Pétrole: trop de barils, pas assez de visibilité
Trop de barils, trop de mystères… et pourtant, les prix tiennent bon. ©Ici Beyrouth

Alors que l’offre de pétrole dépasse largement la demande en ce début d’octobre 2025, les prix restent étonnamment stables. Une énigme alimentée par des stocks chinois opaques et le mystère des volumes sanctionnés. Explications sur un marché qui navigue… à vue.

Les marchés pétroliers font face à une contradiction frappante: les cours du brut résistent malgré une surabondance annoncée. L’offre mondiale augmente rapidement, mais l’absence de données fiables sur certains stocks et sur le pétrole sanctionné rend difficile l’évaluation réelle de l’équilibre entre production et consommation, indiquent Reuters et le Financial Times.

L’offre mondiale prend le dessus

Les analystes s’accordent à dire que la production croît plus vite que la demande, et que le monde pourrait connaître une surabondance dès le quatrième trimestre 2025 et au premier semestre 2026. Pourtant, l’ampleur exacte de cette surproduction reste incertaine. L’Opep+ prévoit une croissance de la consommation deux fois plus élevée que celle anticipée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), ce qui illustre le manque de consensus sur les perspectives réelles du marché.

«Il y a trop d’angles morts sur le marché pour dresser un tableau réaliste», résume Reuters, soulignant que le pétrole est désormais aussi mystérieux que les épisodes d’une série à suspense.

Parmi ces angles morts, les stocks détenus par la Chine, premier importateur mondial de brut, sont sans doute les plus importants. Officiellement, Pékin ne communique pas sur ses réserves, mais selon des recoupements publiés par Reuters, le pays a importé depuis mars 2025 des volumes excédentaires, notamment en provenance de Russie, du Venezuela et d’Iran. L’excédent a atteint, selon Reuters, plus d’un million de barils par jour.

Le pétrole sanctionné: un fantôme qui soutient les prix

Autre facteur de confusion: le pétrole sanctionné. Les volumes commercialisés clandestinement, à bord de la «flotte fantôme», ne sont pas correctement répertoriés. Cette opacité contribue à maintenir les prix du Brent dans une fourchette stable entre 60 et 70 dollars le baril depuis juillet, malgré l’excédent annoncé, indique le Financial Times.

«Tant que la Chine continue d’acheter massivement et que la production russe et iranienne ne réintègre pas pleinement le marché, la perception d’un manque relatif soutiendra les cours, même si les barils s’empilent quelque part dans les ports ou sur les tankers fantômes», explique un analyste à Blomberg.

Plus que jamais, le marché du pétrole manque de lisibilité. En d’autres termes, même si les réservoirs débordent, les prix continuent de jouer au yoyo… ou plutôt au “je baisse, je monte, je stagne”, dans un ballet qui fait autant sourire que s’arracher les cheveux pour les traders.

En résumé: plus de barils que de besoins, des stocks invisibles et des sanctions fantômes. Le marché pétrolier en ce moment pourrait presque passer pour un thriller: l’intrigue est complète, mais le dénouement reste à écrire.

 

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