Guerre: assurances tous risques
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Officiellement neutre dans l’escalade militaire entre Israël et l’Iran, le Liban n’en ressent pas moins les premières secousses économiques. Les tensions régionales, qui gagnent en intensité, commencent à affecter le secteur de l’assurance, notamment dans les domaines du transport maritime, aérien et des risques de guerre, étroitement liés aux mécanismes de réassurance. Les primes d’assurance liées à ces secteurs sont les premières à encaisser le choc d’un Proche-Orient à haut risque.

Liban en zone orange: un risque élevé sous surveillance

Le Liban est désormais classé en zone orange par les réassureurs, selon un acteur du secteur, interrogé par Ici Beyrouth sous couvert d’anonymat. Une position intermédiaire qui épargne au pays le statut de zone de guerre (zone rouge), tout en lui reconnaissant un niveau de risque élevé, caractéristique des régions sujettes aux conflits ou à l’instabilité chronique.

Cette classification repose notamment sur les listes émises par le Joint War Committee (JWC), une instance londonienne regroupant les grandes compagnies d’assurance maritime, dont les membres du Lloyd’s Market Association (LMA) et de l’International Underwriting Association (IUA). Le JWC identifie les «Listed Areas», zones sensibles pour le transport mondial, qui servent ensuite de référence aux assureurs pour fixer les conditions, franchises et exclusions de leurs polices.

Face à l’incertitude régionale, les réassureurs réévaluent régulièrement leurs engagements. Les primes sont fluctuantes. «Il suffirait qu’un missile s’abatte accidentellement sur le territoire libanais pour que le pays bascule dans la zone rouge, synonyme de risque extrême», alerte la même source.

Des primes encore maîtrisées, mais jusqu’à quand?

Pour l’heure, les hausses de primes restent contenues, selon un autre assureur libanais interrogé par Ici Beyrouth. Il évoque des ajustements «encore acceptables», tout en exprimant son inquiétude: si le conflit devait s’intensifier dans les prochains jours, les tarifs pourraient connaître une flambée brutale.

Concrètement, certains réassureurs ont maintenu leurs tarifs inchangés, tandis que d’autres ont appliqué des augmentations modérées, entre 5% et 10%. Concernant les navires transitant par le détroit d’Ormuz, les primes demeurent élevées mais stables, aucun ajustement n’ayant été enregistré à ce jour.

Risques de guerre: les réassureurs suspendent temporairement la couverture

Du côté des polices de guerre, plusieurs réassureurs ont annoncé dès vendredi la suspension de toute tarification, non seulement pour le Liban, mais également pour plusieurs pays du Golfe. Ces derniers, bien qu’épargnés jusqu’ici par les hostilités, sont désormais considérés comme zones à haut risque.

Cette suspension n’équivaut pas à un arrêt total de la couverture, précise une source du secteur, mais à une pause temporaire, le temps que la situation militaire et géopolitique se clarifie. En attendant, le secteur de l’assurance reste en veille, suspendu à l’évolution du conflit.

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