
À chaque fois que la question du désarmement du Hezbollah est abordée, le spectre de la guerre civile refait surface. Lorsque le Hezbollah était à son apogée, il était impossible d’évoquer ses armes sans risquer d’être accusé de trahison. Ceux qui osaient en parler étaient qualifiés de traîtres ou d'agents au service d'intérêts étrangers, accusés de vouloir priver le Liban d'un atout majeur. On répétait alors que toute tentative de s’attaquer à ces armes serait sévèrement punie et que cet état de fait perdurerait tant qu’Israël occuperait les terres libanaises.
Pourtant, ces mêmes armes ont été utilisées dans une guerre de soutien qui a coûté au Hezbollah une grande partie de ses cadres et de sa structure militaire. C'est le Hezbollah lui-même qui a accepté un cessez-le-feu et la mise en œuvre de la résolution 1701 de l'ONU, ainsi que les décisions connexes, qui incluent son désarmement et le démantèlement de son infrastructure militaire.
En réalité, au lieu de se conformer à ces engagements, le Hezbollah a réitéré que son désarmement, à l’heure actuelle, était inenvisageable. Il invoque ses pertes humaines, la poursuite de l’occupation israélienne de certaines zones libanaises et la nécessité d’un dialogue national pour définir une stratégie de défense. Il met aussi en garde contre l’imposition d’un calendrier pour le désarmement, affirmant que cela pourrait entraîner une guerre civile.
Le Hezbollah semble toujours réticent à se départir de ses armes, malgré le fait qu'il soit conscient de leur inefficacité face à Israël et de leur inutilité dans la réalisation du projet iranien auquel il adhère depuis des décennies. Le maintien de ces armes ne semble désormais plus viser la défense contre Israël, mais plutôt servir à intimider ses opposants politiques et à préserver un levier de pouvoir pour imposer son agenda interne aux Libanais.
Ce qui est frappant, c’est qu’après tout ce qui s’est passé, le Hezbollah continue de faire fi de l’intérêt national. De deux choses l’une: soit il n’a pas saisi la portée des messages adressés au Liban, soit il les a bel et bien compris mais refuse sciemment de s’y plier, bien qu’il réalise pleinement les conséquences néfastes d’une telle position qui semble relever d’une logique de “après moi, le déluge”.
Il est désormais évident qu’aucune stabilité, prospérité, relance économique ou financière, ni ouverture arabe ou internationale ne sera possible tant que les armes du Hezbollah ne seront pas remises à l’État.
Il n’y a désormais plus de place pour des faux-fuyants tels que des dialogues interminables, la stratégie de défense ou toute autre forme de tergiversation ou de manœuvre dilatoire. Pour rappel, toutes les tentatives précédentes ont échoué: sous la présidence de Michel Sleiman, la Déclaration de Baabda fut enterrée aussitôt rédigée; sous Michel Aoun, toute discussion sur la stratégie défensive était interdite et elle n’a été abordée qu’à la toute fin de son mandat.
Aujourd'hui, sous la présidence de Joseph Aoun, l’approche du Hezbollah semble inchangée, bien que ce dernier ait affirmé que la décision de guerre et de paix, ainsi que le contrôle des armes, doivent revenir exclusivement à l'État libanais.
Ce qui est désormais nécessaire, c'est une décision claire de l'État libanais, exigeant que toutes les formations armées remettent leurs armes dans un délai défini. Tout refus de se conformer à cette exigence doit être considéré comme une insubordination envers l'autorité légitime et traité conformément aux lois en vigueur. Il ne s’agit ni d’inciter à la discorde ni de préparer une guerre civile, car la remise des armes à l'État représente le choix de la paix, tandis que leur maintien est un choix pour la guerre.
Une autre option serait que ces armes servent de monnaie d’échange dans les négociations entre l’Iran et les États-Unis – négociations au cours desquelles Téhéran semble ne plus pouvoir miser sur des cartes qui sont sur le point de s'effondrer, que ce soit le Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban, le Hachd el-Chaabi en Irak ou les Houthis au Yémen.
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