Lorsque j’ai fait sa connaissance lors du festival littéraire de Perpignan, j’ignorais d’abord que l’écrivain Loris Chavanette avait un passé qu’il chérissait avec notre région arabe, notre langue et notre contexte socioculturel. Spécialiste de la Révolution française et de l’Empire, le jeune historien et homme de lettres possède une œuvre monumentale à son actif: Quatre-vingt-quinze. La Terreur en procès ; Napoléon, entre l’éternité, l’océan et la nuit ; La Fantasia ; Le Directoire ; Danton et Robespierre , le choc de la révolution … Difficile d’occulter l’envergure de ces ouvrages dont la thématique interpelle fortement les Libanais.es, a fortiori durant cette période de malheurs qu’il.elle.s subissent et leurs efforts titanesques pour réécrire leur histoire. Le prix Méditerranée 2020 s’est dévoilé dans cet entretien.
Le nom du média Ici Beyrouth a été choisi en fonction du parallélisme avec ci Londres ou l’appel du 18 juin lancé par le général De Gaulle pour le ralliement à la France libre. Vous devinez qu'Ici Beyrouth est contre les voix pétainistes libanaises mais aussi contre le défaitisme. En tant qu’historien et homme de lettres, vous avez voulu dans votre livre Waterloo, acteurs, historiens, écrivains transcender la défaite d’un autre 18 juin, celui de 1815, par le biais d'extraits littéraires choisis, rappelant que «si la France a perdu une bataille, elle n’a pas perdu la guerre». Racontez la genèse de ce livre et les moments forts de cette alchimie verbale.
Waterloo n’est pas un sujet comme les autres, tout comme Napoléon. Il y a dans cet événement et chez l’Empereur un romantisme qui ne dit pas encore son nom. Ça viendra avec les écrivains du XIXe siècle qui ont raconté la bataille et son tout jeune général, avec une vision jusqu’au-boutiste de la vie, comme si la tragédie seule pouvait marquer l’histoire. Pour certains, Waterloo fut une immense défaite et pour d’autres une sublime victoire remportée par l’honneur, celle du dernier bataillon de la Vieille garde, qui refusait de quitter le champ de bataille sans avoir lutté jusqu’au bout. Le livre est sorti au moment du bicentenaire, en 2015, et c’est Gallimard, par l’intermédiaire de son excellent Jean-Yves Tadié, le biographe de Proust, le fin connaisseur des lettres françaises et le directeur de la collection «Folio», qui m’a sollicité pour mener cette aventure éditoriale jusqu’à son terme. Ce fut si passionnant de réunir en un volume les plus belles plumes du siècle, de Chateaubriand et Stendhal, de Byron et de Walter Scott, pour offrir au lecteur le meilleur de la littérature française et aussi étrangère (anglaise et allemande notamment) sur la bataille ayant acté la fin de l’Empire. J’étais jeune historien et je me souviens avoir écrit une partie de mes notices sur les écrivains en écoutant la symphonie héroïque que Beethoven avait d’abord dédiée à Napoléon, avant de se raviser. L’histoire, qu’est-ce sinon la musique du passé?
En tant qu’historien et homme de lettres, comment voyez-vous le rôle de la littérature face à l’Histoire? Quand celle-ci raconte dans les faits la défaite et la détresse d’un peuple, la littérature peut-elle prendre le relais et enclencher la résistance?
En fait, l’histoire ressemble beaucoup à la littérature: il y a de l’émotion et des hommes qui la font, la plume ou l’épée à la main. Mais la vraie question est de savoir si l’écrivain doit s’effacer devant les faits. Je ne le crois pas. À l’époque, il était impensable de concevoir un écrivain qui ne fut pas en même temps un homme de lettres capable d’avoir une opinion politique, tant que ça ne jaillissait pas dans le livre. Il faut laisser au lecteur sa part d’interprétation et de mystère. Lire un livre d’histoire, c’est un peu comme faire confiance à quelqu’un: il vous dit ce que vous pouvez croire, et ne pas croire, mais sans le cœur, cette valeur ajoutée, il n’y a aucune imagination possible. C’est pour cette raison que rien n’est plus nécessaire que les polémiques, parce que chacun s’y retrouve au final, qu’on soit d’accord ou pas avec les idées avancées, suggérées par l’auteur. Rien de pire que l’histoire comme un monstre froid qui est là pour conforter vos convictions. Il faut de la liberté dans tout cela. Pour le pire, et aussi pour le meilleur. Vous ne trouvez pas?
