
La reconstruction des zones dévastées par la guerre entre le Hezbollah et Israël ne pourra se réaliser que si deux conditions essentielles sont réunies: d’une part, le désarmement de la formation pro-iranienne; d’autre part, l’adoption puis l’application de réformes structurelles profondes. En l’absence de ces mesures, le Liban risque de demeurer bloqué dans une impasse durable, avec une aggravation possible de la crise politique, sécuritaire et économique.
C’est du moins ce qu’affirme une source officielle libanaise, qui précise que le Hezbollah est pleinement conscient qu’aucune relance sérieuse de la reconstruction ne pourra avoir lieu sans la réalisation de ces deux prérequis, d’autant plus qu’il est directement visé par l’exigence de désarmement. Tout atermoiement dans ce dossier, avertit la même source, entraînera un gel prolongé des efforts de reconstruction et placera le Hezbollah face à ses responsabilités, notamment en ce qui concerne la poursuite des déplacements forcés dans son propre environnement social, les frappes israéliennes visant ses infrastructures militaires et ses dépôts d’armement, ou encore les assassinats ciblés de ses cadres.
Et la menace ne concerne pas uniquement le Hezbollah: «Les répercussions croissantes de cette impasse toucheront l’ensemble du pays, qui risque d’être de nouveau entraîné dans une guerre totale, aggravant encore la crise financière et économique», alerte le responsable.
Selon cette source, le Hezbollah semble actuellement jauger le coût politique d’un éventuel désarmement face aux gains stratégiques qu’il estime retirer du maintien de son arsenal. Pour l’heure, il privilégierait le statu quo, quitte à hypothéquer la reconstruction. Une posture jugée en total décalage avec la nouvelle donne régionale, marquée par un profond bouleversement des rapports de force, de moins en moins favorables à l’axe auquel il appartient. Le responsable rappelle que le parti aurait dû prendre la mesure de ce changement, d’abord en raison de l’ampleur des frappes israéliennes, puis à travers la lecture des termes mêmes de l’accord de cessez-le-feu, qui interdit explicitement toute tentative de réarmement.
Mais le Hezbollah aurait misé sur une stratégie de contournement, entamée dès les premières heures de l’accord. Une stratégie qui s’est heurtée à une opposition multiforme: d’abord celle d’une majorité libanaise réclamant la fin de ses équipées militaires, ensuite celle d’une position officielle inédite, réaffirmant le monopole de l’État sur les armes et la décision de guerre, enfin celle d’un consensus international et arabe désormais intraitable, sans compter la détermination d’Israël à poursuivre ses opérations jusqu’à l’annonce formelle de la fin du rôle militaire du Hezbollah et le démantèlement de son appareil armé.
En conclusion, le responsable souligne que les propos du président de la République ont été sans équivoque: il n’y aura pas un retour en arrière sur cette question. Le dialogue prévu entre le général Joseph Aoun et le Hezbollah ne portera donc pas sur un éventuel rôle militaire futur du parti, mais uniquement sur les modalités de son désarmement. Un processus qui, selon les projections les plus optimistes, devrait s’inscrire dans un calendrier n’excédant pas une année.
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