Frappes, drones et ripostes: les mollahs jouent leur survie plus que la guerre.
©JACK GUEZ / AFP

le Proche-Orient s’est encore réveillé au goût métallique de la guerre. Cette fois, ce n’est pas un coup de semonce : c’est une gifle. Israël a déclenché son operation « rising lion » contre l’Iran, ciblant les sites nucléaires, les bases de missiles balistiques, les aéroports militaires, et même les responsables supposés bien gardés de l’appareil de sécurité du régime. Une vingtaine de très hauts chefs militaires tués.

Et comme si l’humiliation ne suffisait pas, une opération aussi improbable qu’audacieuse aurait permis au Mossad, de monter une base de lancement de drones en plein… Iran. Pas à la frontière, non. Dedans. Comme un post-it sur le miroir d’un dictateur, pour lui rappeler qu’il est vulnérable.

La réponse iranienne n’a pas tardé. Quelques centaines de drones puis de missiles ont été lancés en grande pompe vers Israël le nuit dernière. Des salves massives sur le papier, mais sur le terrain? À peine 10 % ont franchi le rideau défensif.

Mais ce n’est pas là que réside la véritable contre-attaque iranienne. Car pendant que les radars suivaient les missiles, Téhéran activait un autre levier: celui de la peur intérieure. Coupure d’Internet, blocage de WhatsApp, "manifestations spontanées" en soutien au régime ,  toujours les mêmes pancartes bien imprimées, toujours les mêmes slogans hurlés par des foules encadrées. Le régime ne riposte pas tant pour sauver sa fierté que pour sauver sa peau.

Car derrière les vitres blindées mais inefficaces du pouvoir iranien, on le sait : ce n’est plus seulement la guerre contre l’ennemi extérieur qui compte. C’est la guerre pour la survie intérieure. Le peuple iranien, lassé des slogans nucléaires et des sanctions chroniques, commence à voir à travers le rideau de fumée. Chaque frappe israélienne est une piqûre de rappel : le régime ne protège pas la nation, il se protège lui-même.

Le soutien populaire ? Une mise en scène. Le patriotisme ? Une camisole. Les mollahs ne cherchent pas à répondre à Israël, mais à étouffer la question qui hante les couloirs de Téhéran : et si tout s’effondrait ?

On assiste en réalité à une double mise en abîme. Israël frappe pour montrer qu’aucun site n’est hors de portée, ni nucléaire, ni symbolique. L’Iran répond par une offensive de façade, pendant qu’il barricade les rues et les réseaux. Le message est clair : ce régime n’est plus capable de riposter militairement de manière décisive, mais il reste redoutable dans l’art de la répression.

Alors chutent-ils ? Pas encore. Mais ils tanguent. Et plus ils tanguent, plus ils cognent. Vers l’intérieur. et il est probable que la situation s’aggrave dans les prochaines semaines.

La suite pourrait ressembler à une spirale : plus Israël ciblera des points névralgiques, plus le régime iranien se repliera sur sa population comme sur une forteresse. À force d’utiliser le peuple comme bouclier, il finira peut-être par se faire poignarder dans le dos. Pas par des missiles. Par la rue. Par la lassitude. Par le soupir d’un pays fatigué d’être l’alibi d’un pouvoir qui ne croit plus qu’en sa propre survie.

Chuteront-ils ? Pas encore. Mais l’Iran, aujourd’hui, ne défend plus une révolution : il défend une rente de pouvoir, un crépuscule de privilèges, un théâtre qui s’effondre scène après scène. Et les rideaux, eux, commencent à brûler.

 

 

 

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