Vous avez présenté Bonaparte l’homme de lettres, «littérairement et littéralement» dans Napoléon, entre l'éternité, l'océan et la nuit, titre inspiré de l'une des phrases écrites à Joséphine par Napoléon lui-même, dans l'une de ces lettres. Sur quels critères vous vous êtes fondé pour choisir 857 lettres parmi les 40 000 lettres connues à ce jour du grand héros français?
Napoléon revient toujours. Il reviendra encore. Pour le plus grand bonheur des conteurs d’histoire. J’avoue avoir au début tremblé devant la masse de lettres, mais après avoir dit oui à mon éditeur Jean-Luc Barré (coauteur des Mémoires de Jacques Chirac et fin lettré), je me suis jeté dedans à corps perdu. Il m’a fallu quatre années pour mener ce projet à son terme et donner l’occasion à Napoléon de se raconter. Choisir entre ces lettres privées autant que publiques, personnelles et politiques, n’a pas été facile. J’ai cherché à scruter à la loupe cette aventure à nulle autre pareille, pour en retranscrire toute l’essence et le fabuleux dont sont imprégnées ces quelques dizaines d’années, de sa naissance à sa mort à Sainte-Hélène, pendant lesquelles un nom a incarné une certaine idée de la France et de la Révolution. Il a fallu se mettre dans l’uniforme grisâtre et pourtant lumineux de l’Empereur, et aussi se glisser sous sa tante quand il dictait sa correspondance à ses secrétaires, ne manquant jamais d’écrire lui-même, de son écriture illisible et bourrée de fautes, ses lettres à ses épouses et maîtresses. En un mot, j’ai accepté cette aventure éditoriale non pas parce que c’était facile, mais parce qu’il n’y avait rien de plus difficile. Napoléon m’a provoqué en duel. Je ne pouvais pas refuser cet honneur.
Vous avez reçu le prix Méditerranée 2020 du premier roman pour La Fantasia . Dans ce livre passionnant, plein de rebondissements, il est question d'Algérie, des Français appelés pieds-noirs, éloignés de leur patrie, de l’Algérie française, réceptacle de leur passé, de leurs souvenirs, de leurs vies et des corps chéris enterrés dans une terre-nourricière. Il est surtout question d’une passion sublime dans un récit enchâssé. Vous-êtes-vous inspiré d’une histoire vraie? Y aurait-il une dimension d’autofiction?
Tout premier roman a la saveur d’une autofiction, je pense. Pour moi, ce fut une autre aventure, sans doute la plus belle, car démesurément littéraire celle-là. Un récit aux confins du monde, alors que l’Algérie c’est juste en face… C’est vrai qu’il y a plus d’émotions dans ce livre, plutôt qu’en aucun autre, car le roman offre des possibilités infinies. Alors, oui, ma famille est née là-bas, a connu l’arrachement de sa terre et a connu l’exil, sans doute la pire des souffrances. Mon héroïne Marianne est inspirée très clairement de ma grand-mère pour laquelle j’avais une adoration démesurée. Ses mots, sa pudeur, son espèce de grandeur toute féminine m’ont inspiré, et j’ai sans doute du mal à accueillir cette transmission que j’assume comme un devoir. La Fantasia n’est pas son histoire, mais c’est maintenant la mienne, et peut-être, je me plais à le croire, un peu la sienne et la nôtre, les Français d’Algérie, parce que sans mémoire, il n’y a rien qui vaille la peine de se donner à corps perdu. Les romans, c’est la vie. Mais en mieux. Ma grand-mère est un peu mon Napoléon à moi: je la sublime. Vive le romanesque! Merci à lui.
