Aéroport de Kleiate: c’est maintenant ou jamais
Aéroport de Kleiate-René Moawad ©Ici Beyrouth

Dès sa nomination, le ministre des Travaux publics et des Transports, Fayez Rasamny, a affiché sa volonté ferme de relancer le projet de réhabilitation de l’aéroport de Kleiate, également connu sous le nom d’aéroport René Moawad. Selon lui, cette initiative s’inscrira dans une vision globale du transport aérien, qui sera mise en œuvre une fois le gouvernement investi par le Parlement. Dans sa déclaration ministérielle, approuvée lundi, le gouvernement s’est également engagé solennellement à aménager cet aéroport.

Reste à savoir si le ministre Rasamny parviendra à concrétiser ce projet et à réussir là où ses prédécesseurs ont échoué ou manqué de volonté.

Maintenant plus que jamais, les autorités libanaises, sous pression à la fois de la communauté internationale et du Hezbollah, sont appelées à repenser leurs priorités en matière de sécurité nationale, de gestion des risques et de développement économique équilibré dans l’ensemble du territoire.

 

Veto du Hezbollah

La réouverture de l’aéroport de Kleiate-René Moawad s’est heurtée au veto du Hezbollah qui refuse jusqu’à présent qu’un établissement public stratégique échappe à son contrôle.

Cet aéroport avait pourtant servi de terminal domestique pour la flotte de la MEA entre 1988 et 1990, sous l’impulsion de l’ancien Premier ministre Rachid Karamé. Son utilisation avait été motivée par l’insécurité et les fermetures fréquentes de la route reliant Beyrouth au Nord durant la guerre de 1975.

 

Ouverture rapide de l’aéroport de Kleiate

Sajih Attiyé, président de la commission parlementaire des Travaux publics et des Transports, ainsi que Mazen Sammak, président de l’Association des pilotes privés au Liban, estiment que l’aéroport de Kleiate-René Moawad pourrait accueillir des vols commerciaux en cas d’urgence, sans nécessiter de lourds travaux dans l’immédiat.

De son côté, l’économiste Mohamad Chamseddine, du bureau d’études Information International, souligne que la piste de 3.000 mètres est adaptée à un trafic aérien limité. Selon lui, de modestes investissements suffiraient pour réparer les fissures et dégager la piste. En revanche, pour une exploitation régulière, une seconde piste serait requise. Son aménagement impliquerait des coûts d’expropriation raisonnables, les terrains de Kleiate étant plus abordables que ceux de Beyrouth.

Le coût total estimé du projet de réhabilitation de l’aéroport de Kleiate-René Moawad s’élève à environ 200 millions de dollars, financé selon le modèle BOT (Build-Operate-Transfer). Sa mise en œuvre devrait s’étendre sur une période de trois ans.

 

Un projet aux multiples avantages

Situé dans le Akkar, à 26 kilomètres de Tripoli, chef-lieu du Liban-Nord, à seulement 7 kilomètres de la frontière libano-syrienne et à 105 kilomètres de Beyrouth, cet aéroport pourrait générer au moins 5.000 emplois pour les habitants de la région. Il offrirait également une solution de transport plus rapide et plus accessible aux résidents du Akkar et de la Békaa. Par exemple, un habitant du Hermel, qui doit actuellement parcourir 180 kilomètres pour rejoindre l’Aéroport international de Beyrouth (AIB), ne serait plus qu’à 20 kilomètres de l’aéroport de Kleiate.

Même un petit pays comme le Liban peut tirer parti de la présence de plusieurs aéroports pour des raisons stratégiques, économiques et logistiques. L’exemple de Chypre, avec une superficie de 9.251 km², illustre cette réalité: l’île compte six aéroports, dont deux dédiés à l’aviation civile, situés à Larnaca et Paphos. De même, la Corse, avec ses 8.722 km², dispose de quatre aéroports majeurs: Ajaccio Napoléon Bonaparte, Bastia-Poretta, Calvi Sainte-Catherine et Figari Sud-Corse. Ces infrastructures assurent à la fois des vols nationaux et internationaux, facilitant ainsi les déplacements vers et depuis l’île.

 

Optimiser l’activité   

D'après les nombreuses études consultées, pour optimiser l'activité de l'aéroport de Kleiate il faudrait que sa réhabilitation soit accompagnée de la création d'une zone industrielle franche, à l'image de celle de Jabal Ali à Dubaï. Cette zone serait connectée au port de Tripoli et à la ligne ferroviaire menant à la Turquie, renforçant ainsi son rôle clé dans le développement du commerce panarabe.

Étant donné la proximité des aéroports de Kleiate et de Beyrouth – situés à moins de 100 kilomètres l'un de l'autre –, une coordination rigoureuse des approches, des départs et des itinéraires aériens serait indispensable pour garantir la sécurité des vols et éviter toute interférence dans l’espace aérien.

Il ne s'agit donc pas d'une relation concurrentielle entre les deux aéroports, mais plutôt d'une complémentarité visant à optimiser leurs activités respectives.

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