«Rising Lion»: opération américaine et moyens israéliens... Dernière guerre au Moyen-Orient?
©Ici Beyrouth

L’opération israélienne «Rising Lion», lancée à l’aube du vendredi contre l’Iran, dépasse largement le cadre d’une riposte sécuritaire. Elle s’inscrit dans une stratégie plus vaste de pression directe menée par Washington contre Téhéran. Cette offensive, qui coïncide avec l’expiration du délai de soixante jours fixé par Donald Trump pour relancer les négociations sur le nucléaire, marque un tournant: celui du passage des menaces à l’action.

Alors que l’Iran se préparait à une sixième session de négociations indirectes à Mascate, Israël a pris les devants avec une frappe préventive visant des installations nucléaires – en tête, le site de Natanz – et l’élimination de figures scientifiques et sécuritaires clés du régime.

Tel-Aviv et Washington ont adopté une stratégie d’ambiguïté et de désinformation médiatique, garantissant l’effet de surprise. Selon des sources médiatiques israéliennes, le Mossad aurait mené des opérations au cœur du territoire iranien, neutralisant des défenses aériennes, des batteries sol-air, et ciblé les infrastructures de communication à l’aide de drones kamikazes.

Dans le même temps, Washington déployait des mesures préventives, à savoir: l’évacuation de personnels non essentiels dans ses ambassades régionales et le lancement d’alertes adressées à ses ressortissants. Par ailleurs, le président Trump a insisté sur le fait que les États-Unis ne permettront jamais à l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire.

Téhéran, pour sa part, a réaffirmé que ce type d’armement ne faisait pas partie de sa doctrine militaire, comme l’ont soutenu le ministre des Affaires étrangères Abbas Arakji et le président Massoud Pezeshkian. Ce dernier a souligné que l’Iran ne cherchait pas à se doter de l’arme nucléaire. Une position que certains diplomates occidentaux jugent suffisante pour relancer le dialogue. Mais la crise va bien au-delà du nucléaire: elle touche au rôle régional de l’Iran et de ses bras armés dans plusieurs pays.

Ce rebondissement pousse plusieurs capitales arabes à clarifier leurs positions, quittant le flou diplomatique pour se rapprocher d’un axe de stabilisation. Téhéran se trouve à la croisée des chemins: revenir à la table des négociations sous de nouvelles conditions, ou s’enfoncer dans l’isolement et l’escalade.

Le Liban tente de se tenir à l’écart du brasier; à bon escient – pour l’instant. Cependant, les répercussions régionales s’y font déjà sentir. D’aucuns redoutent que cette frappe israélienne ne gèle le processus de désarmement des groupes armés illégaux, notamment dans les camps palestiniens, après l’accord de Baabda entre les présidents libanais Joseph Aoun et palestinien Mahmoud Abbas. La première étape, prévue pour le 15 juin, a, en effet, été reportée en raison du climat d’escalade.

Quant aux armes du Hezbollah, historiquement liées au soutien iranien, elles ne semblent plus servir aux intérêts de l’axe de la Moumanaa comme auparavant. Partant, le gouvernement libanais a clairement signifié au Hezb que toute décision militaire relève désormais exclusivement de l’État. Un rappel à l’ordre que le Hezbollah semble accepter, du moins pour le moment.

C’est dans ce contexte que l’ambassadeur américain Thomas Barrack est attendu à Beyrouth, porteur d’une supposée nouvelle feuille de route pour la région. Des médiations sont également en cours, notamment russes, pour éviter une explosion incontrôlable du conflit.

Reste à savoir si cette guerre s’arrêtera là ou si elle s’étendra à d’autres théâtres si les alliés de Téhéran entrent en lice.

Malgré tant d’incertitude, certains analystes affirment que le «train de la paix» est lancé. Il filerait vers un nouveau Moyen-Orient, épuré de ses régimes radicaux – sunnites comme chiites. Si cette lecture s’avère juste, alors la confrontation actuelle entre Israël et l’Iran pourrait bien marquer la fin d’un cycle historique: la dernière grande guerre avant la reconfiguration géopolitique de la région.

Mais l’avenir reste suspendu à cette question cruciale: cette frappe est-elle un éclair fugace ou le début d’un long embrasement qui redessinera durablement le Moyen-Orient?

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