Dans son discours d’investiture, le nouveau gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Karim Souhaid, a présenté les grandes lignes de son programme pour les six prochaines années. Il en a profité pour répondre sans détours aux critiques émises à son encontre avant sa nomination, en adressant des messages clairs sur les enjeux majeurs qui attendent l’institution.
Le nouveau gouverneur a mis l’accent sur plusieurs priorités: la bonne gouvernance de la BDL, la restitution des dépôts, la restructuration du secteur bancaire, ainsi que l’ouverture à toutes les propositions relatives à la résolution du système bancaire.
“Les dépôts sont garantis, et leur restitution doit s’opérer par une responsabilité partagée entre les banques, la Banque du Liban et l’État”, a-t-il déclaré, précisant que la priorité serait donnée au remboursement des petits déposants.
Il a également insisté sur la nécessité de recapitaliser les banques commerciales et de leur faire assumer leur part dans le remboursement des dépôts. “Parallèlement, la Banque du Liban devra entreprendre une profonde réorganisation du secteur bancaire”, a-t-il ajouté.
Souhaid a souligné que la restauration de la confiance dans le secteur financier constitue un objectif central. Cela passera, selon lui, par la création de mécanismes d’incitation efficaces et la relance de la machine économique à travers le secteur financier et bancaire légal. À cet égard, il a averti que toutes les banques seront appelées à augmenter progressivement leur capital par l’injection de nouveaux fonds. Celles qui ne seront pas en mesure de le faire ou qui refuseront de s’y engager devront envisager une fusion avec d’autres établissements.
Par ailleurs, il a affirmé que la Banque du Liban s’engagera activement dans la lutte contre l’économie informelle, en renforçant les dispositifs de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Il a aussi annoncé un changement dans la stratégie de communication de l’institution: la BDL adoptera désormais une posture de réserve, en cessant de donner des interviews, au profit de communications officielles à travers des communiqués écrits et des rapports économiques.
Karim Souhaid a conclu son discours en réitérant son engagement à respecter les dispositions de la Constitution, les lois en vigueur ainsi que les règlements qui régissent le fonctionnement de la Banque du Liban. Un engagement qui s’inscrit dans la continuité du serment qu’il a prêté jeudi devant le chef de l’État, le général Joseph Aoun.
Prenant la parole à son tour, l’ancien gouverneur par intérim, Wassim Mansouri, a félicité son successeur et salué les réalisations de la BDL au cours de la période transitoire qu’il a dirigée. Il a exprimé sa confiance en affirmant que “la Banque du Liban est entre de bonnes mains”.
Il a toutefois tenu à rappeler qu’ “il est inadmissible que le gouverneur de la BDL ne puisse apporter de réponse claire sur le sort des dépôts des épargnants”. Une réponse, a-t-il précisé, qui “ne relève pas exclusivement du gouverneur, mais s’inscrit dans un plan gouvernemental global devant être adopté par le Parlement”.
Mansouri a enfin souligné que la Banque centrale n’a jamais cessé de fonctionner malgré la crise. “Nous avons assaini l’ensemble du bilan de la BDL en annulant tous les effets des anciennes opérations d’ingénierie financière”, a-t-il conclu.
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