Électricité au Liban: l’été où tout peut disjoncter
Centrales d'EDL à bout de souffle. ©Ici Beyrouth

Avec les températures qui grimpent, la consommation d’électricité au Liban suit, elle aussi, une courbe ascendante vertigineuse. Entre climatiseurs qui tournent à plein régime, maisons de montagne rouvertes et expatriés de retour qui rallument frigos et chauffe-eau, les compteurs s’emballent. Et derrière cette fièvre estivale, une question revient comme chaque année: les deux centrales électriques encore en activité pourront-elles tenir le coup? Ou le Liban va-t-il une fois de plus frôler (ou plonger dans) le black-out général?

Avec l’arrivée de l’été, la chaleur monte. La consommation électrique aussi. Selon les responsables du secteur de l’Énergie, la consommation d’électricité augmente d’environ 30 à 40% entre l’hiver et l’été, principalement en raison de la climatisation et de l’ouverture des résidences secondaires. Sans compter le retour de milliers d’expatriés qui, en bons citoyens thermosensibles, remettent leurs maisons en marche après des mois de fermeture. Résultat: la demande s’envole, mais l’offre, elle, peine toujours à suivre.

Deux centrales pour un pays entier

Aujourd’hui, le Liban ne compte plus que deux centrales électriques opérationnelles: Zahrani et Deir Ammar. Ensemble, elles fournissent entre 870 et 940 MW en conditions normales, soit environ la moitié de la capacité installée d’EDL, autour de 1.800 MW. Mais pendant l’été, la demande dépasse souvent les 3.000 MW, provoquant d’importants déficits. La marge est donc mince, très mince.

La seule source actuelle de fuel reste l’accord d’échange avec l’Irak. Le ministre de l’Énergie, Joe Saddi, rappelle à Ici Beyrouth qu’il existe deux contrats: l’un signé par l’État libanais via le ministère de l’Énergie, et l’autre directement entre EDL et l’Irak, avec un paiement direct.

Pour l’instant, ces deux accords assurent l’approvisionnement, mais aucune autre source alternative n’est confirmée. En clair: tout repose sur ces livraisons, au rythme des cargos et du carburant disponible.

Le directeur général d’EDL, Kamal Hayek, admet que les défis sont réels, mais assure que ses équipes font de leur mieux pour maintenir la production dans les limites des ressources. Une traduction simple? «On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a.»

Mais si une panne survient dans l’une des deux centrales, ou si les livraisons de fuel prennent du retard, le spectre du black-out redevient une réalité imminente.

Le Liban s’apprête donc à vivre un été sous haute tension, au sens propre comme au figuré. Avec 40% de demande en plus, deux centrales sur les rotules, une seule source de fuel et des milliers de climatiseurs qui tournent en boucle, la stabilité du réseau tient à un fil… de cuivre surchauffé.

Alors, un conseil pour cet été: gardez une bouteille d’eau fraîche à portée, un ventilateur manuel en plan B… et surtout, de la patience. La lumière n’est pas garantie.

Commentaires
  • Aucun commentaire