D’une durée de 60 jours, le cessez-le-feu décrété le 27 novembre 2024 approche de son terme. Certaines sources diplomatiques évoquent aujourd’hui la possibilité d’une prolongation de cet accord qui prend fin dans six jours. Un scénario possible?
Un contexte instable et des forces en présence
Le cessez-le-feu qui a été mis en place en novembre dernier n’a pas mis fin aux causes profondes du conflit. Le Liban reste une zone de friction géopolitique majeure, avec le Hezbollah, soutenu par Téhéran, et Israël qui continuent d’échanger des menaces. La situation reste très précaire dans la bande frontalière alors que l’armée israélienne continue de violer l’accord de cessez-le-feu. Si le Liban s’apprête à s’engager sur le chemin d’un redressement, notamment après l’élection de Joseph Aoun à la tête de l’État et la désignation d’un Premier ministre, Nawaf Salam, il ne peut se permettre un retour à des hostilités ouvertes. Or, sur le terrain, les tensions restent palpables. “Nous n’excluons certainement pas une prolongation du cessez-le-feu, une fois les 60 jours expirés”, indique-t-on, à Ici Beyrouth, de source diplomatique. “Cette situation pourrait durer quelques mois, jusqu’à l’application pleine et entière des termes de l’accord”, ajoute-t-on de même source.
Motifs et obstacles d’une éventuelle prolongation
Plusieurs facteurs militent motivent une prolongation. On retient notamment la pression internationale, avec de grandes puissances, dont les États-Unis et la France qui manifestent un intérêt croissant pour une stabilité durable au Liban et qui considèrent qu’une prolongation du cessez-le-feu pourrait constituer un moyen de maintenir un certain équilibre en attendant des solutions politiques plus pérennes, pour lesquelles de nouvelles discussions incluant toutes les parties prenantes, sont envisagées, selon des sources diplomatiques.
L’armée n’a pas encore achevé son déploiement au sud du Litani et la structure militaire du Hezbollah dans ce secteur n’a pas été encore entièrement démantelée.
Sur le plan social, une telle démarche offrirait aussi un répit à une population éprouvée par des années de violences, de déplacements et de pénuries. Cela permettrait également de limiter les dégâts matériels et de favoriser l’aide internationale.
Cependant, plusieurs obstacles risquent d’entraver une éventuelle prolongation. Le Hezbollah, prêt à tout pour conserver ses armes, pourrait se montrer réticent à une telle démarche, sans obtenir des concessions en termes de sécurité et de reconnaissance de ses intérêts. D’autre part, Israël pourrait ne pas être favorable à une prolongation du cessez-le-feu si les conditions de sécurité le long de ses frontières restent incertaines. Les autorités israéliennes insistent, depuis le début du conflit, sur la nécessité de garantir leur sécurité à long terme, notamment en ce qui concerne les attaques potentielles du Hezbollah depuis le Liban.
À l’heure actuelle, l’éventualité d’une rallonge du délai du cessez-le-feu au Liban semble être un compromis pragmatique, dicté par la nécessité de maintenir une forme de stabilité dans une région extrêmement volatile. Cette stabilité demeure fragile et dépend largement de l’évolution des rapports de force régionaux et des dynamiques internes libanaises. Si une prolongation a de bonnes chances d’être envisagée, sa mise en œuvre effective ne pourra se faire qu’avec des compromis délicats et un engagement diplomatique renouvelé, à la fois pour la sécurité du Liban et pour la paix dans la région.
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