Affaire de l'avion de la Mahan Air: une crise qui cache un bras-de-fer politique
Un groupe de partisans du Hezbollah a bloqué une partie de la route de l'aéroport, vendredi den fin d'après-midi, à l'aide de pneus brûlés. ©AFP

Les relations entre le Liban et l'Iran connaissent une période de tension accrue, depuis l’affaire de l’avion de la compagnie Mahan Air auquel les autorités libanaises ont interdit de s’envoler pour Beyrouth, jeudi.

Le problème des Libanais bloqués à Téhéran à cause de cette interdiction – justifiée par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) par une reprogrammation de certains vols pour des raisons de sécurité – était supposé être réglé vendredi. Le Liban avait décidé jeudi soir d’affréter un vol de la Middle East pour les ramener.

Sauf que Téhéran a refusé cette option. L’Iran a fait savoir au Liban qu’elle interdisait à tout appareil de la MEA d’atterrir, tant que celui de la Mahan Air n’était pas autorisé à s’envoler pour Beyrouth.

Une crise qui cache surtout un bras-de-fer politique. Téhéran veut notamment tordre le bras au Liban, engagé, dans le cadre du cessez-le-feu avec Israël, à barrer la voie à toute tentative de financement ou d’armement du Hezbollah, lequel a entraîné le pays dans une guerre dévastatrice.

L'ambassadeur d'Iran au Liban, Mojtaba Amani, a ainsi déclaré depuis Beyrouth, que son pays “pourrait accepter des vols de la compagnie libanaise Middle East Airlines (MEA) pour rapatrier les passagers bloqués, à condition que les autorités libanaises n'entravent pas les vols iraniens”.

Ces événements interviennent dans un contexte de tension régionale accrue et de fortes pressions sur l’Iran qui a perdu ses principaux soutiens dans la région. Israël a accusé à plusieurs reprises l'Iran d'utiliser l'aéroport de Beyrouth pour transférer des fonds et des armes au Hezbollah. Le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, avait affirmé mercredi que la Force Al-Qods des Gardiens de la révolution en Iran et le Hezbollah avaient "utilisé ces dernières semaines l'AIB, par le biais de vols civils, pour faire passer en contrebande des fonds destinés à armer” le Hezbollah.

En réaction à ces accusations, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ismaël Baqaei, a accusé Tel Aviv de “perturber des vols normaux vers l'aéroport de Beyrouth” par ses “menaces” contre un avion de passagers transportant des citoyens libanais.

Il a dénoncé une “violation continue et flagrante du droit international et de la souveraineté du Liban” et a appelé la communauté internationale, notamment l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), à “mettre un terme au comportement dangereux d'Israël vis-à-vis de la sécurité de l'aviation”.

La compagnie Mahan Air est cependant connue pour être proche des Pasdaran qui utilisent ses avions dans le cadre de leurs opérations.

Les autorités libanaises, rappelle-t-on, ont renforcé les mesures de sécurité à l'aéroport, notamment depuis la fin de la guerre. Selon la DGAC, des ajustements temporaires des horaires de certains vols, y compris ceux en provenance d'Iran, ont été réalisés jusqu'au 18 février 2025, date qui coïncide avec la fin du délai prévu pour le retrait israélien du sud du Liban.

Les compagnies aériennes concernées et les passagers avaient été informés de ces ajustements, toujours selon la direction de l’aviation civile.

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Joe Raggi, a affirmé, pour sa part, que son département travaille à assurer le retour des citoyens libanais coincés en Iran, en coordination avec le ministère des Transports, l'aviation civile, la MEA et l'ambassade du Liban à Téhéran.

En attendant un dénouement, la tension persiste sur le terrain. Des partisans du Hezbollah ont bloqué vendredi, en fin d’après-midi, la route menant à l’aéroport, pendant que des cheikhs religieux, proches de cette formation, montaient aux créneaux, mettant en garde les autorités libanaises contre leur “comportement” à l’égard de l’Iran.

Le mouvement de protestation devait s’amplifier en soirée. Les protestataires ont bloqué les routes conduisant à l’aéroport à l’aide de monticules de terre, de pierres et d’ordures. Ils auraient mis le feu à un véhicule de la Finul. Des vidéos ont circulé montrant le montrant en flammes.

 

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