Au Liban, la course contre la montre est lancée. Le temps n’est plus compté pour le Hezbollah mais pour les autorités libanaises, sommées de le contraindre à déposer les armes et de mettre un terme à la militarisation du pays.
Dans ce climat tendu, les États-Unis ont durci le ton, ultime étape avant de lâcher la bride à Israël pour en finir, une bonne fois pour toutes, avec le Hezbollah.
Ce qui devait rester une pression essentiellement économique, notamment après la récente circulaire émise par la Banque du Liban (BDL), qui soit dit en passant a fortement indisposé le Hezbollah, a rapidement pris une tournure politique et militaire. L’annulation des rendez-vous officiels du général Rodolph Haykal, commandant en chef de l’armée libanaise, aux États-Unis en est la preuve éclatante.
Washington est ainsi passé du stade des tergiversations et de délais accordés aux autorités libanaises à une confrontation directe, marquée par un refus de toute forme de temporisation. Le dernier communiqué de l’armée qui tente d’imputer la responsabilité de l’escalade à Israël tout en disculpant le Hezbollah, a été jugé inacceptable par l’administration américaine.
Il est désormais évident que la participation du commandant de l’armée aux réunions du Cabinet n’est que de pure forme. Alors que le chef de la troupe propose des solutions politiques, ce que réclament les partenaires internationaux, ce sont des mesures militaires concrètes pour démilitariser le Hezbollah.
Quant aux déclarations du président de la République, affirmant que le Hezbollah serait militairement neutralisé, elles ont fait long feu. Elles n’ont ni atténué la colère américaine ni permis d’entrevoir une issue politique à la crise.
Par ailleurs, quelques heures auparavant, le secrétaire général du Hezbollah, Naïm Kassem, s’était autoproclamé gouverneur de la BDL, dénonçant les pressions financières exercées sur son groupe comme une soumission aux lois internationales, notamment celles imposant le renseignement des formulaires KYC pour tout transfert dépassant 1.000 dollars.
Kassem est allé encore plus loin en renouvelant ses menaces en cas d’atteinte au Qard el-Hassan, oubliant au passage que l’époque où il faisait la pluie et le beau temps est bel et bien révolue. En rejetant les normes internationales, il accroît les risques de blanchiment et expose le pays à une vulnérabilité financière croissante.
Certes, chaque dollar peut circuler librement entre banques locales ou via des transferts pour les Libanais et la diaspora. Mais à l’échelle mondiale, les règles sont strictes. En mettant en garde le gouverneur de la BDL contre toute atteinte au Qard el-Hassan et contre la poursuite des pressions, Kassem semble reconnaître, à demi-mot, que les activités de son groupe flirtent dangereusement avec les circuits du blanchiment.
Les pressions sont à leur comble. Plus inquiétant encore, les États-Unis auraient levé la couverture face à une éventuelle escalade israélienne, laissant le Liban livré à lui-même.
Partant, Naïm Kassem choisira-t-il le bras de fer jusqu’au bout, au risque de se marginaliser totalement, ou acceptera-t-il enfin de coopérer avec l’État libanais?



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