
Le Festival du film libanais de France (FFLF) commémore les 50 ans du début de la guerre du Liban lors d’une journée qui sera marquée par une programmation variée, mêlant films historiques et récents, en plus de discussions sur le rôle du cinéma dans la préservation de la mémoire collective. L’événement aura lieu le 12 avril aux Relais Solidaires de Pantin.
Créé en 2019, le Festival du film libanais de France organise chaque année un festival à Paris pour promouvoir le cinéma libanais. Cette année, avant sa cinquième édition, le FFLF a choisi de commémorer le cinquantenaire du déclenchement de la guerre libanaise au cours d’une journée de projections, de débats et de musique, qui se tiendra le 12 avril à Pantin. Les bénéfices de cet évènement seront versés à l’association du Festival du film libanais de France pour soutenir sa mission de promotion du cinéma libanais et pour lui permettre d’organiser sa prochaine édition en octobre.
Dans un entretien accordé à Ici Beyrouth, la présidente du FFLF, Sarah Hajjar, explique la réflexion autour de la sélection des films. “Quand on parle du cinquantenaire de la guerre du Liban, il y a énormément de films à présenter et tellement de choses à dire, souligne-t-elle. Nous avons procédé de manière chronologique pour sélectionner les films entre 1975 et 2025, en variant les genres cinématographiques et les formats et en veillant au respect de la parité bien sûr. Cette sélection permet de croiser le regard de cinéastes ayant vécu la guerre et de jeunes réalisateurs issus de la génération de l’après-guerre.”
“Lors du Festival de Clermont-Ferrand, relève Mme Hajjar, nous avons découvert Maabar, un audiofilm de 2025 qui rassemble des témoignages audios précieux de Libanais et de Libanaises ayant vécu la guerre. Nous l’avons directement inclus dans notre programmation, car, en vertu de son format et de son contenu, il complétait parfaitement la sélection en apportant un regard plus récent sur la mémoire collective et la lutte contre l’oubli.” L’ajout de ce film a donc permis d’avoir une chronologie dans la programmation sur les cinquante dernières années, du premier film Le Liban dans la tourmente de Jocelyne Saab de 1975 jusqu’à Maabar, de 2025. Sarah Hajjar précise qu’il était important de montrer des œuvres humanisantes sur la guerre et les témoins de la guerre.
Les films ont été choisis en collaboration avec plusieurs partenaires du FFLF. Par exemple, Petites Guerres de Maroun Bagdadi sera projeté en partenariat avec l’association Nadi Li Kol Nass, qui œuvre pour la préservation du patrimoine cinématographique libanais. Cette association restaure de nombreux films, un travail essentiel pour la transmission de l’histoire du Liban à travers le cinéma. Le Liban dans la tourmente de Jocelyne Saab sera présenté en partenariat avec l’association Jocelyne Saab, présidée par Mathilde Rouxel, également programmatrice, qui a recommandé ce film pour l’évènement.
La transmission de la mémoire collective
Le FFLF met régulièrement en relief le rôle du cinéma dans la préservation de la mémoire collective du Liban, une question vitale dans le contexte des guerres qui ont marqué le pays. Sarah Hajjar souligne à cet égard: “Dans le cinéma libanais, il y a un facteur très important qui a toujours été présent dans notre programmation: le cinéma en tant que vecteur essentiel de transmission des récits, des émotions et des événements marquants d’une époque. Grâce aux films, les générations futures peuvent revivre des moments clés de l’Histoire, saisir des réalités sociales et se connecter à leur passé pour mieux comprendre le présent. C’est pourquoi nous faisons régulièrement des projections en lien avec le sujet, par exemple à travers l’avant-première du film The Soil and the Sea, organisée en 2024 autour des disparitions forcées, ou encore récemment lors de notre 4e édition qui avait pour thématique la représentation de la guerre dans le cinéma libanais.”
Une table ronde organisée le 12 avril permettra, à l’occasion du cinquantenaire de la guerre, de revenir sur le rôle important de la préservation et de la transmission de la mémoire dans le cinéma libanais. Deux cinéastes dont les films sont programmés seront entre autres présents et partageront leur expérience, Anthony Tawil pour Maabar et Leyla Assaf-Tengroth pour Al-Sheikha. “Nous avons voulu croiser les regards des experts, des journalistes et des cinéastes pour parler transmission et cinéma, et ce qu’il reste des mémoires de la guerre du Liban”, souligne la présidente du FFLF.
Une commémoration en musique
Le concert de clôture de cette journée offrira un moment de détente et de recueillement. La performance commencera par un duo des musiciennes Aya el-Dika et Samara Jaad, mettant en relief des chants du Liban, de Syrie et de la région. La soirée s’achèvera avec un DJ Set de Ali Chamas mettant à l'honneur la musique indépendante arabe, pour offrir aux spectateurs une fin de journée plus “légère” après un programme dense en émotions et en réflexions.
Pour cet évènement, le FFLF a fait appel à son partenaire ELFAN pour trouver l’artiste qui réalisera l'affiche. C'est l'artiste multidisciplinaire, Kabrit, membre de la plateforme ELFAN, qui propose alors ce visuel. L'affiche mêle élégamment calligraphie arabe et texte en français, un choix visant à toucher un large public tout en véhiculant un message fort.
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