Le Liban finaliserait un plan de retour pour les déplacés syriens
Un plan de retour pour les déplacés syriens aurait été finalisé par le gouvernement libanais. ©Al-Markazia

Le dossier des déplacés syriens au Liban semblerait dans sa phase de finalisation. Selon des informations rapportées par le quotidien panarabe Asharq al-Awsat, la commission ministérielle chargée du suivi du dossier des déplacés et migrants syriens aurait mis en place un nouveau plan de retour volontaire, qu’elle entend soumettre prochainement au Conseil des ministres en vue de son approbation et de sa mise en œuvre.

Ce plan s’inscrit dans un contexte géopolitique en mutation, marqué par l’amélioration relative des conditions sécuritaires en Syrie et l’annonce de la levée des sanctions américaines par l’administration Trump.

Vers un retour progressif et encadré

La commission aurait élaboré une feuille de route en plusieurs phases visant à faciliter le retour d’une partie des quelque 1,4 million de déplacés syriens présents sur le sol libanais, dont 717.657 sont enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Selon le quotidien Asharq al-Awsat, de nombreux Syriens ont, pour diverses raisons, commencé à regagner leur pays, bien qu’aucun chiffre officiel ne permette de quantifier ces retours. Le président de la commission, le ministre Tarek Mitri, a cité une enquête du HCR indiquant qu’une part significative des déplacés expriment aujourd’hui leur volonté de rentrer. D’autant plus que, selon lui, le gouvernement syrien, désormais dirigé par le président Ahmad el-Chareh, ne s’oppose pas à ce retour, bien qu’encore préoccupé par les conditions de vie des rapatriés.

Le ministre a, dans ce contexte, précisé que la première phase du plan devrait être lancée avant la rentrée scolaire de septembre 2025, avec un objectif estimé entre 200.000 et 300.000 retours, selon le déroulement de l’opération.

Organisation logistique et incitations financières

Le plan distingue deux formes de retour: organisé et non organisé. Les déplacés optant pour le retour organisé pourront s’enregistrer, bénéficier d’un transport collectif par bus jusqu’en Syrie et percevoir une aide de 100 dollars par personne. Les retours non organisés – effectués à l’initiative des déplacés – ouvriront droit à la même aide financière, bien que les intéressés doivent organiser eux-mêmes leur départ.

La Sûreté générale libanaise s’est engagée à lever les pénalités liées au dépassement de séjour pour les personnes quittant définitivement le territoire, à condition qu’elles ne reviennent pas au Liban.

Le ministre a, par ailleurs, annoncé que des bailleurs de fonds internationaux ont promis de soutenir les déplacés dans leur processus de réinstallation en Syrie, afin de limiter les retours clandestins vers le Liban pour raisons économiques. Il a toutefois affirmé qu’«une expulsion forcée massive est exclue».

Une aide humanitaire en déclin

Ce plan intervient alors que le soutien international aux déplacés au Liban s’amenuise. Le HCR a annoncé qu’il suspendrait, à compter de novembre 2025, son appui aux soins de santé pour les déplacés syriens, faute de financements. Lisa Abou Khaled, porte-parole de l’agence onusienne au Liban, a précisé, dans un entretien accordé au quotidien panarable, que l’organisme devra cesser complètement la couverture des frais hospitaliers d’ici la fin de l’année.

Le soutien aux soins primaires a déjà été interrompu, impactant directement environ 80.000 déplacés. Les programmes d’aide financière en espèces ont également été réduits de 65% depuis janvier, affectant 350.000 personnes, tandis que 200.000 autres pourraient perdre leur aide dès septembre, à défaut de financements supplémentaires.

Autre signal d’alerte: les programmes éducatifs, notamment ceux destinés aux enfants non scolarisés, prendront fin dès juillet, laissant quelque 15.000 enfants sans solution. Le HCR prévoit aussi une réduction de 30% de ses effectifs au Liban, avec plus de 150 postes supprimés d’ici fin 2025.

Un plan conjoint pour 400.000 retours

Face à ces défis, le HCR et ses partenaires humanitaires ont élaboré un plan de retour volontaire ciblant environ 400.000 déplacés syriens, dont 5.000 Palestiniens de Syrie. Ce programme prévoit une assistance au retour, incluant le transport et le soutien administratif pour l’obtention des documents requis.

Si le contexte offre, selon Mme Abou Khaled, «une opportunité positive pour envisager un retour durable», elle rappelle que la crise humanitaire en Syrie reste profonde. L’accès aux services de base, à l’éducation, au logement et à l’aide humanitaire demeure incertain, freinant les perspectives d’un retour massif à court terme.

 

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