Ortagus appelle au désarmement du Hezbollah pour assurer l’avenir du Liban
Le Hezbollah un “cancer” que le Liban doit extirper s’il espère se relever, a déclaré Morgan Ortagus à la chaîne Al Arabiya News. ©Ibrahim Amro / AFP

L’envoyée spéciale adjointe du président américain pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, a lancé un appel en faveur du désarmement complet du Hezbollah, comparant le groupe soutenu par l’Iran à un “cancer” que le Liban doit extirper s’il espère se relever. Elle a tenu ces propos lors d’une interview accordée lundi à la chaîne Al-Arabiya News, alors qu’elle était en visite diplomatique aux Émirats arabes unis.

“Lorsqu’on est atteint d’un cancer, on ne traite pas une partie du mal en laissant le reste se propager; on doit le retirer entièrement”, a-t-elle soutenu, soulignant que la présence du Hezbollah au Liban constituait un obstacle majeur à la relance du pays.

Par ailleurs, Mme Ortagus a fermement rejeté l’idée que désarmer le Hezbollah entraînerait une guerre civile, qualifiant ces craintes d’”infondées”. “Cela fait vingt ans qu’on entend ces arguments”, a-t-elle affirmé, ajoutant que la situation actuelle ne peut plus être ignorée.

L’émissaire américaine a également accusé le Hezbollah et l’Iran d’avoir entraîné le Liban dans le conflit avec Israël. “Le gouvernement libanais ne voulait pas entrer en guerre avec Israël, a-t-elle déclaré. C’est le 8 octobre 2023 que le Hezbollah et l’Iran ont décidé de se lancer dans la guerre... Le peuple libanais a été entraîné dans un conflit dont il ne voulait pas.”

Elle a exprimé un fort soutien au président libanais, Joseph Aoun, ainsi qu’au Premier ministre, Nawaf Salam, qualifiant la situation actuelle du Liban de “pire que celle de la Grèce pendant la crise financière”. Elle a précisé que la crise économique libanaise avait atteint un niveau sans précédent, estimant que le pays disposait d’une “opportunité unique” pour mener des réformes.

Mme Ortagus a salué la formation d’un nouveau gouvernement technocratique, composé de professionnels libanais de la diaspora, dont des experts issus de grandes firmes internationales telles que HSBC, JP Morgan et Blackstone. Selon elle, ces personnalités sont revenues au Liban pour contribuer à sa reconstruction, s’engageant à rester indépendants des partis politiques et à ne pas se présenter aux prochaines élections législatives.

Concernant la sécurité nationale, Mme Ortagus a défendu l’armée libanaise, affirmant qu’elle était pleinement capable d’assumer les fonctions sécuritaires actuellement exercées par le Hezbollah, à condition qu’une volonté politique soit affirmée à cet égard. “Si cela fait plusieurs décennies que nous leur fournissons une aide et qu’ils ne sont toujours pas en mesure de le faire, alors c’est qu’il y a un problème avec cette assistance américaine”, a-t-elle lancé.

Elle a par ailleurs insisté sur l’urgence d’adopter les réformes du secteur financier, en particulier la réforme du secret bancaire et la réorganisation du système bancaire. Sans ces réformes, a-t-elle averti, le Liban aura du mal à obtenir le soutien du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale: “On ne peut pas plaider sa cause sans avoir adopté les lois nécessaires au Parlement pour prouver qu’on est sérieux.”

Abordant le sujet des tensions régionales, Mme Ortagus a critiqué l’Iran pour sa violation continue de l’accord sur le nucléaire (JCPOA), affirmant que Téhéran s’était affranchi de ses engagements depuis plusieurs années. Elle a rappelé que l’Iran enrichit de l’uranium à 60% au moins depuis avril 2021, qualifiant la situation d’“extrêmement dangereuse” et pointant les risques croissants que représentent les ambitions nucléaires iraniennes.

Alors que les tensions régionales continuent de monter, Mme Ortagus a affirmé que les États-Unis ne retourneraient pas à des “négociations indirectes qui traînent”. Tout futur dialogue avec l’Iran, a-t-elle insisté, devra être rapide et réellement axé sur le démantèlement de son programme nucléaire militaire.

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