À Washington, le gouverneur de la BDL plaide pour une relance encadrée du Liban
Karim Souhaid, gouverneur de la Banque du Liban. ©Al-Markazia

Le gouverneur de la Banque du Liban, Karim Souhaid, a livré un discours résolument lucide lors des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington. Face à un auditoire composé d’experts et de décideurs internationaux, il a dressé un état des lieux sans détour d’un Liban au bord de la bascule, «à la croisée des chemins entre fragilité et redressement, entre inertie et transformation».

Selon lui, la crise que traverse le pays ne se limite pas à un effondrement financier. Elle révèle un «échec institutionnel profond» qui a fragilisé les fondations des secteurs public et privé. Mais au cœur de cette tourmente, Souhaid voit une opportunité: celle de corriger les dysfonctionnements structurels, d’engager des réformes de fond et de rebâtir la confiance.

Le gouverneur assure que le Liban est pleinement engagé sur la voie de la réforme. «Ce n’est pas un slogan politique», insiste-t-il. La reprise passe, selon lui, par la résolution des maux systémiques: un secteur public hypertrophié, une dette publique incontrôlée, un système bancaire paralysé et un cadre réglementaire obsolète.

Au sein de la Banque du Liban, la priorité est claire: préserver les actifs de l’État, tout en collaborant avec le gouvernement et les banques pour rétablir la solvabilité et la crédibilité du système financier. Cela passe par l’application de contrôles rigoureux, une transparence renforcée et une mise en conformité avec les meilleures pratiques internationales.

Mais le chantier le plus délicat, reconnaît-il, reste la restructuration du secteur bancaire. Une étape incontournable pour rétablir la confiance, relancer le crédit et soutenir l’investissement productif. La protection des déposants demeure une priorité, mais dans un cadre «réaliste et équitable».

Pour le gouverneur, le salut passe par un accord global et crédible avec le FMI. «Ce n’est pas une contrainte extérieure, mais un levier de redressement, un cadre de discipline budgétaire et monétaire, et un catalyseur de confiance pour les investisseurs comme pour les déposants», affirme-t-il.

Et de conclure: «Le Liban est prêt à faire les choix difficiles, à en assumer le coût politique et à rendre compte de ses actes.»

 

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