
Malgré un accueil controversé, le nouveau Blanche-Neige de Disney s’impose au box-office français avec plus de 540.000 spectateurs. Casting, scénario et représentation des nains divisent l’opinion publique, réanimant les débats sur le "wokisme" dans l’industrie du cinéma.
Porté par le Printemps du cinéma et ses séances à 5 euros, le remake en prises de vue réelles de Blanche-Neige a conquis les salles de cinéma françaises entre le 19 et le 25 mars. Pourtant, derrière ce succès chiffré et ces "vérités absolues" statistiques, le film ne cesse d’accumuler les controverses dès l’annonce de son casting jusqu’à sa promotion, fortement réduite par la suite. À l’écran comme dans les médias, ce conte féérique ayant fait rêver petits et grands, et autrefois unanimement célébré, est devenu le sujet intrinsèque d’affrontements culturels.
Une Blanche-Neige revisitée sous le feu des projecteurs
Dans cette nouvelle adaptation, Rachel Zegler incarne la célèbre héroïne Blanche-Neige, tandis que Gal Gadot prête ses traits à la Méchante Reine. Quatre-vingt-dix ans après la sortie du chef-d’œuvre d’animation de 1937, Disney offre aux spectateurs une relecture contemporaine du conte des frères Grimm. Cependant, si le film domine le box-office français, il est loin d’obtenir une approbation à l’unanimité.
Dès l’annonce du choix de Rachel Zegler, d’origine colombienne et polonaise, les critiques n’ont cessé de se multiplier. Certains reprochent à Disney de s’éloigner de l’image traditionnelle d’une Blanche-Neige à "la peau blanche comme neige". Sur les réseaux sociaux, l’actrice a répondu sans détour ni ménagement: "Non, je ne me blanchirai pas la peau pour le rôle." Un franc-parler qui, loin de calmer les tensions, les a relancées de plus belle.
Une avant-première fantôme à Hollywood
La promotion du film a été inhabituellement discrète. Samedi dernier, l’avant-première hollywoodienne s’est déroulée sans interviews, échanges presse, ou tapis rouge. Disney aurait même délibérément éloigné ses actrices principales des journalistes afin d’éviter les débats autour de la représentation des Sept Nains, sujet capital des polémiques.
Quelques jours plus tôt, une projection tout aussi furtive s’est tenue en Espagne, dans un château isolé à Ségovie. Seuls quelques médias triés sur le volet y ont assisté. Face à un climat médiatique et social tendu, Disney joue la carte de la prudence.
Les Sept Nains, absents et pourtant omniprésents
Le film ne mentionne même plus les Sept Nains dans son titre, simplifié en Blanche-Neige. Leur absence dans les premières bandes-annonces a alimenté les soupçons: Disney allait-il effacer ces personnages jugés problématiques? Poussant plus loin les questions, voudrait-on garder le nom seul de Blanche-Neige comme une affirmation féministe?
Peter Dinklage, célèbre acteur atteint de nanisme, a dénoncé une hypocrisie: "Fiers d’avoir choisi une actrice latino, mais toujours en train de raconter une histoire rétrograde de nains vivant dans une grotte." Ce commentaire n’a pas laissé insensible la communauté concernée. Certains, comme l’acteur Dylan Mark Postl, ont regretté qu’on pense supprimer les rares rôles accessibles aux personnes de petite taille. Finalement, les "nains" ont été remplacés par des créatures magiques créées par ordinateur, mi-gnomes, mi-esprits de la forêt, loin des figures d’origine.
Le prince charmant, relégué au passé
Outre le casting, le scénario a lui aussi été remis au goût du jour. Rachel Zegler a attesté que cette nouvelle Blanche-Neige "ne sera pas sauvée par le prince et ne rêvera pas d’un amour véritable". Cette déclaration a navré les puristes du conte et les fans du film de 1937. L’actrice a aussi qualifié le film original de "bizarre", critiquant la relation entre l’héroïne et un "gars qui, littéralement, la harcèle". Encore une question qui prête à polémique.
Ces propos, relayés massivement, ont exacerbé les critiques. Certains accusent Disney d’avoir cédé au "délire woke", lâchant l’essence du conte. D’autres saluent au contraire cette relecture, adaptée à la réceptivité contemporaine.
Gal Gadot au cœur d’une autre polémique
Le choix de Gal Gadot, ex-soldate des Forces de défense israéliennes, pour incarner la Méchante Reine, a également suscité des appels au boycott dans certains pays arabes. Certains ont dénoncé une tentative de "blanchiment de l’occupation" par le biais du divertissement. Blanche-Neige sera-t-elle boycottée au Liban?
Une pluie de critiques, mais un record au box-office
Malgré ces polémiques, le film a rassemblé plus de 540.000 spectateurs en France dès sa sortie. Ce démarrage impressionnant démontre que les controverses attisent la curiosité. Avec un budget de plus de 200 millions de dollars, Disney mise sur le facteur temps pour faire de ce remake un succès commercial.
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