La visite de Morgan Ortagus: un élan stratégique pour la souveraineté et la stabilité du Liban
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À un moment critique pour le Liban, la visite récente de l’envoyée spéciale américaine Morgan Ortagus – accompagnée du sénateur Lindsey Graham – a offert bien plus qu’un simple geste diplomatique. Elle a envoyé un message clair et retentissant: les États-Unis soutiennent fermement l’État libanais, ses institutions et son peuple. Au-delà des apparences, cette visite a marqué un tournant politique, diplomatique et sécuritaire majeur pour un pays en quête urgente de soutien international renouvelé.

Un signal politique de confiance envers l’État libanais

Les propos de Morgan Ortagus lors d’un dîner privé à Beyrouth, organisé par le député Ragy el-Saad et l’homme d’affaires Tarek Ghali, ne laissaient place à aucune ambiguïté. Devant plus de cinquante personnalités politiques, diplomatiques et médiatiques, elle a affirmé sans détour que les États-Unis reconnaissent et soutiennent les institutions légitimes du Liban – en particulier les Forces armées libanaises (FAL) et le gouvernement central – comme seule voie vers un avenir souverain et stable.

Sa déclaration selon laquelle «Naim Kassem et le Hezbollah ne représentent pas le peuple libanais mais des forces étrangères. Ils représentent l’Iran, pas les Libanais» s’est accompagnée d’une critique sévère à l’encontre du discours tenu par le numéro deux du Hezbollah la veille. Qualifiant ce discours de «pathétique», Ortagus a souligné le fossé grandissant entre la rhétorique du Hezbollah et les aspirations réelles du peuple libanais.

En dénonçant ouvertement les dirigeants du Hezbollah tout en affichant son alignement avec des figures telles que le président Joseph Aoun, le Premier ministre Nawaf Salam et le président du Parlement Nabih Berri – malgré leurs divergences politiques – elle a réaffirmé que l’unité du Liban doit se construire autour de ses institutions étatiques, et non autour de factions armées ou d’idéologies importées.

Une revalorisation diplomatique du Liban sur la scène internationale

La visite d’Ortagus a aussi permis de repositionner diplomatiquement le Liban dans un contexte régional marqué par la polarisation croissante. En insistant sur la souveraineté nationale et en rejetant toute domination étrangère – en particulier l’influence iranienne exercée par le Hezbollah – elle a rejoint les inquiétudes de ceux qui estiment que la neutralité libanaise s’effrite.

«Nous voulons la même chose que les dirigeants libanais: un Liban fort et souverain. Nous ne voulons pas d’un Liban contrôlé par qui que ce soit d’autre que l’État et son peuple», a-t-elle affirmé. Ce discours redéfinit le Liban, non comme un État en faillite, mais comme une nation capable de se réformer, de renaître et de se réinsérer dans le giron occidental.

Combinée à l’appel du sénateur Graham exhortant les Libanais à «choisir avec discernement», cette déclaration envoie un signal diplomatique fort : le Liban n’est pas abandonné, mais ses partenariats – notamment avec les États-Unis – restent conditionnés par des choix souverains.

Un cadre sécuritaire pour une stabilité durable

Le volet sécuritaire de la visite d’Ortagus est sans doute le plus déterminant. Elle a révélé que la prochaine étape clé serait la présentation par le commandant de l’armée libanaise d’un plan de désarmement au Conseil des ministres – une initiative que les États-Unis soutiendront activement sur les plans politique et matériel.

«Nous, les États-Unis, ferons tout notre possible pour soutenir l’État libanais et les Forces armées libanaises dans l’élaboration et surtout dans la mise en œuvre de ce plan», a-t-elle déclaré.

Dans un pays où les armes du Hezbollah ont longtemps éclipsé l’autorité de l’État, un tel appui américain à un plan concret de désarmement constitue un développement sans précédent. Cela transforme une revendication politique en une initiative de politique publique, avec un soutien international tangible.

De plus, en réaffirmant que «les États-Unis se tiennent aux côtés du Liban pour aider son armée et son gouvernement à restaurer l’autorité de l’État et à recouvrer sa souveraineté», Ortagus replace les FAL au centre de la sécurité nationale –  un rôle crucial alors que le Liban fait face à une instabilité frontalière, des troubles internes et des risques de conflits régionaux.

Un moment stratégique, un impact réel

La visite d’Ortagus est intervenue à un moment charnière. Le Liban est confronté à des défis internes croissants –  effondrement économique, paralysie institutionnelle, tensions accrues avec Israël – tandis que son rôle régional s’effrite sous l’effet de puissances concurrentes agissant par procuration.

En réaffirmant le soutien américain, en défendant la souveraineté libanaise et en abordant directement la question du Hezbollah, Morgan Ortagus a élevé le débat politique au-delà de la gestion de crise pour l’ancrer dans une perspective stratégique.

Elle n’a pas simplement délivré un message: elle a ouvert une voie à suivre.

Une visite qui redéfinit les priorités

La visite de Morgan Ortagus au Liban n’était pas un simple exercice diplomatique. Elle a marqué une réorientation des relations américano-libanaises autour de principes fondamentaux: la souveraineté, la légitimité et le renforcement institutionnel. Sa condamnation ferme du discours de Naim Kassem comme «pathétique» illustre un changement de ton et un positionnement américain plus affirmé face aux acteurs armés non étatiques.

Comme l’a résumé le sénateur Graham: «Si vous choisissez cette voie, de nombreuses portes s’ouvriront devant vous.» La visite a ouvert l’une d’elles. Il appartient désormais au Liban d’y entrer.

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