WASL – La Sagesse s’enlise  à Astana et signe son pire départ
La Sagesse en 0/3 : Astana brise le charme et lance l’alerte verte. ©@fiba.basketball

Habituée à faire la loi face à Astana en Final 8, La Sagesse a cette fois pris la foudre en saison régulière. Battus 71-62 au Saryarka Velodrome pour le tout premier match de la WASL jamais disputé au Kazakhstan, les Verts enchaînent une troisième défaite et signent leur pire départ sur la scène régionale.

La soirée devait être historique, elle l’a été… mais pas dans le sens espéré par La Sagesse. Sous le toit du Saryarka Velodrome, devant plus de 2 400 spectateurs chauffés à blanc, BC Astana a parfaitement réussi sa grande première à domicile en FIBA WASL-West Asia League. En face, le club de Beyrouth, déjà battu par Shahrdari Gorgan puis par Al Riyadi, a encore manqué le coche et se retrouve désormais en 0/3, dos au mur dans une compétition qui ne pardonne rien.

Un format qui change, Astana qui assume

Jusqu’à cette saison, Astana vivait la WASL par la porte VIP, avec un billet automatique pour le Final 8 en tant que représentant de l’Asie centrale. La réforme du système a tout rebattu : le champion du Kazakhstan doit désormais se coltiner la saison régulière aux côtés des cadors libanais, iraniens et syriens.

Pour ce premier rendez-vous à domicile dans la nouvelle configuration, les Kazakhs n’ont pas fait de détails. Déjà giflés à Téhéran par Gorgan, ils avaient besoin d’un match référence pour lancer leur campagne. La Sagesse, qui les avait battus deux fois en phase de groupes du Final 8 (103-89 en 2024, 113-90 en 2025), arrivait avec le statut de bourreau. Astana a transformé ce passif en carburant.

Un vieux client qui se rebiffe

Dès le premier quart, le ton a été donné : 24-16 pour Astana, porté par un Adas Juskevicius incandescent avec 11 points dans les premières minutes. La Sagesse a passé sa soirée à courir derrière. Jamais les Verts n’ont réussi à reprendre la main, malgré quelques séquences de retour, constamment étouffées par une bombe longue distance ou une séquence bien exécutée côté kazakh.

Robert Pan a incarné cette revanche statistique et mentale. L’intérieur shooteur a martyrisé la défense libanaise avec 21 points, 5 rebonds, 4 passes et un diabolique 5 sur 8 derrière l’arc. Son dernier tir primé, à une quarantaine de secondes du buzzer, a fait passer le score à 71-59 et définitivement plié le match. Autour de lui, Alexandr Zhigulin (15 points, 7 rebonds), Juskevicius (13 points) et Askar Maykedin (10 points, 5 rebonds) ont imposé une présence constante, dans un registre discipliné et sans fioritures.

Les chiffres qui font mal

Au-delà du simple score, les chiffres résument la physionomie d’une soirée à bas voltage offensif. La Sagesse termine à 39 % au tir, avec 5 sur 18 à trois points et 19 sur 43 à deux points. En face, Astana tourne à 38 %, mais avec un profil totalement assumé : 38 tirs primés tentés pour seulement 22 tirs à l’intérieur. Onze tirs à trois points convertis, et autant de rafales qui ont régulièrement douché les espoirs de retour libanais.

Dans ce contexte, les performances individuelles n’ont pas suffi à renverser la tendance. Ali Haidar signe 17 points, 3 rebonds, 3 passes et 3 interceptions, Makur Maker boucle un double-double à 12 points et 11 rebonds, Erick Green ajoute 10 points. Mais derrière ce trio, deux autres Libanais se distinguent sans que cela ne change l’issue : Jad Khalil frôle le double-double avec 9 points, 10 passes et 4 rebonds, tandis que Youssef Khayat compile 8 points, 10 rebonds et 4 passes, actif des deux côtés du terrain.

La Sagesse en panne de rythme

Le problème, pour La Sagesse, tient moins aux lignes de stats qu’à la bande-son du match : un tempo subi, un manque de créativité offensive dans les moments clés et une incapacité chronique à enchaîner les stops pour enclencher des runs. L’absence d’un Tony Carr à 100 % pèse lourd. Toujours en délicatesse avec une blessure dont la nature n’a pas été dévoilée, le meneur-scoring américain a bien tenté de tenir sa place, mais sans pouvoir se rapprocher de ses standards : 7 minutes à peine, 2 points, 3 rebonds, une passe, et la sensation d’un joueur encore loin de sa vitesse de croisière.

Pour un club qui s’était réinstallé sur la carte continentale grâce à ses coups d’éclat en Final 8, le contraste est brutal. Après Gorgan, après le derby perdu contre Al Riyadi, ce voyage au bout de l’Asie ressemblait à l’occasion idéale pour lancer une dynamique. Il se transforme en avertissement majeur.

Rappel d’une compétition impitoyable

La FIBA WASL-West Asia League n’est plus un terrain d’expérimentation : c’est un championnat officieux des poids lourds de la région, où chaque déplacement ressemble à un match de play-offs. Entre les géants iraniens, les locomotives libanaises et des outsiders de plus en plus ambitieux comme Astana, tout retard à l’allumage est dangereux. En s’enlisant en 0/3, La Sagesse se complique la vie dans un groupe où les marges de manœuvre sont quasi inexistantes.

Trêve internationale, questions locales

La saison WASL marque maintenant une pause pour laisser place à la première fenêtre des qualifications asiatiques pour la Coupe du monde FIBA 2027, programmée du 27 novembre au 1er décembre. Pour La Sagesse, cette coupure fera office de double tranchant : pas de match tout de suite pour rectifier le tir, mais un temps précieux pour faire l’autopsie de ce début de campagne.

Entre l’attaque à réorganiser, l’intensité défensive à retrouver et le rôle de Tony Carr à redéfinir en attendant un retour complet, Joe Ghattas et son staff ont de quoi remplir les tableaux blancs. Il faudra aussi réactiver ce ressort qui faisait la force de la “forteresse verte” en Final 8 : la capacité à hausser le ton dans les grands soirs, à imposer sa griffe dans les moments de bascule.

À Astana, La Sagesse n’a pas seulement perdu un match, ni même lâché une partie de son ascendant psychologique sur un adversaire qu’elle dominait jusque-là : elle a signé le pire départ de son histoire en WASL et lancé un signal d’alarme à toute la maison verte. À elle maintenant de décider ce que racontera la suite : l’histoire d’un 0/3 qui aura plombé une saison, ou celle d’un trou d’air transformé en point de départ d’une réaction à la libanaise. Dans cette ligue, la mémoire des beaux Final 8 ne compte plus. Les seuls souvenirs qui restent sont ceux qu’on écrit en remontant la pente.

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