bachar al-Assad faisait face à des difficultés aux quatre coins du pays vendredi, tandis que ses forces sont sont pression au nord à Homs et au sud autour de Daraa, forçant celui-ci à se replier de la région de Deir ez-Zor, aussitôt reprise par les forces kurdes, appuyées par Washington.
Les hostilités ont fait plus de 800 morts, selon l'OSDH, et 280.000 déplacés, selon l'ONU.
Soulèvement au sud
Dans la province de Daraa, au sud de la Syrie, l'Observatoire a déclaré que des combattants locaux avaient pris le contrôle d'au moins deux postes de contrôle après le retrait des forces gouvernementales, et qu'ils s'étaient également emparés d'un poste de police et d'une antenne de renseignement de l'armée de l'air dans d'autres endroits.
À l’issue d’une réunion, les groupes armés locaux ont annoncé une “opération conjointe”, avec pour objectif d’atteindre Damas, dans un communiqué publié en fin d’après-midi.
Selon une source de sécurité à Damas, les rebelles ont pris le contrôle de trois postes de l'armée et de la police à Soueida et la plus large partie de Daraa n'est plus aux mains du régime.
À Nawa, au nord de Daraa, l'Observatoire a déclaré que “les combattants locaux ont réussi à contrôler plusieurs positions”, y compris certains bâtiments administratifs, “après une vaste attaque visant le département du renseignement militaire”.
“En représailles, les forces du régime ont bombardé des zones résidentielles de Nawa avec de l'artillerie”, a déclaré l'Observatoire, ajoutant que le bombardement s'est étendu à d'autres villes.
Des militants de la province de Daraa ont également fait état de rassemblements antigouvernementaux dans certaines zones vendredi.
Ils ont partagé sur les médias sociaux des images de personnes scandant des slogans anti-Assad dans la ville de Bosra al-Sham, et brandissant le drapeau rebelle à la mosquée historique Omari dans le quartier de Daraa al-Balad.
Selon l’OSDH, les rebelles ont attaqué plusieurs positions gouvernementales à Soueida, prenant notamment le contrôle de la prison centrale et du siège du parti Baas. Ils contrôlent également plusieurs postes de contrôle et positions militaires à l’intérieur de la ville. Toujours selon l’OSDH, des responsables et chefs de sécurité ont évacué des administrations à Soueida.
Dans l’après-midi, les rebelles ont déclaré contrôler le poste-frontière de Nassib, à la frontière jordanienne. En réaction, Amman a annoncé fermer sa frontière avec la Syrie.
De son côté, l’armée israélienne a annoncé renforcer ses forces déployées sur le plateau du Golan, que l’Etat hébreu a annexé à la Syrie en 1967, a annoncé son porte-paroles arabophone, Avichai Adraee.
Les rebelles aux portes de Homs
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué que les troupes gouvernementales syriennes s'étaient retirées de la ville-clé de Homs vendredi, ce que le ministère syrien de la Défense a démenti.
"Les soldats syriens se sont retirés de la ville de Homs vers sa périphérie", a déclaré Rami Abdel Rahmane, directeur de l'ONG. Le ministère de la Défense a aussitôt démenti, affirmant que "les informations (...) concernant le retrait de l'armée de Homs" étaient "fausses".
Après avoir pris Alep et la ville stratégique de Hama en Syrie, les rebelles menés par des islamistes poursuivent leur avancée vendredi et sont désormais aux portes de Homs, dernière grande ville encore aux mains du pouvoir sur la route de la capitale Damas.
L'objectif des rebelles emmenés par les islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) est de "renverser" le régime de Bachar al-Assad, a déclaré le chef de HTS, Abou Mohammed al-Jolani, dans une interview à CNN vendredi.
De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan, proche du principal mouvement islamiste radical de la rébellion, a "souhaité" vendredi que l'avancée des rebelles en Syrie se "poursuive sans incident".
En moins d'une semaine, l'offensive fulgurante des rebelles a infligé un sérieux revers au gouvernement du président Bachar al-Assad qui tente de freiner leur progression rapide, l'OSDH faisant état vendredi de frappes aériennes sur un pont autoroutier stratégique entre Hama et Homs.
Si les rebelles s'emparent de cette dernière, seules la capitale Damas et la côte méditerranéenne seront encore aux mains du gouvernement du président Bachar al-Assad. Près de la zone côtière, des éléments liés à HTS ont attaqué des positions de l'armée syrienne en direction de Lattaquié, tandis que des frappes aériennes russes tentaient de contrer leur avancée, selon le site d’information Liveuamap.
Au cours des dernières heures, les rebelles "sont entrés dans les villes de Rastan et Talbisseh", situées dans la province de Homs, en l'absence totale des forces du régime, a indiqué l'OSDH, ajoutant que les rebelles se trouvaient désormais à cinq kilomètres de Homs, troisième ville de Syrie.
Selon l’ONG, le contrôle de Homs permettrait aux rebelles de "couper la route principale menant à la côte syrienne", bastion de la minorité alaouite du président Assad.
Jeudi soir, des dizaines de milliers d'habitants de Homs, majoritairement issus de la communauté alaouite, ont été vus fuyant vers la côte ouest, après la prise par les rebelles de Hama qui commande la route vers Homs, à une quarantaine de kilomètres au sud, et la capitale Damas, selon l'OSDH.
Le régime abandonne Deir ez-Zor
En parallèle, les troupes gouvernementales se sont retirées vendredi des secteurs de la province orientale de Deir Ezzor qu'elles contrôlaient, alors que les forces dirigées par les Kurdes avançaient vers ces dernières, a affirmé l'OSDH.
"Les forces syriennes et leurs alliés soutenus par l'Iran se sont complètement retirés des zones qu'ils contrôlent dans la province de Deir Ezzor, et les forces kurdes avancent vers ces zones", a déclaré M. Abdel Rahmane. La province de Deir Ezzor est divisée entre les forces kurdes à l'est de l'Euphrate et les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés à l'ouest.
Le chef des forces dirigées par les Kurdes en Syrie, a déclaré vendredi qu'il était ouvert au dialogue avec les rebelles islamistes qui mènent une offensive fulgurante dans le pays, mais aussi avec la Turquie proche de la rébellion.
"Pas de vengeance"
C'est grâce à l'appui crucial de la Russie mais aussi de l'Iran et du Hezbollah, que le pouvoir syrien avait inversé le cours de la guerre en 2016 en reprenant une grande partie du territoire.
Aujourd'hui affaibli par deux mois de guerre ouverte avec Israël, le Hezbollah a redit se tenir au côté de M. Assad.
A Alep, la grande ville du Nord, des habitants revenus avec les troupes rebelles ont célébré leurs retrouvailles avec leurs proches.
Le chef de HTS a affirmé qu'il n'y aurait "pas de vengeance" à Hama, dans un message vidéo, après avoir annoncé que ses combattants étaient entrés dans la ville "pour refermer la blessure ouverte il y a 40 ans".
Hama a été en 1982 le théâtre d'un massacre sous la présidence de Hafez al-Assad, père du dirigeant actuel, lors de la répression d'une insurrection des Frères musulmans.
Layal Abou Rahal
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