Pontes de la folie ordinaire
Il me semble qu’on n’ait pas encore fini de décortiquer les folies de certains individus du siècle passé tenus responsables de guerres dévastatrices dont se seraient bien passés les humains alors. Mais nous revoilà avec un nouveau lot de « fous » qui ont explosé la palette des pathologies. Je ne les nommerai pas, on n’a qu’à allumer la télé. Notre télé des mêmes têtes qui ricanent depuis 40 ans et aussi la télé du monde. Et voilà, on fait des guerres, on vole, on viole, on tue, on menace, on prive, on s’approprie, on détruit, on envahit… les limites se recroquevillent. Les hommes et les femmes qui habitent cette terre aussi se recroquevillent. On nous a souvent demandé pourquoi au Liban nous ne nous soulevons pas. Pourquoi nous ne chassons pas ces gardiens du temple de la folie, ces bourreaux, ces malades, ces criminels et ces détraqués. Nos réponses sont embarrassées, honteuses, découragées et surtout pas très claires. Mais c’est peut-être tout simplement parce que face à la folie de certains, nous sommes aussi un peu désemparés. Désarmés aussi. Comment affronter en effet ce déluge de non-sens, ces délires verbaux inédits, ces reculades gigantesques des limites de l’acceptable, ces pics faramineux dans l’irresponsabilité ? Au Liban, ceux qui sont censés diriger le pays ne reculent plus devant rien pour asseoir et affirmer leur « vision » malade et même s’en vanter. Dans le reste du monde aussi, des « fous » au pouvoir tuent en direct, emprisonnent, torturent, privent d’eau, d’électricité, de nourriture et de soins des peuples entiers, femmes, hommes et enfants et surtout promettent d’aller encore plus loin, encore plus fort. Et il n’y a pas que ceux qui sont au sommet qui volent au-dessus d’un nid de coucou. Dans la rubrique faits divers, on s’en sort pas mal non plus avec des crimes, des violences, des fusillades, des règlements de comptes qui dépassent de loin le scénario le plus sordide d’un cinéaste de fiction aux idées noires. Alors, face à cette folie universelle, contagieuse et dangereuse, que peut-on faire ?

Brandir notre culture, notre savoir, notre bon sens ne semble pas suffire à exorciser les esprits démoniaques. Se mobiliser, quel que soit le chiffre, et hurler d’une même voix notre colère non plus. Adopter la violence physique, morale ne sera jamais une solution. Alors que peut-on faire ? Je vous écris et je suis femme. Si la folie est du genre féminin, les fous eux sont bien mâles. Et à part quelques exceptions dans l’histoire, la féminité a rarement rimé avec criminalité. Marchons les filles, redressons la tête, nous devons chasser le mal. Femme, vie, liberté et aussi femmes, amour, paix et solidarité. Nous devons diriger le monde de demain. Il n’y a pas d’autres alternatives. Si le monde d’aujourd’hui est bien mâle et au plus mal, la terre elle sera toujours femme, nourricière, généreuse et bienveillante. Elle est en danger là et elle nous appelle. Filles de la terre, nous avons une mission. On va rétablir l’amour en maitre. De victimes souvent muettes, de témoins souvent impuissantes, devenons gardiennes. Gardiennes de la paix. Gardiennes de l’amour. Sentinelles de la vie. Sentin’elles.
Commentaires
  • Aucun commentaire