Coût de la vie: le Liban sous pression
Liban: l’inflation recule, mais le coût de la vie reste lourd pour les ménages. ©Shutterstock

Jusqu’en juin dernier, l’indice des prix à la consommation au Liban affichait une hausse annuelle d’environ 15%, une baisse spectaculaire par rapport au pic vertigineux de 253,55% atteint à la même période en 2023. Cette décrue s’explique essentiellement par la stabilisation du taux de change, après des mois de dépréciation majeure de la livre libanaise.

Pour autant, malgré cette baisse relative de l’inflation, le pays reste l’un des plus coûteux pour ses habitants. Les restaurants affichent complet midi et soir, traduisant un paradoxe bien connu: «les riches s’affichent, les pauvres se cachent», comme le rappelle un dicton local. Le ministre du Travail, Mohamad Haïdar, reconnaît d’ailleurs que le salaire minimum réévalué à 28 millions de livres, soit environ 319 dollars, contre 18 millions en juillet dernier, demeure insuffisant pour assurer une vie décente. «C’est le maximum possible, pour le moment», concède-t-il.

Face à cette situation, le Comité de l’indice des prix a promis de poursuivre ses travaux jusqu’en décembre, avec des réunions régulières et des rencontres bilatérales entre plusieurs secteurs. Objectif: trouver des solutions pour améliorer le salaire minimum et les prestations sociales. En attendant, de nombreux Libanais devront encore se serrer la ceinture.

Une inflation élevée malgré la stabilité monétaire

L’indice des prix est calculé sur la base des prix en livre libanaise, ce qui rend la stabilité du taux de change cruciale. Pourtant, le niveau actuel de l’inflation reste excessif pour un pays où le taux de change n’a pas connu de fluctuations depuis plus de deux ans.

Pour comprendre la persistance de la cherté, il faut examiner les variations détaillées des prix par poste de dépense, selon les données publiées par l’Administration centrale de la statistique.

Les principaux moteurs de la hausse des prix

Les produits alimentaires ont vu leurs prix bondir de 20,79% en un an, soit près de 5 points de plus que la moyenne générale. Cette flambée s’explique par plusieurs facteurs: hausse continue des coûts de transport et d’assurance, instabilité sécuritaire régionale, notamment en mer Rouge, baisse de la production locale agricole et industrielle, et besoins accrus d’importations liés aux conséquences de la récente guerre israélienne contre le Liban. À cela s’ajoute l’insuffisance des mesures officielles pour freiner les hausses injustifiées pratiquées par certains importateurs et commerçants.

Le secteur du logement n’est pas en reste, avec une augmentation des loyers de 22,45% sur un an et des prix en hausse de 30% pour les appartements en propriété. Cette tension s’explique notamment par les déplacements massifs de population à la suite des destructions ou des dommages subis par quelque cent mille logements durant le conflit opposant le Hezbollah à Israël. Le mois de juin, marqué par le début de la saison estivale et l’arrivée des expatriés, a vu les loyers grimper de près de 4%.

Du côté des services, les soins de santé ont connu une hausse de 21,7%, liée à l’augmentation des coûts d’importation des médicaments. Mais c’est le secteur de l’éducation qui enregistre la progression la plus forte: +30,6%, en raison de la remontée des frais de scolarité dans les écoles et universités privées, après des baisses conséquentes lors des années de crise.

Quelques postes restent stables, voire à la baisse

Par contraste, certains postes voient leurs prix stagner, voire baisser. Les transports, par exemple, ne progressent que de 2%, grâce à la baisse des coûts du carburant. Les télécommunications affichent même une diminution de 3,27%, contribuant ainsi à limiter la hausse globale de l’indice. Cette stabilité s’explique par le maintien des tarifs mobiles et internet durant l’année.

À l’approche de la saison estivale, les hôtels et restaurants ont augmenté leurs prix de 12,29% en juin, selon la tendance annuelle avant l’arrivée massive des expatriés. En revanche, les activités culturelles et de loisirs ont limité leurs hausses à environ 9%.

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