Loi César: retombées sur la Syrie et effets potentiels sur le Liban
©SAMEER AL-DOUMYAFP / AFPAFP

La loi César, adoptée par les États-Unis en 2019 pour sanctionner le régime de Bachar el-Assad et ses alliés, a accentué l’isolement économique de la Syrie. Aujourd'hui, on évoque la possibilité de lever ces sanctions, ce qui pourrait contribuer à une relative stabilisation économique dans la région, au bénéfice certain du Liban.

Ces derniers jours, des images et vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont révélé les horreurs commises dans les prisons syriennes, notamment dans celle de Saydnaya, tristement surnommée “l'abattoir humain”. Parmi les survivants libérés, certains souffraient d’amnésie totale, incapables de reconnaître leur environnement, tandis que d’autres vivaient encore dans l’illusion que Hafez el-Assad était au pouvoir. Ces atrocités, perpétrées sous Bachar el-Assad, ont poussé les pays occidentaux à imposer des sanctions contre le président syrien, son régime et ses alliés.

Pour rappel, ces mesures ont été prises après la publication de plus de 55.000 clichés terrifiants, exfiltrés par un ancien photographe de l’armée syrienne connu sous le pseudonyme “César”. Ces images, documentant les décès de détenus, ont été diffusées après la fuite de ce dernier de Syrie en 2013. Fort de ces preuves accablantes, le Congrès américain a promulgué des sanctions regroupées sous le nom de “loi César”, devenues un instrument majeur de pression contre le régime syrien.

Qu'est-ce que la loi César?

La loi César, adoptée en décembre 2019, impose des sanctions économiques et commerciales strictes visant le régime de Bachar el-Assad et ses soutiens, ainsi que toute personne ou entité impliquée dans des violations des droits de l’Homme en Syrie. Cette loi prévoit des sanctions contre toute entreprise ou individu collaborant avec le gouvernement syrien, dans le cadre d’un soutien financier, technique ou logistique. Elle vise également les acteurs liés aux dirigeants syriens ou impliqués dans des opérations militaires ou sécuritaires contre les civils.

Son impact sur l’économie syrienne est considérable. En restreignant l’accès à des secteurs cruciaux comme l’énergie et la finance, la loi César complique la gestion économique du pays et entrave l’importation de produits essentiels, tels que le carburant et les biens de consommation. Ce dispositif de sanctions réduit également la possibilité pour le régime de nouer des partenariats avec des entreprises internationales, accentuant l’isolement économique de la Syrie. Les conséquences se font durement sentir sur la population: la livre syrienne a perdu une grande partie de sa valeur, le pouvoir d’achat s’est effondré et l’inflation a atteint des niveaux alarmants.

Les États-Unis lèveront-ils les sanctions contre la Syrie post-Assad?

Selon l’analyste politique Ibrahim Rayhan, les sanctions frappant la Syrie se divisent en deux catégories distinctes.

Les premières, dirigées contre Bachar el-Assad, sa famille et ses proches collaborateurs, sont peu susceptibles d’être levées, surtout à la lumière des révélations sur les atrocités commises dans les prisons syriennes.

Les secondes concernent le régime syrien dans son ensemble. Leur levée dépendra de l’évolution du comportement du futur pouvoir syrien, notamment en matière de protection des droits des minorités, de lutte contre la corruption et de la prolifération des armes, ou encore de respect des libertés démocratiques. M. Rayhan estime que ce processus pourrait s’étendre sur plusieurs mois, voire une année, afin de permettre à la communauté internationale d’évaluer la situation. Une telle stabilisation économique et financière en Syrie aurait toutefois des retombées positives notables sur l’économie libanaise.

Quels seraient les effets de la levée de la loi César sur l’économie du Liban?

Si la loi César venait à être levée, l’économie libanaise pourrait en tirer plusieurs avantages. En effet, la levée des sanctions favoriserait le commerce entre le Liban et la Syrie, dynamisant ainsi les échanges de marchandises et soutenant les entreprises libanaises liées au marché syrien.

En outre, un allègement des restrictions économiques en Syrie permettrait l’afflux d’investissements étrangers, dont les retombées indirectes profiteraient au Liban grâce à des relations commerciales étroites.

Cette dynamique inclurait également la reprise des flux logistiques via les ports syriens, offrant au Liban des itinéraires de transport plus rapides et sécurisés, essentiels pour relancer une économie en crise. Par ailleurs, une amélioration de la situation économique syrienne pourrait stimuler le tourisme libanais en attirant davantage de visiteurs syriens.

Enfin, en réduisant l’impact des sanctions sur les échanges régionaux, cette mesure contribuerait à alléger la pression sur la crise financière libanaise et à encourager la reprise des activités économiques.

Grosso modo, la levée de la loi César pourrait initier une stabilité économique régionale, offrant au Liban des moyens pour redresser sa situation économique fragile.

 

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