Un ensemble de facteurs risque de compromettre la présidentielle
©Ici Beyrouth

Bien que l’échéance présidentielle soit supposément une question purement interne, elle reste étroitement liée aux bouleversements régionaux, dont la guerre d’Israël contre le Hezbollah et ses répercussions, le renversement du régime Assad en Syrie et les mesures stratégiques qu’Israël a prises par la suite.

L’Iran, principal obstacle à l’élection d’un président au Liban depuis plus de deux ans, a subi un véritable revers avec l’élimination du commandement du Hezbollah et la destruction de 80% de ses capacités militaires.

Certes, cette formation a été affaiblie, mais pas anéantie. Le Hezbollah est en train de reconstruire ses forces et essaie de maintenir son emprise sur le dossier présidentiel en s’accrochant à la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié.

Une fois de plus, ce durcissement bloque les efforts de compromis, comme en témoigne le recul des efforts du Quintette (États-Unis, France, Arabie saoudite, Qatar et Égypte) face au blocage.

Israël reste quand même un facteur de pression majeur sur le dossier libanais, avec sa présence militaire au Liban-Sud, ses incursions aériennes en Syrie et au Liban et son expansion dans les hauteurs du Golan après la chute du régime Assad.

Tel Aviv, supposé retirer ses troupes de la bande frontalière dans les soixante jours suivant l’accord de cessez-le-feu du 27 novembre, multiplie les violations de cet accord.

Cependant, au Liban, on reste confiant. Un haut responsable de sécurité affirme que “l’accord sera mis en œuvre. Israël se retirera des territoires qu’il contrôle et le Hezbollah se repositionnera, avec ses armes, au nord du Litani dans les délais impartis”.

Tout cela doit être effectué avant le 27 janvier, date à laquelle expire le délai fixé pour la trêve, et l’armée devrait se déployer au Liban-Sud, alors que la présidentielle est prévue le 9 janvier.

Si l’on est confiant au sujet du maintien de la trêve, on l’est moins au sujet de la présidentielle. Selon un dirigeant de l’opposition, l’organisation de l’élection avant la mise en œuvre totale de l’accord de cessez-le-feu et le retrait d’Israël pourrait exposer le nouveau président à des pressions insoutenables.

Le nouveau locataire de Baabda risque de se retrouver pris entre les exigences d’Israël et celles du Hezbollah, ce qui pourrait paralyser son mandat et compromettre la relance économique, la mise en œuvre des réformes et la dynamisation des institutions. Israël pourrait également exploiter sa présence au Liban-Sud pour user de pression sur Beyrouth en vue d’un désarmement du Hezbollah et d’un démantèlement de son infrastructure militaire.

Selon des sources diplomatiques, Israël ne se retirerait pas du Liban-Sud avant avril. Pas avant d’avoir atteint ses objectifs ni avant d’avoir obtenu des garanties solides, notamment un accord de paix global dans la région.

De même source, on explique que la stratégie israélienne repose sur la neutralisation de l’influence iranienne dans la région et des risques de prolifération de l’arme nucléaire et le démantèlement des réseaux armés de l’Iran.

Avec la chute d’Assad en Syrie, principal allié de Téhéran, Israël vise à briser le “croissant chiite” et à couper les liens entre l’Iran et le Liban via la Syrie.

Selon certaines informations, Téhéran financerait “le Mouvement des justes” (Majmouaat el-Chourafa) en Syrie pour créer un courant populaire destiné à renverser la nouvelle direction syrienne et à ramener le pays sous son giron, ce qui lui permettrait de se repositionner dans les négociations sur le nucléaire.

De son côté, Israël a consolidé sa présence dans le Golan, se rapprochant à 25 km de Damas et établissant des positions militaires stratégiques pour empêcher le retour de l’Iran et de ses alliés au Liban et en Syrie.

Dans ce contexte, un leader souverainiste libanais insiste sur le fait que “le Liban doit redevenir un État souverain, loin des projets régionaux qui se font à ses dépens”. Il estime que les récents développements en Syrie pourraient retarder l’élection présidentielle “jusqu’à ce que le tableau global se clarifie”.

En Syrie, la nouvelle direction s’efforce de contrer les tentatives de l’Iran de semer le chaos, de ternir l’image de l’opposition et de lui mettre des bâtons dans les roues.

Au milieu de ces développements accélérés, la visite en Arabie saoudite du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, et sa rencontre avec le ministre de la Défense, Khaled ben Salmane, ainsi qu’avec d’autres responsables sécuritaires, est considérée comme un événement marquant tant par son timing que par sa forme, avant même d’en considérer le contenu. Elle a été interprétée comme un message clair du royaume au Liban à l’approche de la réunion électorale, ce qui a fait dire à un député de l’opposition qu’il faut savoir lire entre les lignes.

Selon des informations, un mot d’ordre international relatif à cette échéance ne tarderait pas à être transmis aux différentes parties politiques afin de faciliter l’élection du général Joseph Aoun à la présidence de la République, sur base d’un consensus.

Pendant ce temps, les Forces libanaises s’apprêtent à arrêter leur décision. Elles devraient la faire connaître autour du 6 janvier. Si leur chef, Samir Geagea, estime les conditions favorables, il pourrait annoncer sa candidature. Sinon, leurs députés voteront pour le général Joseph Aoun, qui devrait alors être élu président le 9 janvier.

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