Max Martin retrouve Taylor Swift pour réinventer la pop
La chanteuse américaine Taylor Swift se produit lors de sa tournée Eras Tour au Sofi Stadium à Inglewood, Californie, le 7 août 2023. ©Michael TRAN / AFP

Le producteur suédois Max Martin, auteur de 25 titres numéro un aux États-Unis, signe son retour aux côtés de Taylor Swift. Ensemble, ils préparent un album de 12 titres au son calibré pour marquer une nouvelle étape dans la carrière de la star.

Pour son nouvel album très attendu, Taylor Swift a rappelé le producteur suédois Max Martin, qui a révolutionné la pop moderne avec une formule alliant technologie, simplicité et vision globale d'un morceau.
Cheveux longs, barbe, préférence pour le noir, Karl Martin Sandberg, de son vrai nom, a plutôt les attributs d'un métalleux que d'une icône de la pop.
Le natif de Stenhamra, dans la banlieue de Stockholm, a d'ailleurs commencé sa carrière musicale dans le hard rock des années 1980, comme chanteur de son groupe It's Alive, inspiré, selon lui, de Metallica, Kiss ou Def Leppard.
Au début des années 1990, il se réoriente vers l'écriture ainsi que la production et trempe rapidement dans quelques morceaux de groupes suédois qui vont faire le tour du monde, comme Ace of Base ou Army of Lovers.
Sans quitter Stockholm, il attire à lui le boys band américain Backstreet Boys, qui va lui offrir son passeport pour les États-Unis avec un premier album vendu à plus de 14 millions d'exemplaires.
Max Martin tranche par sa propension à façonner un son mais aussi écrire et composer.
«C'est quelque chose qui a toujours été plus présent dans le hip-hop, où le producteur est souvent doué pour créer des +beats+» (le rythme ou le tempo d'une chanson), explique Michael Johnson, professeur au Berklee College of Music.
Comme dans le hip-hop, «ses tubes cherchent le +beat+ mémorable qui fait bouger», abonde Clay Stevenson, touche-à-tout comme le Suédois et professeur à l'université Elon.
«Ajoutez des paroles universelles et répétitives à des boucles mélodiques entraînantes», ajoute-t-il, «et vous avez la formule Max Martin.»

Pop monosyllabique

Cette recette fonctionne comme aucune autre depuis trente ans, avec 25 n°1 aux États-Unis à date, de Baby One More Time de Britney Spears à Blinding Lights de The Weeknd, en passant par Roar de Katy Perry.
Max Martin l'a mise au service de la jeune Taylor Swift (21 ans à l'époque), à la recherche en 2011 d'un nouveau son pour l'aider dans sa transition de la country vers la pop, avec l'album Red et plus encore 1989 et Reputation.
«Il lui a appris comment faire de la pop monosyllabique, sans phrase à rallonge et avec des mots qui sont là pour soutenir la musique», décrit Eric Weisbard, professeur à l'université d'Alabama.
«Dans la nouvelle ère Taylor Swift, les fans n'ont plus à suivre une histoire mais à vivre une aventure», observe Clay Stevenson. Max Martin «a joué un rôle crucial dans cette évolution.»
Après quelques albums intimistes, la superstar américaine a repris le fil avec Max Martin et son comparse Shellback, Suédois également, pour mettre en musique «l'effervescence» de sa vie en 2024, entre sa tournée monstre The Eras Tour et sa liaison avec le footballeur américain Travis Kelce, a-t-elle expliqué dans le podcast de ce dernier, New Heights.
Le résultat, attendu vendredi, un opus resserré à 12 titres seulement, avec des «bangers», selon Taylor Swift, c'est-à-dire des titres énergiques qui font remuer, comme c'était le cas de 22 ou Shake It Off à l'époque de leurs premières collaborations.
L'approche très réglée du producteur de 54 ans, qui assimile, à certains égards, la musique à un produit, a inspiré, pour beaucoup d'observateurs, la K-pop entre autres, mais n'est pas du goût de tout le monde.
«Il enchaîne tube après tube sans sembler se préoccuper beaucoup de l'authenticité de la musique», selon Clay Stevenson. Pour autant, «les producteurs américains peuvent penser que sa musique c'est du déjà vu, mais ils se mettent à la chanter après l'avoir écoutée.»
Pour Michael Johnson, cette image de Max Martin était surtout valable «quand il faisait les Backstreet Boys ou Britney Spears». Depuis, «il a gagné des Grammys (5)», rappelle-t-il. «Ce n'est plus la même histoire.»

Par Thomas URBAIN / AFP

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