Un immeuble de la banlieue sud visé par deux missiles israéliens
Une colonne de fumée se dégage de l'immeuble visé. ©Ici Beyrouth

Le bâtiment visé abritait un entrepôt de militaires.

Pour la première depuis la mise en vigueur de l’accord de cessez-le-feu entre le Liban et Israël, le 27 novembre dernier, l’armée israélienne a mené une frappe aérienne sur la banlieue sud de Beyrouth, en signe de représailles à des tirs, vendredi matin, sur Israël, à partir du Liban-Sud.

Un raid au drone a visé un immeuble du quartier Jamous, à Hadath, dans la banlieue sud de Beyrouth, près de deux heures après un appel à évacuer le secteur. L’immeuble a été entièrement détruit. Le bâtiment abritait un entrepôt de drones, selon le porte-parole arabophone, Avichay Adraee. Ce dernier a fait assumer à l’État libanais la responsabilité de “veiller au respect de l’accord de cessez-le-feu” et a réaffirmé que l’armée israélienne “continuera d’œuvrer pour éliminer toute menace contre l’État d’Israël”.

Adraee avait lancé aux habitants de Jamous, vers midi, un appel à évacuer une série d’immeubles. “Vous vous trouvez près d’installations relevant du Hezbollah. Pour votre sécurité et celle de vos familles, vous allez devoir les évacuer et vous en éloigner de non moins de 300 mètres”, a-t-il écrit sur son compte X”.

Comme d’habitude, il a associé son message d’une carte montrant l’immeuble qui sera ciblé.

Immédiatement après, des tirs de feu nourris ont été entendus dans la banlieue, sans doute pour inciter les habitants à quitter les secteurs menacés.

L’immeuble dans le viseur de l’armée israélienne se situe entre deux écoles. Une véritable panique s’est emparée des habitants de la banlieue où un mouvement d’exode massif a provoqué des bouchons inextricables. Le ministère de l’Éducation a de son côté appelé à la fermeture immédiate de toutes les écoles de la banlieue, ainsi que de l’Université libanaise, située à Hadath.  La panique s’est accentuée lorsque l’aviation israélienne a mené deux raids fictifs sur la banlieue sud de Beyrouth.

Cette escalade intervient à la suite d’un lancement de deux roquettes, tôt le matin, vendredi, sur Israël, à partir du Liban-Sud.

L’armée israélienne a immédiatement réagi par une série de raids sur divers secteurs du sud du pays et de la Békaa-Ouest. Au moins cinquante frappes aériennes ont été menées jusqu’à midi sur des sites présumés du Hezbollah, accusé par Tel Aviv de violer l’accord de cessez-le-feu. Israël a également fait assumer à l’État libanais la responsabilité de cette “violation”.

Une source de la formation pro-iranienne a nié toute responsabilité dans le tir de roquettes. Le Hezbollah n’a pas cependant démenti officiellement les tirs.

Dans l’après-midi, l’armée a annoncé avoir réussi à “localiser, à Qaakiyet el-Jisr, à Nabatiyé, le site à partir duquel les roquettes ont été lancées au nord du Litani”.

Dans un communiqué, elle a dit poursuivre son enquête afin d’“identifier les auteurs du tir” et de “prendre les mesures nécessaires pour contrôler la situation à la frontière".

“Les unités militaires déployées dans diverses régions suivent également de près le mouvement de circulation intense des citoyens”, selon le texte qui fait ainsi référence à la panique qui s’est emparée de la population du Liban-Sud et de la banlieue, à la suite de la contre-offensive israélienne.

Branle-bas de combat diplomatique

Pendant ce temps, le Liban officiel a déclenché un véritable branle-bas de combat diplomatique pour éviter une escalade, alors que le président Joseph Aoun, menait à Paris, des discussions avec son homologue français, Emmanuel Macron. 

Le Premier ministre, Nawaf Salam, a mené une série de contacts diplomatiques, notamment avec les ambassadeurs des pays du quintette, représentés à la commission internationale de surveillance de la trêve au Liban-Sud, pour leur demander d’intervenir auprès d’Israël, afin d’éviter une escalade.

Il a également pris contact avec le commandant en chef de l’armée, le général Rodolphe Haykal, pour lui demander l’ouverture d’une enquête sur les tirs de roquettes contre Israël et d'“identifier les responsables derrière cette opération irresponsable qui menace la sécurité et la stabilité du Liban”.

Il a réclamé une "multiplication des efforts pour que les auteurs des tirs soient arrêtés et traduits en justice ". Il a insisté sur la "nécessité d’empêcher que de telles actions absurdes se répètent.

Le chef du gouvernement a dans le même temps affirmé “la nécessité de poursuivre les mesures prises par l’armée libanaise pour restreindre la détention des armes à l’État seul”.

Il a réaffirmé l'engagement total du Liban à appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité.

Appel à la retenue

L'ONU a appelé toutes les parties "à la retenue". "Un retour à un conflit plus large au Liban serait dévastateur pour les civils des deux côtés" de la frontière "et doit être évité à tout prix". "Il est absolument nécessaire que toutes les parties fassent preuve de retenue", a affirmé la représentante des Nations unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, dans un communiqué.

 

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