Vous êtes retourné à l’essai avec Danton et Robespierre, Le choc de la Révolution, qui a été salué par la presse française. Quel était le désir primordial qui sous-tendait les différents thèmes du livre: l’amour et la haine, les deux grandes figures de la révolution ou la nostalgie d’une grande nation la France?
Je suis quelqu’un de nostalgique et même de mélancolique pour tout dire. Cette biographie croisée m’a ramené à mon sujet d’étude, quand je faisais une thèse d’histoire (tout ce qu’il y a de plus sérieux). L’histoire de ces deux hommes ayant décidé que la Liberté s’achetait sans doute au prix du sang, et surtout du leur, m’a littéralement transporté. Il y a peu de sujets aussi tragiques, aussi complets que celui-là. Et j’aime à penser qu’ils ont construit, l’un comme l’autre, la France moderne, même si ça passait par des fleuves de sang. On parlait si bien à l’époque, on enchantait les foules par des discours bien ficelés, souvent improvisés, et ça m’a donné l’intuition qu’il fallait raconter cette histoire. D’autres s’y sont bien sûr essayé avant moi, mais je crois que l’histoire n’est jamais aboutie tant qu’il y a une énergie pour la narrer. Cette énergie, je l’ai. Pour combien de temps? Le temps, c’est long et puis c’est court.
En spécialiste de la Révolution française, quel est le message que vous adressez au peuple libanais qui se bat depuis cinquante ans pour la souveraineté, qui a perdu des centaines de milliers de victimes durant les différentes guerres et qui est aujourd'hui après la révolution du 17 octobre et l’explosion du 4 août, pillé, martyrisé, mutilé et acculé à l’exode?
Je répondrai à cette question par une anecdote. Depuis ma plus tendre enfance, mon père m’enseigne que la dignité est la seule chose qui fait vraiment l’alpha et l’oméga de la vie. D’une vie, faudrait-il dire pour être exact. Chacun est maître de son destin et comme individu et comme peuple. Et c’est pourquoi les libertés sont des résistances. Faiblir, c’est trahir. Mais se tenir droit devant sa glace au moment de sa mort, c’est peut-être le signe d’une vie réussie. Le Liban a droit au bonheur, «au bien-être», comme dit La Fayette, mais, j’ajouterais, que s’il fallait acheter sa liberté au prix d’une révérence, cela perdrait en noblesse. Il n’existe d’autre noblesse que celle du cœur. Et les Libanais en ont! Je n’en doute pas une seule seconde, pour bien les connaître.
Le nom du média Ici Beyrouth a été choisi en fonction du parallélisme avec ci Londres ou l’appel du 18 juin lancé par le général De Gaulle pour le ralliement à la France libre. Vous devinez qu'Ici Beyrouth est contre les voix pétainistes libanaises mais aussi contre le défaitisme. En tant qu’historien et homme de lettres, vous avez voulu dans votre livre Waterloo, acteurs, historiens, écrivains transcender la défaite d’un autre 18 juin, celui de 1815, par le biais d'extraits littéraires choisis, rappelant que «si la France a perdu une bataille, elle n’a pas perdu la guerre». Racontez la genèse de ce livre et les moments forts de cette alchimie verbale.
Waterloo n’est pas un sujet comme les autres, tout comme Napoléon. Il y a dans cet événement et chez l’Empereur un romantisme qui ne dit pas encore son nom. Ça viendra avec les écrivains du XIXe siècle qui ont raconté la bataille et son tout jeune général, avec une vision jusqu’au-boutiste de la vie, comme si la tragédie seule pouvait marquer l’histoire. Pour certains, Waterloo fut une immense défaite et pour d’autres une sublime victoire remportée par l’honneur, celle du dernier bataillon de la Vieille garde, qui refusait de quitter le champ de bataille sans avoir lutté jusqu’au bout. Le livre est sorti au moment du bicentenaire, en 2015, et c’est Gallimard, par l’intermédiaire de son excellent Jean-Yves Tadié, le biographe de Proust, le fin connaisseur des lettres françaises et le directeur de la collection «Folio», qui m’a sollicité pour mener cette aventure éditoriale jusqu’à son terme. Ce fut si passionnant de réunir en un volume les plus belles plumes du siècle, de Chateaubriand et Stendhal, de Byron et de Walter Scott, pour offrir au lecteur le meilleur de la littérature française et aussi étrangère (anglaise et allemande notamment) sur la bataille ayant acté la fin de l’Empire. J’étais jeune historien et je me souviens avoir écrit une partie de mes notices sur les écrivains en écoutant la symphonie héroïque que Beethoven avait d’abord dédiée à Napoléon, avant de se raviser. L’histoire, qu’est-ce sinon la musique du passé?
