Plages libanaises: la fonte des graisses
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D’habitude, quand on parle des plages au Liban, c’est pour évoquer leur état en termes de pollution. Cet été, quelque chose a changé. On ne scrute plus les sacs en plastique qui flottent. Ce n’est pas la température (toujours chaude), ni le prix des entrées (toujours délirant), ni même le volume de la musique (toujours insupportable). Non, c’est le tour de taille moyen des baigneurs. Et là, on peut parler d’une véritable révolution. Ou plutôt, d’une fonte collective.

Exit les poignées d’amour, les ventres proéminents et les silhouettes généreuses. Place aux hanches fines et aux silhouettes filiformes qui s’étendent sur le sable comme des publicités pour magazines de mode.

C’est simple: on dirait des plages sponsorisées par un logiciel de Photoshop. Le secret? Deux mots, produits incontournables dans la vie d’une partie des Libanais. O… ou son cousin M…. On ne les nommera pas, mais tout le monde les reconnaîtra.

Au Liban, ces injections conçues à la base pour traiter le diabète sont souvent détournées pour la perte de poids. Elles sont devenues plus courantes que les coupures d’électricité. Une piqûre par semaine, et hop, les kilos s’évaporent comme les promesses de désarmement. L’arme de destruction massive des calories. On passe de Dabké Queen à Top Model.

Et comme tout ce qui marche au Liban: tout le monde s’y est mis. Les pharmacies sont régulièrement en rupture de stock. Les gens se ruent sur les petits stylos magiques. Résultat: une épidémie de sveltesse sans précédent. On fond, on disparaît, on s’évapore dans nos maillots XS.

Mais attention, cette nouvelle norme corporelle a un prix. Au sens propre du terme. Ceux qui peuvent s’offrir ces médicaments dont les prix vont de 100 à 1.000 dollars par mois arborent désormais leur minceur comme un badge social, tandis que ceux qui n’ont pas les moyens de suivre ce régime par seringue gardent leurs rondeurs… Autant dire qu’on ne perd pas que du poids, on perd aussi son salaire. Les minces sont sous traitement, les plus dodus sont en attente de virement bancaire. On ne parle plus de classes sociales, mais de classes pondérales.

Un phénomène inédit s’installe: la morphologie comme indicateur socio-économique. On ne lit plus la classe sociale sur les montres, les voitures, le «chalet» ou les lunettes de soleil, mais sur les hanches et les bras. Un ventre plat? C’est que vous êtes une vraie success story financière. Un petit bide? Vous êtes dans le besoin. Du coup, les corps sur les plages sont devenus un nouveau marqueur social, instagrammable.

Bref, sur les belles côtes du Liban, on bronze toujours autant, mais on maigrit désormais à vue d’œil. Un été light, littéralement.

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