Marlène Jobert retrouve son public à 81 ans : « incroyable ! »
Salles combles et standing ovation : Marlène Jobert, bientôt 82 ans, connue à la fois pour sa carrière d’actrice et d’écrivaine conteuse, a reçu « à sa grande surprise » un accueil de star cette semaine lors du Festival Lumière, à Lyon.

« C’est incroyable ! Ça m’a bouleversée, je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de monde, qu’on se souvienne de moi », a confié celle qui vit retirée depuis des années en Normandie. Depuis qu’elle a arrêté le cinéma, il y a trente ans, elle « sort très peu », se consacre à l’écriture, profite de son jardin - elle « adore la nature ». Quand elle a été invitée au festival pour présenter le documentaire que lui consacre Dominique Besnehard, un de ses fervents admirateurs et amis, elle « n’en avait pas très envie ».

Ses fans les plus âgés se souviennent de l’actrice : plus de trente films, des séries et des téléfilms tournés entre 1964 et 1989 avec des acteurs et metteurs en scène célèbres - Lino Ventura, Gérard Depardieu, Jean-Paul Belmondo, Charles Bronson, Kirk Douglas, Orson Welles ou derrière à la caméra, Jean-Luc Godard, Michel Audiard, Philippe de Broca, Claude Chabrol, Maurice Pialat.

Le Passager de la Pluie, en 1970, fut son « plus gros succès ». « Je suis passée à côté de cette gloire sans m’en rendre compte, avec toujours ce souci de ne pas être à la hauteur », a-t-elle confié au public pendant une « master class ».
Les plus jeunes ont grandi bercés par sa voix de conteuse et ses livres pour enfants : 27 ouvrages, 180 livres audio et 20 millions d’exemplaires.

Dans le documentaire C’est moi... Marlène Jobert, on ne voit qu’elle mais elle ne se montre pas, entre extraits de ses films, entretiens et images d’archives.
« Elle est très modeste : quand je lui ai parlé de mon projet, elle m’a dit tu crois que ça va intéresser ? » explique le réalisateur.


« Être dans la lumière, cela ne m’intéresse pas trop », dit de sa voix douce celle que les médias présentent désormais comme « la mère d’Eva Green », célèbre pour ses apparitions dans de grandes productions américaines.
Les propres débuts de Marlène Jobert furent fulgurants : elle a 23 ans et n’a pas fini sa première année de conservatoire quand elle monte sur scène avec Yves Montand. Puis elle tourne son premier film avec Jean-Luc Godard.

Elle arrête à 40 ans, pour se consacrer à ses jumelles, mais aussi parce qu’elle ne se sentait « pas taillée pour cette existence-là ». Elle découvre « l’art du conte », écrit pour « garder le souvenir des instants partagés avec ses filles ». Maintenant, elle lit pour ses deux petits-fils, Julio et Vittorio, 9 et 11 ans.

Marlène Jobert a longtemps accompagné sa fille sur ses tournages « parce que les acteurs ont besoin de quelqu’un de proche, quelqu’un qui les seconde », ce qu’elle regrette de n’avoir pas connu. Aujourd’hui « un peu fatiguée », elle ne la suivra pas en Grèce ni au Maroc pour son prochain film. Elle a refusé de tourner pour François Ozon et décliné le rôle d’une « vieille femme un peu folle ». « J’ai envie d’être tranquille, de rester dans mon coin, c’est ça vieillir : ne plus avoir envie de stress », affirme-t-elle, sereine.

« Je supporte mal l’idée du déclin », écrivait-elle aussi dans Les baisers du soleil, un livre de souvenir publié en 2014. Si elle a perdu les taches de rousseur qui lui ont valu quelques rôles de soubrette à ses débuts, elle n’a pas pris une ride. Et reste très attentive à son image, se poudre avant une séance photo, s’inquiète de la lumière, demande à contrôler les images.

Le cinéma d’aujourd’hui ? « Il y des bons films et de bons metteurs en scène, mais j’ai l’impression que dans le temps, comme disent les vieilles dames, les scénarios étaient plus fouillés. Et puis, les gens préfèrent rester chez eux, c’est tristounet ». Elle a vécu #Metoo comme un moment « formidable » : « J’ai eu de la chance, je n’ai pas eu ce problème-là, mais je savais que ça existait et c’était lamentable », dit celle qui a poussé sa fille Éva à dénoncer l’attitude du producteur américain Harvey Weinstein.

Finalement, elle se félicite d’être venue à Lyon : « Je me suis trop enfermée sur moi-même ces dernières années et puis, c’est peut-être ma dernière apparition ».
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