Les compétences en négociation renvoient aux capacités et aux méthodes qu’utilise une personne lorsqu’elle mène une discussion avec une autre partie afin d’aboutir à un accord satisfaisant pour les deux camps, sans pour autant sacrifier les intérêts ni les droits de l’un d’eux. Parmi les principales compétences de négociation figurent la planification, la gestion des attentes, la persuasion, la résolution de problèmes, la prise de décision, et surtout la capacité à protéger les droits de ceux au nom desquels on négocie.
Mais au Liban, les choses sont bien différentes : lorsque Samir Hammoud négocie avec le Fonds monétaire international dans le seul but de satisfaire l’institution à n’importe quel prix, animé par l’ambition de présenter ses lettres de créance aux organisations internationales et à ceux qui les soutiennent, à des fins politiques et personnelles, la situation devient catastrophique.
Samir Hammoud, officiellement conseiller principal du ministre des Finances, Yassine Jaber, s’est transformé comme par magie en émissaire du FMI au sein de la délégation libanaise chargée des négociations. Il aborde les dossiers selon les normes et conditions du FMI, oubliant qu’il fut jusqu’il y a peu président de la Commission de contrôle des banques — une commission qu’il a indirectement accusée d’avoir échoué à prévenir les risques, de n’avoir pas assuré l’audit de la solidité et de la santé du secteur bancaire, et de n’avoir pas préservé sa réputation et sa crédibilité internationales. C’est lui qui a déclaré, en substance : « S’il existe des irrégularités dans les comptes des déposants, il y en a aussi dans les comptes des banques. »
Posons donc la question : qui négocie réellement avec le FMI ? Y a-t-il véritablement des négociations, ou bien des réunions au cours desquelles la délégation libanaise se contente de recevoir des “documents préétablis” contenant des conditions et des exigences non négociables, la transformant ainsi en simple messagère entre le FMI et le gouvernement ?
L’exemple le plus flagrant est ce qui s’est produit lors de la dernière réunion à Washington, en marge des réunions du Fonds. La délégation libanaise — composée du ministre des Finances Yassine Jaber, du ministre de l’Économie Amer Bsat et de Samir Hammoud — y a reçu de la part du FMI un document répertoriant les amendements exigés au projet de loi sur la restructuration des banques. De retour à Beyrouth, la délégation a déposé ce document sur la table du Conseil des ministres, qui l’a approuvé d’un simple « adopté », conditionné par le FMI, sans débat ni négociation.
Le Parlement avait pourtant adopté la loi sur la restructuration des banques après y avoir apporté de nombreuses modifications, notamment en liant son application à la loi sur la « fuite financière ». Cela a fortement déplu au FMI, qui a immédiatement préparé de nouveaux amendements, avant de les remettre à la délégation libanaise, laquelle les a rapportés à Beyrouth pour qu’ils soient adoptés par le gouvernement. Voilà ce qu’on appelle « souveraineté ».
Est-ce ainsi que se conçoivent les principes fondamentaux de la négociation entre États et institutions internationales ? Est-ce de cette manière que l’on protège les intérêts des déposants, en avalisant des exigences imposées dans des enveloppes scellées, quel qu’en soit le prix — même si ce prix consiste à sacrifier l’argent des déposants ?
Ces développements soulèvent de nombreuses questions quant aux intentions de certains négociateurs représentant le Liban, parmi lesquels Samir Hammoud, dont l’ambition pour le « siège du Sérail » semble désormais guider les choix — même si cela doit se faire au détriment des déposants.
Les positions de Hammoud s’alignent directement sur celles du FMI, qui vise à effacer les capitaux des banques et l’argent des déposants. Sa démarche n’est qu’une transposition des diktats du Fonds, lequel cherche des moyens supplémentaires pour effacer la majeure partie des dépôts sous prétexte de réduire la taille de l’écart financier, entraînant la disparition des capitaux des banques — autrement dit, des banques et de leurs déposants.
D’où les interrogations sur le nouveau rôle que joue Samir Hammoud au ministère des Finances, au sein du comité de négociation avec le FMI, et au sein de la commission chargée d’examiner le sort des 16,5 milliards de dollars inscrits dans les comptes de la Banque du Liban comme dette de l’État.
Pardon M. Hammoud, mais l’agenda est désormais clair. Personne ne vous laissera promouvoir la suppression des dépôts ni la confiscation de l’argent des déposants sous des prétextes fallacieux visant uniquement à satisfaire le FMI. Ceux qui ont participé à l’élaboration de ces politiques monétaires et financières n’ont aujourd’hui aucun droit de parler de l’argent des déposants ni des comptes bancaires, surtout lorsqu’ils ont eux-mêmes présidé la Commission de contrôle des banques, dirigé durant des années la Banque de la Méditerranée, et servi comme conseillers économiques de deux anciens Premiers ministres : le martyr Rafic Hariri et Fouad Siniora.
Reste la question : n’est-il pas nécessaire d’interroger Samir Hammoud ?



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