Dans un monde troublé, l'écrivain Tahar Ben Jelloun peint l'apaisement
L'écrivain marocain Tahar Ben Jelloun admire ses peintures lors de son exposition, la première consacrée à ses propres œuvres, au Musée Mohammed VI d'art moderne et contemporain à Rabat, le 17 juin 2025. ©Anouk RIONDET / AFP

Tahar Ben Jelloun, l’un des écrivains francophones les plus traduits, dévoile au Musée Mohammed VI de Rabat une facette méconnue: la peinture. Jusqu’au 30 juin, une quarantaine de toiles, entre couleurs et apaisement, sont à découvrir, loin de l’engagement de ses écrits.

Écrivain francophone parmi les plus traduits au monde, Tahar Ben Jelloun dévoile au Maroc une de ses facettes méconnues: la peinture. À travers des toiles colorées, il entend exprimer l'apaisement dans un monde tourmenté où «la paix est maltraitée par les plus grandes puissances».

Jusqu'au 30 juin, le Musée Mohammed VI d'art moderne et contemporain de Rabat présente, sur fond bleu électrique, une quarantaine de toiles acryliques de l'auteur franco-marocain, Prix Goncourt 1987 pour La Nuit sacrée.

«J'expose depuis une quinzaine d'années», dit Tahar Ben Jelloun à l'AFP, mais il s'agit d'une première dans ce musée «très important» au Maroc qui a accueilli des expositions Picasso, Van Gogh ou Monet. Pour le septuagénaire, c'est une «consécration».

Sa peinture reflète son tempérament, «celui d'un homme de paix», dit-il. «J'ai milité toute ma vie pour cela, dans mes écrits, mes articles, mes combats. Et en ce moment, la paix est maltraitée par les plus grandes puissances».

Pourtant, assure-t-il, sa peinture «n'est pas du tout engagée», ni «chargée d'idéologie, de politique ou de sociologie». «C'est de l'art dans le sens le plus simple, le plus immédiat, le plus sincère.»

«Clin d'œil»

Contrairement à ses romans ou essais qui sont «des engagements personnels sur les problèmes que nous vivons, que ce soit la Palestine, les enfants des rues, la condition de la femme, l'immigration, le racisme», rien de cela dans ses toiles.

Les écrits de Tahar Ben Jelloun «m'ont fait voyager», sa peinture apporte «joie et bonheur», estime Mehdi Qotbi, président de la Fondation Nationale des Musées au Maroc à l'origine de l'exposition démarrée début avril.

«Si on peint, c'est pour faire plaisir aux autres, leur donner envie d'être bien», abonde M. Ben Jelloun, dont les toiles contiennent souvent des portes, symboles de «liberté et spiritualité».

Certains tableaux comportent des textes, un «clin d'œil à la poésie que j'écris», dit celui qui s'est lancé dans la peinture en 2012, poussé par un ami, avec une première exposition un an plus tard.

Tahar Ben Jelloun, déjà exposé en France ou Italie, prépare une grande exposition à Zurich en octobre. En janvier 2026, il présentera à Casablanca des vitraux réalisés à partir de ses toiles.

Également chroniqueur, essayiste ou psychothérapeute, l'écrivain ne cesse d'explorer. Interrogé sur une possible expérimentation musicale, il répond avec humour: «J'adore la musique… Mais ce serait une catastrophe.»

Par Anouk RIONDET / AFP

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