
La dynamique guerrière déclenchée en 2023 par le régime islamique iranien, par l’entremise de ses mandataires au Proche et au Moyen-Orient, est en fin de course. Elle a fini par entraîner avec elle tous les mythes d’une modernité arabe défaite. Les mythes de la destruction de l’État d’Israël; les élucubrations idéologiques du nationalisme arabe et de l’islamisme, du tiers-mondisme réaligné sur les nouveaux axes du totalitarisme réinventé par les impérialismes renaissants de la Chine et de la Russie et leurs réseaux d’États voyous; et le discours pathétique de la victimisation colporté par des régimes qui se définissent par la criminalité et le terrorisme d’État. Toute cette rhétorique islamiste, panarabe et de gauche est renvoyée aux réalités lamentables des sociétés et des États.
La criminalité largement attestée du Hamas, du Hezbollah, des milices irakiennes et des nu-pieds houthis nous renvoie à l’état de déliquescence prolongé et aux délabrements systémiques des sociétés et des États instrumentalisés par la politique expansionniste du régime islamique iranien. La politique des «théâtres opérationnels intégrés» élaborée par le pasdaran iranien a fini par réduire ces fictions étatiques à des ersatz qui servent son projet de conquête impériale. Il ne reste plus rien des réalités pseudo-étatiques qui ont fini par éclater, au profit des vides stratégiques qui gagnent en expansion; et des vomissements idéologiques pour étayer des psychoses collectives aux multiples ressourcements.
L’externalisation des responsabilités n’a que le colonialisme et le sionisme comme mécanisme de diversion, en vue de s’exonérer auprès de sociétés qui n’ont plus que la violence et la haine comme revers de la haine de soi. En réalité, la haine de l’autre n’est que le revers de la haine de soi. Le comble est que cet état de psychose institutionnalisée est entériné par les textes et la jurisprudence islamiques, et par les avatars du wokisme qui cherchent à avaliser cette conscience faussement malheureuse et à conforter des consciences fausses et des dictatures en exercice. Ces états délirants ne font que reproduire des schémas bien rodés, hérités du marxisme et du communisme, qui servent d’opium idéologique. Les opiums idéologiques sont les meilleurs adjuvants pour perpétuer les verrouillages et les supercheries.
Le Hamas s’est servi des civils comme boucliers humains afin d’assurer sa survie politique et en gage d’allégeance à ses commanditaires iraniens, peu importe la souffrance de la population civile et les conséquences désastreuses de cette guerre asymétrique. Entre mystification idéologique et politique intentionnelle de victimisation, le Hamas a trouvé une voie de survie, au détriment d’une population civile désemparée et démunie, qui ne cesse d’exprimer de manière intermittente et tragique son désarroi et sa révolte face à cette usurpation. Alors que la gauche internationale s’en sert en vue de renflouer ses récits creux et de masquer l’absence d’une analyse cohérente des mutations du monde contemporain. Elle répète, à l’envi, la rhétorique d’une vulgate marxiste et altermondialiste décharnée et sans aucune substance.
Le Hezbollah est une autre variante de la politique de subversion iranienne qui a été dûment créée par la révolution islamiste de 1979 en vue de piloter les mouvements satellites dans les pays du Proche et du Moyen-Orient, et de mener à terme une politique de «chiitisation» de l’islam calquée sur le modèle léniniste des partis satellites et des sphères d’influence (l’internationale communiste). Ce parti-brigade a fini par encadrer les communautés chiites dans la région et s’en est servi en vue de déstabiliser la région, comme il appert en arpentant la carte des conflits régionaux. Il a fallu la contre-offensive israélienne pour réduire, en un temps record, une stratégie d’expansion de quatre décennies.
La destruction des plates-formes opérationnelles sur l’ensemble de la région a remodelé le paysage géostratégique et politique de manière irréversible. Il y a désormais un avant et un après, à partir duquel il faudrait repenser les dynamiques régionales. Cette dynamique n’a d’autre aboutissement que la destruction de cette dystopie meurtrière et de l’idéocratie qu’elle a mise en place. Nous avons affaire au même scénario de fin de règne du communisme: le roi est désormais nu. Il faudrait désormais abattre cette pétrification idéologique, pour permettre aux dynamiques alternatives, dans l’ensemble de ces sociétés, de reprendre de l’élan et de s’exprimer.
La mort programmée de l’impérialisme chiite risque de ressusciter les fantasmes de l’impérialisme sunnite, dans ses variantes étatiques et terroristes. Les velléités turques, qataries, les quiétismes et leurs modulations terroristes sont au programme, tout en sachant que la défaite coordonnée de l’islam militant a déjà cassé les mythes révolutionnaires et mis à nu leur nature meurtrière et la vacuité de leur promesse.
L’endiguement de l’islamisme iranien va de pair avec l’anéantissement d’Al-Qaïda et de l’État islamique. La stabilisation du ventre mou qu’est le Proche-Orient passe inexorablement par ce double barrage qui devrait mettre un terme aux délires des impérialismes musulmans. La problématique des réformes (politique, culturelle, religieuse et sociale) dont ces sociétés ont cruellement besoin tient le devant de la scène. Il est déjà temps d’enterrer l’adage de l’islamisme «je hais l’ensemble de l’humanité donc j’existe». Les échecs sont à scruter à l'intérieur du corpus islamique et de ses scories idéologiques et des sociétés et non ailleurs.
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