Joseph Tarrab, écrivain et critique d’art, n’est plus
Joseph Tarrab, critique d'art, écrivain et journaliste. ©Page Facebook officielle de l'USEK

Joseph Tarrab, critique d'art, écrivain et journaliste, l'un des rares membres de la communauté juive ayant choisi de rester au Liban, est décédé le 1ᵉʳ janvier 2025. Officier de l'Ordre national des arts et des lettres, il laisse derrière lui un riche héritage intellectuel et artistique. 

Joseph Tarrab, journaliste, écrivain, homme de théâtre et critique d’art, s’est éteint le 1ᵉʳ janvier 2025, laissant un legs impressionnant de livres et d’articles. Élevé au rang d’officier de l’Ordre national des arts et des lettres par Henri Le Breton, conseiller culturel et directeur de l’Institut français du Liban, au nom de la ministre française de la Culture Aurélie Filippetti, il a été célébré comme un "homme de culture et de lettres jouant un rôle majeur sur la scène culturelle libanaise et dans sa promotion à travers le monde".

Issu d’une des plus petites minorités du pays, la communauté juive, Joseph Tarrab avait fait le choix courageux de rester au Liban, malgré l’exode de la quasi-totalité de ses membres.

Après un séjour de cinq ans en France, il décide de retourner à Beyrouth, guidé par son amour pour la mer et la lumière qui lui manquaient tant. Pour lui, Beyrouth représentait un carrefour de cultures et de communautés, où les liens humains transcendaient les frontières et les confessions.

Sa passion pour la culture l’a conduit à maîtriser plusieurs langues et à plonger dans les mondes de la littérature, du théâtre, et de la critique d’art. Le Monde l’a décrit en 1997 comme un "critique d’art et témoin des années sanglantes, en quête d’un nouveau public". Son amour pour le cinéma remonte à son enfance, lorsqu’il participait à un ciné-club, développant son œil critique pour analyser les détails des films: images, sons, scénarios et interprétations. Acteur du théâtre contemporain durant ses études à l’École des lettres, il s’imposa en tant que critique culturel à Paris en 1968, publiant un premier article sur un peintre contemporain. De retour au Liban, il entama une longue carrière au sein de L’Orient-Le Jour et de L’Orient littéraire, où il écrivait des critiques sur des sujets variés, de l’économie à la culture.

À travers ses écrits, Joseph Tarrab a témoigné de l’histoire de Beyrouth, de son âge d’or à ses périodes de guerre, capturant dans ses œuvres la soif de vivre et la résilience du peuple libanais. Il a su capturer, dans ses critiques et œuvres artistiques, l’évolution de la société libanaise et sa résilience. Durant la guerre civile, il est resté un observateur infatigable, visitant les expositions dès que les trêves le permettaient. Ses critiques reflétaient la persévérance des artistes et l’évolution de l’art à travers les crises.

Joseph Tarrab a offert une donation exceptionnelle de 6.000 livres à la bibliothèque de l’Usek et a confié ses innombrables articles à l’Institut allemand pour leur numérisation.

Homme humble et érudit, doté d’une plume unique, Joseph Tarrab restera dans les mémoires comme une figure incontournable de la scène intellectuelle et artistique libanaise.

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