En tant qu’historien et homme de lettres, comment voyez-vous le rôle de la littérature face à l’Histoire? Quand celle-ci raconte dans les faits la défaite et la détresse d’un peuple, la littérature peut-elle prendre le relais et enclencher la résistance?
En fait, l’histoire ressemble beaucoup à la littérature: il y a de l’émotion et des hommes qui la font, la plume ou l’épée à la main. Mais la vraie question est de savoir si l’écrivain doit s’effacer devant les faits. Je ne le crois pas. À l’époque, il était impensable de concevoir un écrivain qui ne fut pas en même temps un homme de lettres capable d’avoir une opinion politique, tant que ça ne jaillissait pas dans le livre. Il faut laisser au lecteur sa part d’interprétation et de mystère. Lire un livre d’histoire, c’est un peu comme faire confiance à quelqu’un: il vous dit ce que vous pouvez croire, et ne pas croire, mais sans le cœur, cette valeur ajoutée, il n’y a aucune imagination possible. C’est pour cette raison que rien n’est plus nécessaire que les polémiques, parce que chacun s’y retrouve au final, qu’on soit d’accord ou pas avec les idées avancées, suggérées par l’auteur. Rien de pire que l’histoire comme un monstre froid qui est là pour conforter vos convictions. Il faut de la liberté dans tout cela. Pour le pire, et aussi pour le meilleur. Vous ne trouvez pas?
Vous avez présenté Bonaparte l’homme de lettres, «littérairement et littéralement» dans Napoléon, entre l'éternité, l'océan et la nuit, titre inspiré de l'une des phrases écrites à Joséphine par Napoléon lui-même, dans l'une de ces lettres. Sur quels critères vous vous êtes fondé pour choisir 857 lettres parmi les 40 000 lettres connues à ce jour du grand héros français?
Napoléon revient toujours. Il reviendra encore. Pour le plus grand bonheur des conteurs d’histoire. J’avoue avoir au début tremblé devant la masse de lettres, mais après avoir dit oui à mon éditeur Jean-Luc Barré (coauteur des Mémoires de Jacques Chirac et fin lettré), je me suis jeté dedans à corps perdu. Il m’a fallu quatre années pour mener ce projet à son terme et donner l’occasion à Napoléon de se raconter. Choisir entre ces lettres privées autant que publiques, personnelles et politiques, n’a pas été facile. J’ai cherché à scruter à la loupe cette aventure à nulle autre pareille, pour en retranscrire toute l’essence et le fabuleux dont sont imprégnées ces quelques dizaines d’années, de sa naissance à sa mort à Sainte-Hélène, pendant lesquelles un nom a incarné une certaine idée de la France et de la Révolution. Il a fallu se mettre dans l’uniforme grisâtre et pourtant lumineux de l’Empereur, et aussi se glisser sous sa tante quand il dictait sa correspondance à ses secrétaires, ne manquant jamais d’écrire lui-même, de son écriture illisible et bourrée de fautes, ses lettres à ses épouses et maîtresses. En un mot, j’ai accepté cette aventure éditoriale non pas parce que c’était facile, mais parce qu’il n’y avait rien de plus difficile. Napoléon m’a provoqué en duel. Je ne pouvais pas refuser cet honneur.
