Centcom, le Léviathan américain qui veille sur l’Orient
©Ici Beyrouth

   

Les États-Unis ont intensifié leur engagement militaire au Yémen en bombardant samedi des positions houthies, faisant des dizaines de victimes parmi les combattants du mouvement soutenu par l'Iran. Derrière ces frappes se trouve le Commandement central des États-Unis (Centcom), une composante essentielle de la stratégie militaire américaine au Moyen-Orient depuis des décennies.

Créé en 1983 sous l’administration de Ronald Reagan, le Centcom fait partie des onze commandements unifiés du département de la Défense des États-Unis. Il est responsable des opérations militaires américaines dans une zone stratégique qui couvre le Moyen-Orient, l'Asie centrale et certaines parties de l'Asie du Sud.

Basé à la MacDill Air Force Base, en Floride, le Centcom supervise des missions visant à protéger les intérêts américains et à maintenir la stabilité dans une région fréquemment marquée par des tensions géopolitiques et des conflits armés.

Cette structure a été créée en réponse à la crise des otages en Iran (1979-1981) et en raison de la nécessité d’assurer une présence militaire accrue des États-Unis dans la région. Sa mission principale est de protéger les intérêts américains dans sa zone de responsabilité, laquelle englobe 21 pays. Il joue un rôle clé dans la coordination des opérations militaires, le renforcement des alliances régionales et la gestion des crises.

Bien qu’initialement conçu pour contrecarrer l’influence soviétique pendant la Guerre froide, le Centcom a réorienté son mandat après la chute de l’URSS, mettant alors l’accent sur la lutte contre le terrorisme, la stabilité régionale et la sécurisation des ressources énergétiques.

Sous le commandement d’un général quatre étoiles (actuellement le général Michael Erik Kurilla), le Centcom intègre des forces de l’armée de terre, de la Marine, de l’Air Force, des Marines et des Forces spéciales. Il dispose de bases avancées dans la région, telles que celles d'Al-Oudeid au Qatar et du Camp Arifjan au Koweït, facilitant ainsi les opérations sur le terrain. De plus, le Centcom collabore étroitement avec des alliés régionaux comme l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Israël, tout en établissant des partenariats avec des pays comme l’Inde pour contrer des menaces communes.

Opérations majeures

Depuis sa création, le Centcom a piloté des interventions majeures, telle l’opération Desert Storm, en 1991, qui a permis de libérer le Koweït de l’occupation irakienne, lors de la première guerre du Golfe. En 2001, il a lancé l’opération Enduring Freedom en réponse aux attentats du 11 septembre, marquant le début de la guerre en Afghanistan. En 2003, le Centcom a orchestré l’invasion de l’Irak, renversant Saddam Hussein.

Le Centcom a également été à l'origine de l’opération visant à capturer Oussama Ben Laden, Operation Neptune Spear. Plus récemment, il a coordonné la coalition internationale contre Daech (groupe État islamique), soutenant des forces locales en Irak et en Syrie pour reprendre les territoires contrôlés par le groupe terroriste.

Financement

Le Centcom est financé par trois principales sources. La première provient du budget de base du département de la Défense, qui couvre les coûts liés aux salaires, à l’entretien des équipements et aux exercices d’entraînement.

La deuxième source de financement provient des crédits pour opérations de contingence, anciennement appelés Overseas Contingency Operations (OCO). Bien que ces fonds aient diminué après la fin des guerres en Irak et en Afghanistan en 2021, ils sont toujours utilisés pour des missions ponctuelles, comme les frappes antiterroristes ou le soutien aux alliés régionaux.

Enfin, le Congrès américain vote régulièrement des crédits spéciaux pour répondre à des crises spécifiques, telles que la lutte contre Daech ou les tensions avec l’Iran.

L'arsenal du Centcom

L'arsenal du Centcom est diversifié et adapté aux missions dans une région complexe. Il inclut des avions de chasse comme les F-16, F-22 et F-35, ainsi que des drones comme le MQ-9 Reaper pour les frappes et la surveillance.

Sur le terrain, le Centcom utilise des véhicules blindés tels que les MRAP (Mine Resistant Ambush Protected) et des chars M1 Abrams pour les opérations terrestres. Les forces spéciales, telles que les Navy SEALs, jouent un rôle clé dans les missions de haute précision.

Sur le plan naval, il dispose de porte-avions comme l’USS Abraham Lincoln, de destroyers et de sous-marins nucléaires, garantissant une forte présence dans la région. Le système de missiles Patriot est utilisé pour la défense aérienne, tandis que les missiles de croisière Tomahawk permettent des frappes de précision.

Pour le renseignement, le Centcom se sert de satellites, de systèmes d’écoute électronique et de capacités de guerre cybernétique pour surveiller les ennemis et perturber leurs communications et leurs systèmes de commandement.

Autant de raisons pour imaginer difficilement un tel titan courber l’échine face à une poignée de pirates. 

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