Mort de Pierre Nora, passeur de l’histoire et de la mémoire françaises
Les historiens français Pierre Nora (à gauche) et Hélène Carrère d’Encausse assistent à la cérémonie de réception de l’écrivain Alain Finkielkraut à l’Académie française, le 28 janvier 2016 à l’Institut de France à Paris. ©Jacques DEMARTHON / AFP

L’historien et académicien Pierre Nora est mort le 2 juin 2025 à l’âge de 93 ans. Figure majeure de la mémoire collective française, il laisse une œuvre fondatrice sur l’identité nationale.

L’historien et académicien Pierre Nora est mort le 2 juin 2025 à l’âge de 93 ans. Figure majeure de la mémoire collective française, il laisse une œuvre fondatrice sur l’identité nationale.

L’historien et éditeur français Pierre Nora, membre de l’Académie française, est mort lundi à l’âge de 93 ans, a annoncé sa famille à l’AFP.
«Anne Sinclair Nora a la douleur d’annoncer le décès de son époux Pierre Nora survenu le 2 juin 2025», a indiqué la famille dans un communiqué transmis par le neveu de l’historien, l’éditeur Olivier Nora.

Né le 17 novembre 1931 à Paris, Pierre Nora est issu d’une famille de la grande bourgeoisie juive parisienne.

Agrégé d’histoire en 1958, il part en pleine guerre d’Algérie enseigner à Oran – française à l’époque – d’où il ramène en 1960 un essai de psychologie collective Les Français d’Algérie.

En 1971, il dirige avec Jacques Le Goff la publication de Faire l’histoire, une enquête en trois volumes sur la civilisation dans ses manifestations les plus quotidiennes (la cuisine), les plus intimes (le corps), individuelles ou collectives (la fête).

Il est surtout connu comme le maître d’œuvre d’un ouvrage qui fait référence sur l’identité culturelle et historique de la France, Les Lieux de mémoire, en trois tomes (La République en 1984, La Nation en 1986 et Les France en 1992).

«J’ai voulu étudier la mémoire nationale et, plutôt que de faire des généralités, il m’a paru plus excitant d’étudier les lieux (emblèmes, symboles, musées, archives, institutions etc.) où elle s’est condensée et exprimée», expliquait-il en 1984.

Pierre Nora a fait surgir «un nouvel objet d’histoire», a résumé l’historien français René Rémond, à propos de cette somme qui traite du Panthéon, du Tour de France, du Code civil, de l’encyclopédie Larousse, des funérailles de Victor Hugo, de la forêt ou encore de la vigne.

Cet intellectuel que L’Express qualifia de «déchiffreur de l’identité française», qui affirmait qu’il fallait «penser la nation sans nationalisme» et qui passait pour dédaigner le pouvoir, intervenait fréquemment sur les sujets les plus sensibles de l’Histoire de la France contemporaine, depuis la guerre d’Algérie.

Il devint en 2007 président de l’association Liberté pour l’histoire, qui défend la liberté d’expression des historiens contre les interventions politiques. «Ce n’est pas au juge ni au législateur de dire l’Histoire», affirmait-il.

Il a été également l’un des grands noms de l’édition en France, chez Gallimard, où il a créé et dirigé plusieurs collections de référence en histoire et sciences humaines.

Après avoir formé des générations d’étudiants en tant que directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et comme enseignant à Sciences Po Paris, il avait été élu à l’Académie française en 2001.

Il a publié deux livres de souvenirs en 2021 et 2022 chez Gallimard, Jeunesse et Une étrange obstination.

Pierre Nora, qui partagea sur le tard la vie de la journaliste Anne Sinclair, a aussi été directeur de la revue Le Débat et membre fondateur de l’influente fondation Saint-Simon.

With AFP

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