
L’avertissement d’Israël de déclencher un déluge de feu sur Gaza si le Hamas ne libérait pas les otages israéliens s'est transformé en réalité. Lundi soir, les frappes aériennes israéliennes ont fait au moins 413 morts et plus de 600 blessés, mettant fin à une trêve fragile qui avait été instaurée le 19 janvier.
L’escalade des combats semble inévitable, le gouvernement israélien ayant juré de poursuivre l’offensive sur Gaza tant que tous les otages ne seraient pas libérés. Cet affrontement survient après l'échec des négociations visant à prolonger la première phase de la trêve, à la demande d'Israël. Le Hamas a insisté pour passer à la deuxième phase avant de libérer tous les otages. Un cessez-le-feu permanent, l'avenir de Gaza et le rôle du Hamas devaient être abordés après l'expiration de la première phase, le 1er mars.
Mais après que le processus eut atteint le point mort, un retour aux combats était largement anticipé, selon Riad Kahwaji, analyste en sécurité et défense basé à Dubaï.
“Dès le départ, lorsqu’un accord avait été conclu à Gaza, il y avait des doutes sur la volonté d’Israël de mettre en œuvre la deuxième phase. Il était largement prévu que les Israéliens suivraient la première phase, libéreraient quelques otages, puis reviendraient à la guerre”, a déclaré le fondateur de l’Institut pour l’analyse militaire du Proche-Orient et du Golfe (INEGMA), à Ici Beyrouth.
“Je ne pense pas que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, ait eu l’intention de discuter de l’avenir de Gaza lors de la deuxième phase. Son objectif est de prolonger la guerre pour plusieurs raisons liées à sa carrière politique et à la position de l'extrême droite.”
L'expert en sécurité a souligné que Netanyahou cherche à retirer à Hamas sa seule carte de pression, les otages, sans rien offrir en retour. “Israël veut régler la question des otages une fois pour toutes pour avoir les mains libres à Gaza. Netanyahu et l'extrême droite ne veulent pas discuter de l'après. Ils veulent continuer la guerre.”
Pendant la première phase de la trêve, le Hamas a libéré 33 otages, dont huit décédés, et Israël a libéré environ 1.800 prisonniers palestiniens. Parmi les 251 otages capturés lors de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, 58 sont toujours détenus à Gaza, dont 34 que l'armée israélienne affirme être morts.
Politique de la terre brûlée
L’annonce du parti Otzma Yehudit (Puissance juive), dirigé par l'ex-ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, selon laquelle il rejoindra à nouveau la coalition gouvernementale de Netanyahou laisse présager la fin de la trêve à Gaza.
Le parti d'extrême droite a décidé de quitter la coalition de Netanyahu en janvier, en protestation contre la trêve à Gaza. Ben-Gvir souhaitait une victoire militaire totale sur le Hamas et a appelé à l'arrêt de l'aide humanitaire à Gaza jusqu'à la libération de tous les otages. Il a salué le retour d'Israël aux combats intenses, affirmant dans un message sur X que “c'est la décision juste, morale et la plus justifiée”.
Depuis le début de la guerre, l'armée israélienne applique une politique de la terre brûlée, transformant cette petite enclave en un endroit invivable. La reprise des combats pourrait être interprétée comme une tentative de chasser les Gazaouis.
L’objectif d’Israël a toujours été de forcer les Gazaouis à partir, affirme Kahwaji, ajoutant que “maintenant, avec un président à la Maison Blanche qui dit que les Gazaouis devraient partir, les Israéliens sont renforcés et l’intensité des bombardements sert cet objectif ”.
Le général à la retraite Khaled Hamadé, pour sa part, souligne la détermination de Washington à limiter l’influence de l’Iran dans la région. “Il est clair qu’avec la nouvelle administration américaine, il n’y aura plus de place pour les groupes armés ou milices liés à l’Iran, que ce soit à Gaza, au Liban ou en Syrie”, a déclaré Hamadé, avertissant Amal et le Hezbollah de ne pas prendre à la légère les termes de l’accord de cessez-le-feu avec Israël, qui prévoit le désarmement du groupe soutenu par l’Iran.
“Le Hezbollah devrait reconnaître que l'Iran ne peut plus avoir de groupes alliés armés dans la région.”
Il a expliqué que, "bien que Washington et Tel Aviv s'accordent sur le désarmement du Hezbollah au sud et au nord du fleuve Litani dans les plus brefs délais, leurs vues divergent encore sur la manière de procéder.”
“Washington milite pour un règlement des différends frontaliers par délimitation et un retrait progressif d’Israël du sud du Liban, ce qui mettrait fin à toute justification du maintien de ses armes par le Hezbollah. Cela faciliterait l'effort du gouvernement libanais sous le nouveau mandat pour démanteler l'arsenal du Hezbollah. Mais si le Hezbollah refuse de rendre ses armes, je crains que nous assistions à une nouvelle escalade du conflit entre Israël et le Liban,” a conclu le général Hamadé.
Commentaires