On ne pourra pas dire que le contexte n’était pas favorable. À Doha, sur la pelouse du stade Thani bin Jassim, devant 20 816 spectateurs et sous les yeux de Gianni Infantino et du président de la Fédération libanaise Hachem Haidar, le Liban a joué plus d’une heure à onze contre dix… avant de s’incliner 2–1 face au Soudan et de sortir des qualifications de la Coupe arabe 2025. Une énorme occasion gâchée, et une prestation qui laisse un goût amer.
Un scénario rêvé, un billet gâché
Tout avait pourtant commencé dans le bon sens pour les hommes du Cèdre. Le Soudanais John Mano voyait rouge dès la 23e minute après deux avertissements, alors que le Liban perdait dans le même temps Hussein Sharafeddine, touché musculairement et remplacé par Kassem El Zein. Malgré ce coup dur défensif, le Liban prenait logiquement l’avantage : sur un centre millimétré de Mohamad Safwan, Khalil Khamis profitait de la mauvaise sortie du gardien Monjed Al Nil pour pousser le ballon au fond (30e, 1–0).
En supériorité numérique et devant au score, Mostafa Matar et ses coéquipiers semblaient tenir le match. Mais, comme souvent, un détail a tout fait basculer. Juste avant la pause, sur un corner soudanais, le ballon mal renvoyé par la défense retombait dans les pieds de Mostafa Khorshom, dont la frappe, déviée par Mohamad Haidar, terminait au fond des filets (42e, 1–1). Un but contre son camp cruel qui a totalement relancé des Soudanais rincés physiquement mais portés par l’euphorie.
Idées en panne
Au retour des vestiaires, on attendait une réaction nette des Libanais, en mode rouleau compresseur, pour faire parler la supériorité numérique et le talent de leurs offensifs – Samy Merhej, Malek Fakhro, Khoder Kaddour puis Gabriel Bitar et Ali Kassas entrés en jeu. On a surtout vu une équipe libanaise stérile, incapable de changer de rythme, de fixer dans l’axe pour écarter ensuite, ou de prendre à défaut un bloc soudanais regroupé, malin dans la gestion des temps faibles et expert dans l’art de casser le jeu.
Yasser Goubak, le coup de poignard soudanais
Pire encore, ce sont les « Faucons du Djédaïn » qui ont planté le coup de poignard. Sur un contre plein axe, Yasser Goubak se présentait seul face à Mostafa Matar : la première parade du gardien libanais sur sa droite ne suffisait pas, le ballon revenant dans le but (73e, 2–1). Derrière, le Liban a poussé plus avec le cœur qu’avec les idées. Les centres se sont enchaînés, les frappes lointaines aussi, mais Al Nil s’est montré impérial, notamment sur une tête de Khalil Khamis dans les dernières secondes.
Au coup de sifflet final, le tableau d’affichage ne bougeait plus : 2–1 pour le Soudan, qualifié pour rejoindre un groupe relevé avec l’Algérie, l’Irak et le Bahreïn. Le Liban, lui, reste à quai avec une élimination qui fait mal, d’autant plus qu’elle intervient dans un scénario idéal sur le papier : un but d’avance, un joueur en plus, un stade acquis à sa cause.
Les noms sont là – Mostafa Matar, Hussein Zein, Walid Shour, Mohamad Haidar, Ahmad Kheireddine, Samy Merhej, Malek Fakhro, Khoder Kaddour, sans oublier les entrants Ali Kassas, Gabriel Bitar, Hussein Ezzeddine ou Omar Chaaban – mais l’impression laissée est celle d’une sélection qui peine encore à assumer son statut, à « tuer » les matches et à gérer les temps forts. Une piqûre de rappel brutale avant les prochaines échéances : en football international, le talent ne suffit pas, surtout quand on ne sait pas profiter d’une supériorité numérique aussi flagrante.




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