
Le panier de légumes du Libanais moyen commence à ressembler à un produit de luxe. Ces dernières semaines, les prix des fruits et légumes ont grimpé en flèche, faisant froncer les sourcils des consommateurs. Entre étals clairsemés et porte-monnaie à sec, la salade de fin de mois devient indigeste.
Vous trouvez vos tomates trop chères? Non, ce n’est pas une illusion d’optique sur l’étiquette du supermarché. C’est bien la réalité du marché agricole libanais en 2025. Entre météo capricieuse, guerre, carburants hors de prix et engrais en or massif, les fruits et légumes vivent leur meilleure vie…
Selon Ibrahim Tarchichi, président de l’union des agriculteurs et cultivateurs de la Békaa, les prix ont quasiment doublé. Pourquoi? Parce que Dame Nature a décidé de jouer aux montagnes russes météo, tandis que les coûts d’exploitation explosent. Autrement dit, quand il ne pleut pas au mauvais moment, c’est l’irrigation qui coûte une fortune. Pas facile de faire pousser des tomates quand on peine à faire jaillir de l’eau.
M. Tarchichi tire la sonnette d’alarme: le pire est à venir dès juillet, avec une nouvelle vague de hausses des prix. Le problème? Une pénurie d’eau alarmante: les puits artésiens sont à sec ou presque, et pomper coûte désormais dix fois plus cher qu’avant. À ce rythme, arroser un champ coûte plus que remplir sa voiture d’essence, et c’est dire...
À ces facteurs s’ajoutent, selon un grand agriculteur du sud du pays, d’autres raisons tout aussi préoccupantes. «Cette année, en plus d’une pluviométrie qui est exceptionnellement basse, plusieurs terres agricoles ont été détruites durant la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce qui a réduit considérablement la production. De plus, de nombreux agriculteurs, découragés par la situation, ont abandonné la profession. Résultat: la demande reste stable, mais l’offre a chuté, créant un déséquilibre majeur sur le marché», indique-t-il à Ici Beyrouth.
En parallèle, l’augmentation récente des taxes sur les carburants et celle du prix des engrais ont encore alourdi la facture. «Les commerçants, pour préserver leurs marges, augmentent à leur tour les prix. Dans cette chaîne fragilisée, ce sont les agriculteurs qui paient le plus lourd tribut», déplore-t-il. «Non, les prix ne montent pas par appât du gain, mais parce qu’on survit à peine», martèle de son côté M. Tarchichi.
Et si rien n’est fait rapidement, c’est une véritable crise alimentaire qui pointe à l’horizon.
Bref, si vous trouvez que la laitue a un goût amer ces jours-ci, ce n’est pas qu’elle est mal lavée… c’est qu’elle coûte une blinde.
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