Pour désarmer le Hezbollah, sauvez les banques! 
©Ici Beyrouth

1 milliard de dollars. C’est l’argent qu’aurait reçu en 2025 le Hezbollah de la part de l’Iran. Un chiffre faramineux, évoqué dans le cadre de la visite, très politique, de la délégation du Trésor américain, menée par Sebastian Gorka, le responsable de la lutte antiterroriste à la Maison-Blanche.

Comment la milice a-t-elle pu recevoir une somme pareille ? Via des bureaux de change, des valises pleines de cash, des passages illégaux aux frontières…
La délégation a également demandé la fermeture pure et simple de la banque illégale du Hezbollah, Al-Qard al-Hassan, qui fonctionne sans licence et sans contrôle et qui est pointée du doigt comme étant l’une des plateformes principales de l’argent du Hezbollah. 

Les demandes, fermes, des Américains ont abouti à une équation simple : pour empêcher la milice pro-iranienne de se réarmer, il faut assécher ses financements et, pour cela, un seul moyen, sauver les banques libanaises. Parce que, sans elles, l’économie du cash prospère et, avec elle, l’opacité des flux d’argent. Sans un système bancaire revigoré et relié au monde, pas de traçabilité, pas de contrôle, et donc pas de désarmement possible.

Et surtout, l’avertissement est tombé : le Liban aurait 60 jours pour montrer qu’il agit concrètement. Le compte à rebours est lancé. Dans la foulée, l’administration américaine veut, que les élections législatives de mai 2026 se tiennent dans un pays où les milices sont désarmées et le système financier assaini.

En clair : plus d’alibi, plus d’excuse. La complaisance financière alimente la complaisance militaire.

Car tant que l’économie du cash domine, le Hezbollah prospère. Chaque dollar liquide qui circule hors du contrôle des banques devient une goutte d’essence dans son moteur. Pendant ce temps, certains « génies » de la finance regardent ailleurs, préférant détruire le système bancaire plutôt que de le réformer. On continue de s’acharner à vouloir couler le fleuron de l’économie du pays et à faire une OPA hostile sur l’argent des déposants. Pas sûr du tout que détruire la confiance dans le système financier aide vraiment à tarir les revenus du Hezbollah. À force de diaboliser les banques, on a ouvert grand la porte à ceux qui rêvaient d’un pays sans banques, donc sans contrôle. Les Américains l’ont parfaitement compris.

Or c’est là le cœur du problème : sans banques, pas d’État ; sans État, le règne du cash et celui des milices. Restaurer un système bancaire digne de ce nom n’est pas un luxe technocratique : c’est une stratégie de sécurité nationale. Remettre l’argent dans les circuits officiels, c’est réduire la part d’ombre où prospèrent les trafics. C’est tarir la source invisible des armes. C’est redonner à l’économie un cadre et à la politique un horizon.

Le Liban doit choisir entre le retour à un système financier propre et certifié ou le maintien dans la zone grise, et bientôt noire, celles où les milices se financent plus facilement que les entreprises.

Au fond, le calcul est simple : désarmer par la finance. Ce n’est pas très poétique, mais c’est peut-être la seule méthode encore réaliste. Et qu’on se le dise : même si la tête du serpent reste à Téhéran, le corps s’alimente à Beyrouth. Coupez-lui ses veines bancaires, et vous commencerez enfin à l’affaiblir.

Pendant ce temps, fidèle à lui-même, le secrétaire général de la milice pro-iranienne est toujours hors sol. Il a répété, pour la énième fois, dans un énième discours ce mardi, que son organisation refusait de désarmer. Dans la réalité, tant que le régime iranien restera en place, rien ne pourra se faire dans ce pauvre pays, entravé par des idéologies totalement absurdes.

Cicéron disait « l’argent est le nerf de la guerre ». 
Voilà, voilà, ça ne date pas d’aujourd’hui.

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