Monsieur Trump, il reste encore des otages…
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Oui, nous: les quatre millions et demi de Libanais, prisonniers d’un pays confisqué.
Nous vivons enfermés à ciel ouvert, sous le joug d’une milice qui a fait main basse sur un pays, un peuple et un État.

Le Hezbollah n’est pas une force de résistance. C’est une force d’occupation intérieure.
Il décide quand le Liban doit faire la guerre, à qui il doit obéir et jusqu’où il peut espérer respirer.
Il parle au nom de tous, mais ne représente que lui-même et son maître iranien.
Depuis ses innombrables «victoires divines», toutes des défaites dans la réalité, il s’enfonce dans la schizophrénie.
Il a perdu contre Israël, mais s’en félicite.
Il a détruit l’économie, mais se proclame protecteur du peuple.
Il déclenche une guerre de soutien au Hamas, mais quand ce dernier décide de rendre ses armes, lui s’arc-boute sur les siennes. À quelle fin?


Il devient de plus en plus évident que la cible de cet arsenal n’est pas Israël, mais la paix civile libanaise, avec une équation simple: soit je garde le contrôle du pays et impose ma loi, soit je casse tout.
Aujourd’hui, à cause de son entêtement, nous fonçons droit vers une nouvelle guerre. Perdue d’avance. Bien entendu. Une guerre dont personne ne veut, sauf ceux qui rêvent d’un chaos utile.

Monsieur Trump, nous savons que vous en avez assez des tergiversations et des compromissions locales. Nous aussi.
Le Liban ne mérite pas d’être le champ de bataille de l’Iran ni la vitrine sacrificielle de la «cause palestinienne». Il mérite la paix, la vraie, celle qu’on obtient quand on rend enfin les armes et qu’on laisse vivre les gens.

Monsieur Trump, quand vous parlerez à nouveau d’otages à libérer, pensez à nous, les détenus d’un pays magnifique où il pourrait faire si bon vivre. Un pays où les parents en ont assez de pleurer en disant au revoir à leurs enfants qui partent chercher un avenir ailleurs. Leur horizon ici est assombri par les drapeaux noirs de la martyrologie érigée en choix imposé de «vie».


Les Libanais, eux, ne rêvent plus. Ils craignent. Ils comptent les jours avant le prochain bombardement, la prochaine illusion de victoire.
Pendant ce temps, l’État avance prudemment, trop prudemment selon beaucoup.
Le Liban est comme un bateau dont des passagers armés jusqu’aux dents ont pris le contrôle: il file à grande vitesse vers l’iceberg.

Monsieur Trump, nous savons que vous ne pouvez pas forcément agir à notre place.
La vraie résistance, aujourd’hui, ce n’est plus celle des armes. C’est celle du peuple, silencieuse, épuisée, mais encore debout.

Albert Camus disait: «Il vient toujours une heure où il faut choisir entre contempler ou agir.»

Cette heure sonnera le jour où le Liban osera dire à ses geôliers: Assez!

D’ici là, de grâce, monsieur Trump, ne nous oubliez pas.

 

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