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Le cinéaste franco-grec Costa-Gavras arrive pour assister à la cérémonie d'ouverture de la 16ᵉ édition du Festival Lumière, à Lyon, dans le centre-est de la France, le 12 octobre 2024. ©Arnaud Finistre/AFP

Le cinéaste franco-grec Costa-Gavras se prépare, à 91 ans, à la fin de vie avec un film politique, Le Dernier Souffle, qui sortira en salles mercredi, la veille de son anniversaire.

"J'arrive à un âge où la fin de vie s'approche." Le cinéaste franco-grec Costa-Gavras confie se préparer à la mort en faisant ce qu'il sait faire de mieux: un film politique, qui sortira en salles mercredi, la veille de ses 92 ans.

Adapté d’un ouvrage de Régis Debray et du médecin Claude Grange, Le Dernier Souffle relate les débats philosophiques sur la mort entre un médecin en soins palliatifs (Kad Merad) et un écrivain (Denis Podalydès).

Il sait que la fin n’est pas loin. "Je voudrais qu’elle soit bonne, cette fin", "sans douleur, sans drame, sans agonie permanente", a-t-il confié à l’AFP lors du Festival Lumière à Lyon en octobre, tout en regrettant que "tous les moyens dans notre société n’existent pas pour que les gens (...) aient une bonne fin".

"La mort nous fait une peur terrifiante depuis que nous sommes tout petits et on ne veut pas en parler. Non, il faut en parler et s’y préparer! C’est pour ça que j’ai fait ce film, pour moi."

"Je suis dans une espèce de trouble immense" d’avoir regardé la mort en face "assez sereinement, assez légèrement", a commenté Denis Podalydès, qui compare le film à un "manège extrêmement doux".

"Ça repousse" 

Né le 13 février 1933 à Loutra-Iraias, dans le Péloponnèse, Konstantinos Gavras a quitté la Grèce à cause de l’activisme antiroyaliste de son père, pour arriver à Paris en 1955, à l’âge de vingt ans.

"Je suis profondément fier de la manière avec laquelle j’ai été reçu en France", se souvient-il. "Pour la première fois, on m’a appelé monsieur." Et "ça a continué jusqu’à aujourd’hui".

Costa-Gavras s’est imposé dès la fin des années 1960 avec ses thrillers politiques, Z (1969), en réaction au putsch des colonels à Athènes, puis avec L’Aveu, tiré du témoignage d’Artur London contre les purges communistes en Tchécoslovaquie.

Il aborde aussi les thèmes de l’immigration dans Eden à l’Ouest (2009), de la société capitaliste dans Le Capital (2012) et de la crise financière grecque dans Adults in the Room (2019). "Faire un film politique reste toujours difficile", reconnaît-il. "Ça repousse les producteurs et aussi les financiers."

Il explique devoir sa liberté créative à son épouse Michèle Ray Gavras, "qui a organisé notre vie de telle manière que je puisse faire les films que je voulais faire", et au succès de ses premières œuvres.

"Autour d’une table"

Mais Costa-Gavras en est persuadé: "Tous les films sont politiques, pas seulement les miens." "Oui, je suis engagé, mais nous sommes tous engagés quand on fait du cinéma!"

"Pour moi, les films, c’est comme une discussion qu’on a avec des amis autour d’une table. On a bien bu, on a bien mangé, et on se raconte des histoires. Chacun essaie de raconter une histoire qui le touche profondément", estime le réalisateur. "C’est comme ça que j’essaie de faire mes films. Je pense qu’il n’y a pas d’autre manière de les faire."

Plus qu’une technique ou une esthétique, celui qui a longtemps tourné avec sa bande d’amis composée notamment d’Yves Montand et Simone Signoret, insiste sur l’importance des acteurs.

"Il faut établir toujours une relation très étroite avec un acteur pour qu’il devienne le personnage qu’on veut qu’il soit", dit-il. "Je ne dirige pas les acteurs, je collabore avec eux."

Quand on lui demande s’il réalise le chemin parcouru, il assure ne pas beaucoup regarder en arrière. Il a déjà de nouvelles idées, "surtout en vivant dans un monde qui a tellement changé et qui est très provocant dans plusieurs sens", dit-il, sans en dévoiler plus.

Avec AFP

 

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