Vous avez reçu le prix Méditerranée 2020 du premier roman pour La Fantasia . Dans ce livre passionnant, plein de rebondissements, il est question d'Algérie, des Français appelés pieds-noirs, éloignés de leur patrie, de l’Algérie française, réceptacle de leur passé, de leurs souvenirs, de leurs vies et des corps chéris enterrés dans une terre-nourricière. Il est surtout question d’une passion sublime dans un récit enchâssé. Vous-êtes-vous inspiré d’une histoire vraie? Y aurait-il une dimension d’autofiction?
Tout premier roman a la saveur d’une autofiction, je pense. Pour moi, ce fut une autre aventure, sans doute la plus belle, car démesurément littéraire celle-là. Un récit aux confins du monde, alors que l’Algérie c’est juste en face… C’est vrai qu’il y a plus d’émotions dans ce livre, plutôt qu’en aucun autre, car le roman offre des possibilités infinies. Alors, oui, ma famille est née là-bas, a connu l’arrachement de sa terre et a connu l’exil, sans doute la pire des souffrances. Mon héroïne Marianne est inspirée très clairement de ma grand-mère pour laquelle j’avais une adoration démesurée. Ses mots, sa pudeur, son espèce de grandeur toute féminine m’ont inspiré, et j’ai sans doute du mal à accueillir cette transmission que j’assume comme un devoir. La Fantasia n’est pas son histoire, mais c’est maintenant la mienne, et peut-être, je me plais à le croire, un peu la sienne et la nôtre, les Français d’Algérie, parce que sans mémoire, il n’y a rien qui vaille la peine de se donner à corps perdu. Les romans, c’est la vie. Mais en mieux. Ma grand-mère est un peu mon Napoléon à moi: je la sublime. Vive le romanesque! Merci à lui.
Vous êtes retourné à l’essai avec Danton et Robespierre, Le choc de la Révolution, qui a été salué par la presse française. Quel était le désir primordial qui sous-tendait les différents thèmes du livre: l’amour et la haine, les deux grandes figures de la révolution ou la nostalgie d’une grande nation la France?
Je suis quelqu’un de nostalgique et même de mélancolique pour tout dire. Cette biographie croisée m’a ramené à mon sujet d’étude, quand je faisais une thèse d’histoire (tout ce qu’il y a de plus sérieux). L’histoire de ces deux hommes ayant décidé que la Liberté s’achetait sans doute au prix du sang, et surtout du leur, m’a littéralement transporté. Il y a peu de sujets aussi tragiques, aussi complets que celui-là. Et j’aime à penser qu’ils ont construit, l’un comme l’autre, la France moderne, même si ça passait par des fleuves de sang. On parlait si bien à l’époque, on enchantait les foules par des discours bien ficelés, souvent improvisés, et ça m’a donné l’intuition qu’il fallait raconter cette histoire. D’autres s’y sont bien sûr essayé avant moi, mais je crois que l’histoire n’est jamais aboutie tant qu’il y a une énergie pour la narrer. Cette énergie, je l’ai. Pour combien de temps? Le temps, c’est long et puis c’est court.
En spécialiste de la Révolution française, quel est le message que vous adressez au peuple libanais qui se bat depuis cinquante ans pour la souveraineté, qui a perdu des centaines de milliers de victimes durant les différentes guerres et qui est aujourd'hui après la révolution du 17 octobre et l’explosion du 4 août, pillé, martyrisé, mutilé et acculé à l’exode?
Je répondrai à cette question par une anecdote. Depuis ma plus tendre enfance, mon père m’enseigne que la dignité est la seule chose qui fait vraiment l’alpha et l’oméga de la vie. D’une vie, faudrait-il dire pour être exact. Chacun est maître de son destin et comme individu et comme peuple. Et c’est pourquoi les libertés sont des résistances. Faiblir, c’est trahir. Mais se tenir droit devant sa glace au moment de sa mort, c’est peut-être le signe d’une vie réussie. Le Liban a droit au bonheur, «au bien-être», comme dit La Fayette, mais, j’ajouterais, que s’il fallait acheter sa liberté au prix d’une révérence, cela perdrait en noblesse. Il n’existe d’autre noblesse que celle du cœur. Et les Libanais en ont! Je n’en doute pas une seule seconde, pour bien les connaître.
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