La démesure égotique qui régit les réseaux sociaux
Il suffit de décider de faire le ménage au sein de vos contacts pour réaliser que certaines personnes que vous suivez, likez, mettez en valeur ne vous follow pas, et là il s’agit d’Instagram en particulier. Bien sûr, on ne peut pas s’attendre à ce que les acteurs célèbres se fendent d’un follow back. Là où le bât blesse, c’est lorsque vous vous rendez compte que certaines connaissances ou amis dans la vraie vie, que vous avez maintes fois mis en valeur de par votre métier de journaliste, se cantonnent dans leur tour d’ivoire. La règle du jeu de la notoriété est simple: il faut absolument avoir un net déséquilibre entre les followers et les following pour accéder au Graal. Ceci est cependant irrecevable de la part «d’amis» qui s’étaient par exemple engagés à porter le Liban à bout de plume et qui se sont esquivés après avoir écrit deux textes pour Ici Beyrouth. En guise de cadeau de retour, vous aviez rédigé une très belle chronique de leur dernier ouvrage. Le merci très chaleureux et appuyé est arrivé en message privé. Mais l’article n’a pas été relayé ni reposté. Un peu comme lorsqu’une secte nombriliste fonctionne par cordons ombilicaux interposés. Une journaliste franco-libanaise ne vaut sans doute pas grand-chose à leurs yeux, du moment que le Salon du livre francophone de Beyrouth où ils venaient se pavaner dans les dorures de l’hôtel Phoenicia est un temps révolu.
Ce fut jouissif de unfollow même des amis dans la vraie vie, lesquels, par distraction peut-être (accordons-leur le bénéfice du doute), n’ont pas jugé bon de vous rendre la pareille. Quant aux autres, il serait bon de leur rappeler que la plume est l’arme la plus puissante qui soit. Ce sont les journalistes qui font et défont une personne et une personnalité. C’est le bon ou le mauvais accueil de la presse qui dessine l’avenir d’un roman, d’un court ou long métrage, d’un peintre, d’un photographe, d’un événement, et la liste est longue.
Il est également temps de préciser que le journalisme indépendant est un métier libre. Que les journalistes sont tout à fait libres de rédiger des chroniques qui ne plaisent pas. Que faire des courbettes ne relève pas de leur métier, et que le temps des colonies, sous toutes leurs formes, est désormais révolu…
Évaluer le potentiel professionnel d’un journaliste – que les vis-à-vis ne connaissent pas – sur la base de son physique relève du mobbing et ceci est tout simplement inadmissible. À bon entendeur…


Bélinda Ibrahim
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