Elle a appris qu’elle était Nobel dans sa cuisine, à la radio, et promet de « continuer le combat contre les injustices ». Annie Ernaux reste fidèle à elle-même après avoir été sacrée par le plus prestigieux des prix littéraires.
L’annonce du prestigieux prix l’a tout de même convaincue de quitter son domicile de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise), banlieue populaire dont elle s’est inspirée dans ses œuvres, pour les salons de Gallimard, son éditeur, au cœur de Saint-Germain-des-Prés. Devant une forêt de caméras, l’autrice de 82 ans a reconnu la « responsabilité » qui pesait désormais sur ses épaules. Le Nobel oblige à lutter encore contre les injustices, « par rapport aux femmes et par rapport aux dominés », a-t-elle déclaré.
Et cela même si l’écrivaine marquée à gauche reconnaît que la littérature n’a pas forcément « une action immédiate » pour changer les choses. Revenant sur ses débuts, l’autrice qui a toujours défendu et écrit sur ses origines modestes a expliqué qu’il lui était « arrivé de dire que je voulais « venger ma race ». À l’époque, c’était un vœu un peu en l’air (...) C’est venu avec les mots, les livres ».
Aujourd’hui, elle qui a été redécouverte ces dernières années par une génération d’artistes féministes ou se réclamant « transfuges de classe », a confié son bonheur d’être lue toujours par les jeunes générations.
Cela montre « que ce que j’écris est toujours vivant, qu’ils y trouvent un écho, c’est certainement de toutes les gratifications que je peux avoir en tant qu’écrivaine une des plus importantes », a-t-elle ajouté.
Elle a souligné l’importance renouvelée du combat féministe, dont le droit à l’avortement pour lequel elle se battra « jusqu’au dernier souffle ».
« Il ne me semble pas que nous serions, femmes, devenues l’égal en liberté et en pouvoir » des hommes, « il y a toujours cette domination » masculine, a poursuivi l’autrice de « L’événement », récit d’un avortement adapté sur grand écran en 2021.
« Fille de la guerre », née en 1940, elle a redit son « désir de paix qui (l’a) toujours animé », en Europe mais aussi « dans bien d’autres endroits ».
Interrogée sur la situation en Iran, elle a dit être « tout à fait pour que les femmes se révoltent contre cette contrainte absolue » qu’est le port obligatoire du voile, tout en précisant qu’elle « prône la liberté de porter le voile en France », où le « contexte » est différent. En France, « ce n’est pas le même contexte, personne ne contraint (les femmes qui portent un voile), c’est un choix. Ne pas vouloir reconnaître ce choix est une erreur en France ».
L’autrice d’une vingtaine d’ouvrages, avec un nouveau livre « en chantier », a été récompensée pour « le courage et l’acuité clinique avec lesquels elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle », a expliqué le jury Nobel. « Je n’ai pas vraiment l’impression d’être courageuse, ce n’est pas du courage, c’est de la nécessité », a commenté Annie Ernaux, saluant le courage de personnalités politiques comme Simone Veil, ou des soignants anonymes. Et remerciant Pierre « Bourdieu », le sociologue dont les écrits lui ont donné « le courage, l’autorisation d’écrire ».
Elle est devenue la 17e femme à décrocher le Nobel de littérature, la 16e des lauréats français et dans ce club, la toute première femme. Une consécration qui « représente quelque chose d’immense pour ce dont je suis issue », a-t-elle salué, confiant ne pas savoir ce qu’elle ferait de la somme allouée avec le prix, elle pour qui « l’argent n’a jamais été un but ».
Mais pas de quoi la faire changer, insiste-t-elle : « On reste toujours la même (avec) ce sentiment que quand on est né dans un milieu dominé, où l’on était hors de la culture légitime (...) on ne se pensait pas capable de l’écriture ».
« Au fond, je suis associée à cette idée que le peuple peut accéder à quelque chose, qu’il a la force, qu’il peut apporter des choses à beaucoup de gens ».
AFP
L’annonce du prestigieux prix l’a tout de même convaincue de quitter son domicile de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise), banlieue populaire dont elle s’est inspirée dans ses œuvres, pour les salons de Gallimard, son éditeur, au cœur de Saint-Germain-des-Prés. Devant une forêt de caméras, l’autrice de 82 ans a reconnu la « responsabilité » qui pesait désormais sur ses épaules. Le Nobel oblige à lutter encore contre les injustices, « par rapport aux femmes et par rapport aux dominés », a-t-elle déclaré.
Et cela même si l’écrivaine marquée à gauche reconnaît que la littérature n’a pas forcément « une action immédiate » pour changer les choses. Revenant sur ses débuts, l’autrice qui a toujours défendu et écrit sur ses origines modestes a expliqué qu’il lui était « arrivé de dire que je voulais « venger ma race ». À l’époque, c’était un vœu un peu en l’air (...) C’est venu avec les mots, les livres ».
Aujourd’hui, elle qui a été redécouverte ces dernières années par une génération d’artistes féministes ou se réclamant « transfuges de classe », a confié son bonheur d’être lue toujours par les jeunes générations.
Cela montre « que ce que j’écris est toujours vivant, qu’ils y trouvent un écho, c’est certainement de toutes les gratifications que je peux avoir en tant qu’écrivaine une des plus importantes », a-t-elle ajouté.
Elle a souligné l’importance renouvelée du combat féministe, dont le droit à l’avortement pour lequel elle se battra « jusqu’au dernier souffle ».
« Il ne me semble pas que nous serions, femmes, devenues l’égal en liberté et en pouvoir » des hommes, « il y a toujours cette domination » masculine, a poursuivi l’autrice de « L’événement », récit d’un avortement adapté sur grand écran en 2021.
« Fille de la guerre », née en 1940, elle a redit son « désir de paix qui (l’a) toujours animé », en Europe mais aussi « dans bien d’autres endroits ».
Interrogée sur la situation en Iran, elle a dit être « tout à fait pour que les femmes se révoltent contre cette contrainte absolue » qu’est le port obligatoire du voile, tout en précisant qu’elle « prône la liberté de porter le voile en France », où le « contexte » est différent. En France, « ce n’est pas le même contexte, personne ne contraint (les femmes qui portent un voile), c’est un choix. Ne pas vouloir reconnaître ce choix est une erreur en France ».
L’autrice d’une vingtaine d’ouvrages, avec un nouveau livre « en chantier », a été récompensée pour « le courage et l’acuité clinique avec lesquels elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle », a expliqué le jury Nobel. « Je n’ai pas vraiment l’impression d’être courageuse, ce n’est pas du courage, c’est de la nécessité », a commenté Annie Ernaux, saluant le courage de personnalités politiques comme Simone Veil, ou des soignants anonymes. Et remerciant Pierre « Bourdieu », le sociologue dont les écrits lui ont donné « le courage, l’autorisation d’écrire ».
Elle est devenue la 17e femme à décrocher le Nobel de littérature, la 16e des lauréats français et dans ce club, la toute première femme. Une consécration qui « représente quelque chose d’immense pour ce dont je suis issue », a-t-elle salué, confiant ne pas savoir ce qu’elle ferait de la somme allouée avec le prix, elle pour qui « l’argent n’a jamais été un but ».
Mais pas de quoi la faire changer, insiste-t-elle : « On reste toujours la même (avec) ce sentiment que quand on est né dans un milieu dominé, où l’on était hors de la culture légitime (...) on ne se pensait pas capable de l’écriture ».
« Au fond, je suis associée à cette idée que le peuple peut accéder à quelque chose, qu’il a la force, qu’il peut apporter des choses à beaucoup de gens ».
AFP
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