Le musée Sursock célèbre sa réouverture ce vendredi 20 décembre, après deux mois de fermeture en raison de la guerre. Au programme: mapping vidéo, visites, concert et marché de Noël. L'événement coïncide avec la présentation par Lamia Abillama de Portraits d'une République, saisissante fresque photographique du pouvoir libanais.
Après deux mois de fermeture durant la récente guerre au Liban, le musée Sursock annonce sa réouverture au public ce vendredi 20 décembre. Une journée festive et riche en événements attend les visiteurs pour célébrer le retour tant attendu de cette institution culturelle incontournable.
“Ayant été très fragilisés par l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, qui avait largement touché le bâtiment et endommagé 45 toiles de la collection, nous avons craint que cette expérience ne se répète”, avait expliqué Karina el-Helou, la directrice, pour justifier cette suspension temporaire des activités. Une sage décision pour protéger le personnel, le public et les œuvres dans ce contexte de conflit. Mais même portes closes, le travail acharné s'est poursuivi en coulisses pour préparer ce grand jour.
De 16h à 22h, le musée convie le public à se réapproprier ses espaces et ses trésors artistiques. Temps fort de cette réouverture: une spectaculaire projection en mapping 3D sur la façade. Grâce à la magie du numérique, les œuvres emblématiques de la collection permanente prendront vie sous les yeux des spectateurs. Des peintures animées de grands noms de l'art libanais comme Willy Aractingi, Etel Adnan, Assadour, Chafic Abboud ou encore Samia Osseirane, mises en lumière par l'artiste sonore Moe Choucair.
Parallèlement, des visites guidées permettront de redécouvrir les expositions réaccrochées: “Beyond Ruptures”, “Je suis inculte” et “Beirut Recollection”. L'occasion de se replonger dans l'art libanais avec un regard neuf.
Sur l'esplanade, la talentueuse artiste multi-instrumentiste Yara Asmar livrera un concert intimiste et envoûtant. Sa musique expérimentale, où s'entremêlent subtilement xylophone, accordéon et clavier, entrera en résonance avec les visuels projetés, pour une expérience immersive unique.
La boutique du musée réserve, elle aussi, de belles surprises avec son marché de Noël éphémère. Amateurs d'art et de créations originales y dénicheront leur bonheur parmi une sélection pointue de pièces exclusives d'artistes et designers libanais. Le tout accompagné de douceurs de saison et de vins du terroir offerts par des sponsors locaux.
Après cette parenthèse forcée, le musée Sursock est plus que jamais déterminé à faire rayonner l'art et la culture envers et contre tout.
Lamia Abillama raconte le pouvoir au Liban à travers ses Portraits d'une République
Ce vendredi 20 décembre s'annonce riche en événements au musée Sursock. Outre la réouverture, la photographe Lamia Abillama y présentera Portraits d'une République, un livre saisissant retraçant à travers 75 portraits les parcours des figures politiques libanaises les plus influentes entre 2008 et 2024.
Un projet titanesque né durant la guerre de 2006, expérience fondatrice qui déclenche chez l'artiste une profonde réflexion sur la mémoire et le pouvoir dans son pays. Pendant plus de quinze ans, avec ténacité et diplomatie, elle part à la rencontre de ceux qui écrivent le destin du Liban.
Chaque portrait, savamment composé, dévoile une part de vérité sur ces hommes et ces femmes de pouvoir. Plus qu'un livre d'art, Portraits d'une République s'impose comme un document historique précieux pour le Liban. La genèse de l'ouvrage raconte à elle seule les blessures du Liban: obtenir ces clichés n'aura pas été un long fleuve tranquille, mais Lamia Abillama n'a rien lâché.
Le résultat est à la hauteur de sa détermination. Un ouvrage politique et sensible, une collection de visages et d'histoires racontant la grande et la petite histoire.
Avec ces deux temps forts, la réouverture festive du musée et le vernissage très attendu du livre de Lamia Abillama, le musée Sursock réaffirme avec force son statut de haut lieu culturel d'un Liban résilient, qui puise dans l'art l'énergie d'avancer. Et ça, c'est déjà une belle victoire.
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