
Dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies, le président Joseph Aoun a dressé un tableau des menaces qui pèsent sur le Liban, en appelant la communauté internationale à reconnaître le rôle essentiel du pays comme bastion de coexistence dans un Moyen-Orient déchiré.
«Il ne peut y avoir de développement sans paix, et de paix sans justice et dignité», a-t-il affirmé, soulignant l’aspiration du Liban à la paix et à la stabilité.
Le chef de l’État a ainsi rappelé que le Liban restait engagé à l’accord de cessez-le-feu avec Tel Aviv, mais a réclamé «l’arrêt des frappes israéliennes» et le retrait des forces israéliennes encore présentes en territoire libanais. Il a également plaidé pour «la libération des détenus libanais auprès d’Israël et que nous n’avons pas oubliés».
Plus largement, Aoun a inscrit ces revendications dans le contexte régional, estimant «tout aussi nécessaire de mettre fin au conflit à Gaza». Il a évoqué l’urgence de traiter les racines profondes de la violence, et non ses seules manifestations.
Le cœur de son message à l’ONU reposait cependant sur la défense d’un modèle «unique dans la région: celui d’un vivre-ensemble réel au Liban, basé sur la coexistence communautaire dans le cadre d’un système démocratique fondé sur la parité islamo-chrétienne».
«Dans une région où des individus sont tués en raison de leur croyance, le Liban apparaît comme un modèle unique qui mérite de vivre et d’être préservé», a-t-il martelé. «Une des raisons des guerres menées contre mon pays est précisément de porter un coup à ce modèle de coexistence», a-t-il averti.
Pour le chef de l'État, la chute de cet équilibre ne serait pas seulement une tragédie nationale, mais une perte pour l'ensemble du Moyen-Orient, dans la mesure où cette chute «favoriserait l’émergence de l’intégrisme»: «Si ce modèle tombe au Liban, il ne pourra pas être réédité ailleurs», a-t-il encore mis en garde.
Joseph Aoun a appelé à un soutien international clair au pays, après avoir rappelé que le pays se conforme aux feuilles de route qui lui ont été proposées en vue de l’aider à se remettre sur pied.
Il a énuméré les mesures prises dans ce contexte, notamment pour étendre l’autorité de l’Etat sur tout le territoire, tout en exposant les difficultés auxquelles le Liban continue d’être confronté, dont notamment la présence massive de déplacés syriens et l’instabilité qui prévaut toujours au Liban-Sud.
M. Aoun a sollicité l’aide de l’ONU et de la communauté internationale, se disant prêt à signer avec la Syrie «des accords et des ententes couvrant les divers aspects de nos relations bilatérales». «L’objectif étant le retour des Syriens dans leur pays, en sécurité et dans la dignité, ainsi que l’établissement de relations bilatérales de bon voisinage et de coopération dans tous les domaines, pour effacer toutes les ambiguïtés du passé», a-t-il dit.
Le président a par ailleurs réclamé une réactivation du projet d’établissement, sur son sol, de «l’Académie de l’Homme pour la rencontre et le dialogue», dont le principe avait été adopté en septembre 2019 par l’Assemblée générale de l’ONU, à l’initiative de son prédécesseur, Michel Aoun. «Le Liban ne demande aucun privilège, mais une responsabilité internationale juste et équitable, qui lui permette de retrouver sa vocation: celle d’un havre de liberté et de pluralisme», a-t-il conclu.
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