Les deux-roues, nouveaux rois – dangereux – de la route au Liban
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Depuis la crise de 2019, motos et scooters ont envahi les routes libanaises, devenant l’alternative économique face à l’effondrement financier. Flexibles, moins gourmands en carburant et plus abordables, ils sont désormais omniprésents, au point de transformer la circulation en véritable fourmilière mécanique, le plus souvent au mépris du Code de la route. Pourtant, le gouvernement peine à délivrer les permis nécessaires, laissant les conducteurs dans une zone grise légale.

La crise économique libanaise a poussé de nombreux individus à rechercher des alternatives de transport plus abordables que les voitures. Les motos et mobylettes, consommant moins de carburant et offrant une plus grande flexibilité, sont devenues une solution privilégiée, envahissant les routes libanaises d’une façon quasi chaotique.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes: selon l’Autorité de gestion du trafic et des véhicules (la Mécanique) et le bureau d’études, Information International, plus de 50.000 unités ont été importées chaque année en 2023 et 2024. Une progression fulgurante, quand on se souvient qu’en 2021, seules 29.102 unités avaient franchi la douane, avant que ce chiffre ne grimpe à 47.077 en 2022.

Entre 2017 et 2022, le total s’élevait à 177.388 importations. Pourtant, ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité: une grande partie des motos et mobylettes circulent sans enregistrement officiel, indique-t-on de sources de la Mécanique. Ainsi, bien que le nombre réel de deux-roues en circulation soit estimé à plus de 1,5 million, à peine 289.000 étaient immatriculés en 2022, soit à peine 20%.

«Mes ventes ont doublé depuis 2020», confie un vendeur de scooters. Un témoignage qui illustre l’ampleur du phénomène.

Le paradoxe des permis de conduire

Paradoxalement, alors que motos et scooters prolifèrent, le gouvernement libanais ne délivre plus de permis de conduire pour deux-roues depuis environ trois ans. Et même auparavant, la procédure décourageait plus d’un candidat: certificat de résidence, photos certifiées, casier judiciaire, rapport médical… un véritable parcours du combattant. Conséquence: des milliers de conducteurs circulent sans permis, exposés aux accidents comme aux sanctions.

«J’ai dû attendre plus de six mois pour obtenir mon permis», raconte Ahmad, un jeune motard. «Pendant ce temps, j’ai continué à rouler sans permis, parce que c’était ma seule façon de gagner ma vie», confie-t-il. Le chaos administratif vient ainsi s’ajouter au chaos routier.

Ce phénomène entraîne plusieurs conséquences: accidents en hausse, souvent graves; non-respect des normes de sécurité (casque, éclairage, plaques, Code de la route); défis pour la police de circulation qui doit gérer un parc non enregistré sans outils efficaces. Le paradoxe est frappant: plus les deux roues occupent les rues, moins les structures officielles semblent à même d’accompagner ce mouvement.

 

 

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